Inde: Restriction des activités sociales des groupes non hindous

Un coup porté aux minorités religieuses

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ROME, Mercredi 26 septembre 2001 (ZENIT.org) – Les religions minoritaires protestent contre une tentative du gouvernement visant à restreindre les contributions financières reçues de l’étranger , estime Eglises d´Asie (EDA, eglasie.org), qui explique le contexte d´une telle décision.

Le gouvernement fédéral étudie un projet de réforme de la loi réglementant les contributions financières étrangères accordées aux organisations privées du pays. Cette loi, adoptée en 1976, et en vigueur jusqu’à présent, donnait un cadre juridique à l’aide extérieure reçue par les associations engagées dans des activités sociales. Pour recevoir des fonds de l’étranger, chaque association – religieuse ou autre – devait avoir obtenu l’approbation du gouvernement fédéral. A chacun des groupes agréés par lui, le ministère de l’Intérieur accordait un numéro d’enregistrement témoignant de cet agrément officiel et lui permettant de recevoir l’aide étrangère par l’intermédiaire des banques indiennes.

Les nouvelles dispositions envisagées par le gouvernement prévoient que même les associations bénéficiant d’un agrément fédéral devront obtenir une première permission de l’administration du district. Par ailleurs, l’amendement en préparation obligera les associations recevant des fonds étrangers à en publier le montant dans la presse locale.

Les chrétiens et les autres minorités religieuses soupçonnent les groupes hindouistes militants d’avoir eu l’initiative de la réforme gouvernementale. Ces derniers, prétendant que les fonds venant de l’extérieur sont, en réalité, employés par les chrétiens à la conversion des populations déshéritées et, par les musulmans, à mener des activités anti-nationales, chercheraient à les restreindre.

Le nouvel amendement concernera, en effet, principalement les organisations humanitaires et sociales des minorités religieuses. Comme l’a fait remarquer Anil Singh, directeur du Réseau des activités bénévoles, avec le nouvel amendement, le gouvernement sera libre de favoriser l’association qui lui plaira et l’obtention d’une autorisation deviendra « une entreprise titanesque » pour les minorités religieuses, dans un pays comportant 597 districts. Seules les organisations bénéficiant d’un soutien politique seront à même de survivre.

La mesure a soulevé des partout en Inde. L’argument invoqué la plupart du temps est la nécessité de l’aide étrangère pour secourir la pauvreté.

Elle est ressentie comme une discrimination à l’encontre des œuvres sociales des religions minoritaires d’autant plus injuste, explique EDA, que les fonds reçus de l’étranger par les groupes hindous sont tout à fait considérables. Les statistiques gouvernementales montrent que les prêtres hindous, qu’ils soient modérés ou partisans de la ligne dure, ainsi que les organisations culturelles hindoues, viennent largement en tête pour le montant total des contributions financières reçues de l’étranger.

Le P. Francis de Britto, porte-parole du diocèse de Vasai, a précisé pour sa part que le total des sommes reçues par les chrétiens en Inde ne représentait qu’un dixième de ce que recevaient les groupes hindous et les partis politiques. Cette situation a fait dire à Mgr Valerian D’Souza, évêque catholique de Pune : « C’est un éléphant à tel point effrayé par une fourmi qu’il veut l’écraser ».

Le directeur de Caritas India, le P. John Noronha, a déclaré, rapporte EDA, que la mesure affectera, en premier lieu, les pauvres de l’Inde. Pour sa part, le dirigeant sikh, Omkar Singh Thapar, membre du comité de gestion des temples de Delhi, a pressé le gouvernement de ne pas heurter la sensibilité des minorités religieuses en restreignant leurs activités caritatives. Les centres sikhs qui ont en charge des milliers d’orphelins handicapés et de personnes âgées ne pourront continuer leurs activités avec la seule aide du gouvernement. A cet argument, les représentants des minorités religieuses ajoutent des accusations mettant en cause les intentions réelles cachées sous le projet d’amendement.

Du côté chrétien, même si l´on admet, comme le porte-parole de la Conférence épiscopale, que la loi de 1976 avait besoin d’être améliorée pour prévenir les abus, on ne doute pas que la nouvelle mesure cache la volonté de restreindre les activités sociales des groupes non hindous. Un militant laïque de Mumbai (Bombay) n’hésite pas à dire que le gouvernement a proposé cet amendement à cause de l’irritation provoquée chez les groupes hindouistes par les activités chrétiennes au profit des ethnies défavorisées, des basses castes et des couches défavorisées de la population, indique encore EBA.

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ZENIT Staff

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