Hommage aux victimes du "grand désastre"

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« La terrible violence faite au peuple arménien »

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CITE DU VATICAN, Mercredi 26 septembre 2001 (ZENIT.org) – Le pape a rendu hommage aux victimes du « grand désastre » arménien (le « Metz Yeghern »), au mémorial de Tsitsernagaberd, ce mercredi 26 septembre.

Les douze panneaux de béton gris du mémorial se dressent, penchés autour de la flamme du souvenir, à ciel ouvert, comme pour rassembler dans un même recueillement non seulement les provinces de l´Arménie, mais aussi toute la diaspora que la persécution a lancée sur les routes du monde. A quelques pas en effet, le grand obélisque de la mère patrie, et l´obélisque de la diaspora élancent leur supplication vers le ciel.

Et l´ampleur du « désastre » dont on fait ici mémoire – un million et demi de victimes – contraste avec la sérénité du ciel en ce matin ensoleillé, avec la douceur de l´hommage floral – une couronne de fleurs déposées une à une par les participants, autour de la flamme -, et la cordialité grave de la rencontre. Le pape, visiblement fatigué par sa visite au Kazakhstan et les décalages horaires, priait assis aux côtés du catholicos, son habit noir revêtu pour la circonstance liturgique d´une chape dorée doublée de violet. Sur son front voilé de noir, une croix argentée étincelle sous le soleil.

« Seigneur, accueille les âmes de nos défunts…, Seigneur, souviens-toi de ta miséricorde… », chante le chœur nostalgique, tandis que passe le lent parfum des encensoirs. L´alléluia sonore annonce l´Evangile selon saint Jean: « Si le grain tombé en terre ne meurt, il reste seul, mais s´il meurt, il porte beaucoup de fruit… Là où je suis sera aussi mon serviteur ».

Pas de discours, Jean-Paul II prie, évoquant « le cri du sang innocent »: ´´O Seigneur des vivants et des morts… écoute la plainte qui monte de ce lieu, l´appel des morts venu des profondeurs du grand désastre´´.

Le pape a ainsi choisi, en terre arménienne, d´utiliser le terme que les Arméniens ont eux-mêmes forgé pour désigner le génocide. Auparavant, le pape n´avait pas hésité à employer le mot « génocide », comme dans la déclaration commune du Vatican et de l´Eglise apostolique arménienne, lors de la visite de Karékine II à Rome (9-11 novembre 2000).

Jean Paul II a évoqué la « terrible violence » qui a frappé les Arméniens et affirme son espérance. ´´Nous sommes effarés par la terrible violence faite au peuple arménien et consternés que le monde connaisse encore une telle inhumanité´´.

Le pape rappelle aussi les protestations du pape Benoît XV, qui, en 1915, avait défendu « le peuple arménien au bord de l´anéantissement ». Benoît XV avait accueilli des centaines d´orphelins d´Arménie à Castel Gandolfo.

L´union des cours se manifeste par la prière commune du Notre Père. Puis Charles Aznavour chante la Vierge Marie: « Eclaire ceux qui doutent, n´oublie pas le peuple arménien ». Un Ave Maria salué par un silence recueilli. La célébration s´achève sur la bénédiction. « Ici, on prie ensemble, on bénit ensemble », commente la télévision italienne Telepace.

Les autorités civiles présentes saluent le pape: le Ministre des affaires étrangères, le maire d´Erevan, l´ambassadeur près le Saint-Siège, avant que le pape n´accomplisse un dernier geste. Dehors, il bénit encore un jeune arbre qui demeurera dans le jardin du mémorial comme un rappel de sa prière.

Avant la visite au monument de Tsitsernagaberd, Jean Paul II a rencontré en privé le président Robert Kotcharian et sa famille. Karékine II a ensuite reçu le pape et sa suite à déjeuner, les représentants des deux hiérarchies, ensemble. L´après-midi, Jean-Paul II s´est rendu à la nouvelle cathédrale de Saint-Grégoire l´Illuminateur pour une célébration œcuménique.

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ZENIT Staff

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