Sainte-Marthe : L’Église, « tous dedans », chacun avec sa particularité

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Être constructif dans la recherche de l’unité (Traduction intégrale)

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Contre les reproches qui « créent la division » au sein de l’Église, le pape François a affirmé, dans son homélie à la messe de ce 4 mai 2020 à la Maison Sainte-Marthe, que « l’unité de l’Église », c’est « personne au-dehors, tout le monde dedans ». Avec, a-t-il ajouté, « les particularités » qui sont permises si elles ne sont pas une « idéologie ».

Commentant le passage des Actes des apôtres dans lequel les fidèles reprochent à Pierre d’avoir « mangé avec des païens », le pape a déploré une « maladie de l’Église » : les « divisions ». « Ce “nous et les autres“ », a-t-il dit, est « une maladie qui vient des idéologies ou des partis religieux », une « façon mondaine de penser, de sentir, qui se fait l’interprète de la loi ».

En revanche, dans l’Évangile du jour, Jésus se présente comme « le seul pasteur » de l’unique troupeau. Le pape François a fait observer que le Seigneur avait une autre « vision » de l’Église : il « est venu pour tous » et il « est mort pour tous », « grands et petits, riches et pauvres, bons et mauvais ». Et il a souligné l’importance de travailler pour l’unité de l’Église avec une « capacité constructive ».

Voici notre traduction de l’homélie du pape François.

HG

Homélie du pape François

Lorsque Pierre monta à Jérusalem, les fidèles lui firent des reproches (cf. Ac 11, 1-8). Ils lui firent des reproches parce qu’il était entré chez des hommes non circoncis et qu’il avait mangé avec eux, avec les païens : cela n’était pas permis, c’était un péché. La pureté de la loi ne le permettait pas. Mais Pierre l’avait fait parce que c’était l’Esprit qui l’avait emmené là-bas. Il y a toujours dans l’Église – et beaucoup dans l’Église primitive, parce que cela n’était pas clair – cet esprit de « nous sommes les justes, les autres les pécheurs ». Ce « nous et les autres », « nous et les autres », les divisions : « Nous, nous avons la juste position devant Dieu ». En revanche, il y a « les autres », on dit aussi : « Ce sont les ‘condamnés’, déjà. Et c’est une maladie de l’Église, une maladie qui vient des idéologies ou des partis religieux… Imaginez qu’à l’époque de Jésus, il y avait au moins quatre partis religieux : le parti des pharisiens, le parti des sadducéens, le parti des zélotes et le parti des esséniens, et chacun interprétait la loi selon « l’idée » qu’il en avait. Et cette idée est une école « hors la loi » quand c’est une façon mondaine de penser, de sentir, qui se fait l’interprète de la loi.

On reprochait même à Jésus d’entrer chez des publicains – qui étaient des pécheurs, selon eux – et de manger avec eux, avec les pécheurs, parce que la pureté de la loi ne le permettait pas ; et il ne se lavait pas les mains avant le repas… toujours ce reproche qui crée la division : c’est cela l’important que je voudrais souligner.

Il y a des idées, des positions qui créent la division, à tel point que la division est plus importante que l’unité. Mon idée est plus importante que l’Esprit Saint qui nous guide. Il y a un cardinal « émérite » qui habite ici au Vatican, un bon pasteur, qui disait à ses fidèles : « Mais tu sais, l’Église est comme un fleuve. Certains sont davantage de ce côté, d’autres de l’autre côté, mais l’important, c’est que tous soient dans le fleuve ». C’est cela, l’unité de l’Église. Personne au-dehors, tout le monde dedans. Et puis, avec les particularités : cela ne divise pas, ce n’est pas une idéologie, c’est permis. Mais pourquoi l’Église a-t-elle la largeur d’un fleuve ? C’est parce que le Seigneur le veut ainsi.

Dans l’Évangile, le Seigneur nous dit : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16). Le Seigneur dit : « J’ai des brebis partout et je suis le berger de tous ». Ce « tous » en Jésus, est très important. Pensons à la parabole de la fête des noces (cf. Mt 22, 1-10), quand les invités ne voulaient pas y aller : l’un parce qu’il avait acheté un champ, un autre qui s’était marié… chacun a donné un motif pour ne pas y aller. Et le patron s’est fâché et a dit : « Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce » (v.9). Tous. Grands et petits, riches et pauvres, bons et mauvais. Tous. Ce « tous » est un peu la vision du Seigneur qui est venu pour tous et qui est mort pour tous.

Mais est-il mort aussi pour ce misérable qui m’a rendu la vie impossible ? ». Il est mort aussi pour lui. « Et pour ce bandit ? » : il est mort pour lui. Pour tous. Et même pour les gens qui ne croient pas en lui ou qui ont une autre religion : il est mort pour tous. Cela ne veut pas dire qu’il faille faire du prosélytisme, non. Mais il est mort pour tous, il a justifié tous les hommes.

Ici, à Rome, il y a une dame, une femme bien, un professeur, le professeur [Maria Grazia] Mara ; lorsqu’elle était en difficulté pour un certain nombre de choses, et qu’il y avait des partis, elle disait : « Mais le Christ est mort pour tous : avançons ! ». Cette capacité constructive. Nous avons un seul Rédempteur, une seule unité : le Christ est mort pour tous. Au contraire, la tentation… Paul aussi en a souffert : « J’appartiens à Paul, j’appartiens à Apollon, j’appartiens à celui-ci, et moi à celui-là… » Et pensons à nous-mêmes, il y a cinquante ans, après le Concile : les divisions dont l’Église a souffert. « Je suis de ce bord, je pense ceci, toi cela… ». Oui, c’est permis de penser ainsi, mais dans l’unité de l’Église, sous le berger Jésus.

Deux points. Le reproche des apôtres à Pierre parce qu’il était entré dans la maison des païens et Jésus qui dit : « Je suis le pasteur de tous ». Je suis le pasteur de tous. Et qui dit : « j’ai d’autres brebis qui ne viennent pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix et deviendront un seul troupeau » (cf. Jn 10,16). C’est la prière pour l’unité de tous les hommes, parce que tous, hommes et femmes, nous avons tous un unique pasteur: Jésus.

Que le Seigneur nous libère de cette psychologie de la division, de diviser, et qu’il nous aide à voir cet aspect de Jésus, ce qui est grand en Jésus, le fait qu’en lui nous sommes tous frères et que lui, il est le pasteur de tous. Ce mot, aujourd’hui : « Tous, tous », qu’il nous accompagne toute cette journée.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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