Messe à Sainte-Marthe, 25 nov. 2016 © L'Osservatore Romano

Messe à Sainte-Marthe, 25 nov. 2016 © L'Osservatore Romano

"Oui, tu es le gardien de ton frère", affirme le pape à Sainte-Marthe

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Il exhorte à arrêter les jalousies « dès le début »

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« Oui, tu es le gardien de ton frère », a affirmé le pape François en célébrant la messe en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, au Vatican, le 13 février 2017. Il a invité à stopper les sentiments de jalousie ou d’envie « immédiatement, dès le début ». Car, a-t-il averti, « le meurtre est un processus qui commence tout petit ».

Dans son homélie rapportée par Radio Vatican en italien, le pape a médité sur la première lecture (Gn 4, 1-15.25), le récit de la fraternité « détruite » de Caïn et Abel. Une histoire qui commence « avec une petite jalousie », a-t-il constaté. Jaloux d’Abel, Caïn « préféra l’instinct, il préféra entretenir ce sentiment en lui, l’exagérer, le laisser grandir ». Le meurtre « est accroupi derrière ce sentiment ».

« Ainsi grandissent les inimitiés entre nous, a ajouté le pape : elles commencent avec une petite chose, une jalousie, une envie et puis cela grandit et nous voyons la vie seulement à partir de cela … Et notre vie tourne autour de cela ». Le jaloux devient « obsédé » jusqu’à penser : « Je me distance de mon frère, ce n’est pas mon frère, c’est un ennemi, il doit être détruit, éliminé … et ainsi les inimitiés détruisent les familles, les peuples, tout ! … Il n’y a pas de frère. Il y a seulement moi. Il n’y a pas de fraternité. Il y a seulement moi ».

Le meurtre commence tout petit

« Si tu as un mauvais sentiment envers ton frère, a averti le pape François, tu l’as tué ; si tu insultes ton frère, tu l’as tué dans ton cœur. Le meurtre est un processus qui commence tout petit ».

Ce processus « doit être arrêté immédiatement, dès le début, à la première amertume », a-t-il insisté : « L’amertume n’est pas chrétienne. La souffrance, si, l’amertume non. Le ressentiment n’est pas chrétien. La souffrance si, le ressentiment non ».

Et le pape de tancer cette habitude de « se faire de la bile », de créer « tant d’inimitiés, tant de clivages » : « dans nos presbytères aussi, dans nos collèges épiscopaux : combien de clivages commencent là ! Mais pourquoi ont-ils donné ce siège à lui et pas à moi ? … des petites choses … des clivages … on détruit la fraternité ».

Lorsque Dieu demande : « Où est ton frère Abel ? », la réponse de Caïn est « ironique », a fait observer le pape : « Je ne sais pas. Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? ». « Oui, tu es le gardien de ton frère. Et le Seigneur dit : ‘La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi !’ ».

Le sang coule à cause de ma jalousie

Le pape a souligné la responsabilité de chacun envers « ceux qui sont bombardés » ou qui sont « chassés » : « le sang de tant de personnes aujourd’hui dans le monde crie de la terre vers Dieu. Mais tout est lié … ce sang là a un rapport – peut-être une petite goutte de sang que j’ai fait couler avec mon envie, ma jalousie, quand j’ai détruit une fraternité ».

Il a dénoncé l’attitude des « puissants de la Terre » : « Je voudrais ce territoire, je voudrais ce morceau de terrain … si la bombe tombe et tue 200 enfants, ce n’est pas ma faute : c’est la faute de la bombe. Moi je m’intéresse au territoire ». « Tout commence avec ce sentiment qui te conduit (…) à dire à l’autre : ‘ce n’est pas mon frère …’, et cela finit dans la guerre qui tue. Mais tu l’as tué au départ ».

Face à la question de Dieu « Où est ton frère ? », le pape a appelé à penser « à tous ceux qui dans le monde sont traités comme des choses et non comme des frères, parce qu’un morceau de terre est plus important que le lien de la fraternité ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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