Témoignage de Daniel Pittet préfacé par le pape François

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Pédophilie: le pape préface le livre d'une victime

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Daniel Pittet a pardonné à son bourreau

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« Un témoignage nécessaire, précieux et courageux ». C’est en ces termes que le pape François salue le livre du Suisse Daniel Pittet, victime d’un prêtre pédophile dans son enfance. Le pape demande aussi pardon à toutes les victimes de pédophilie perpétrée au sein de l’Eglise, spécialement celles qui se sont suicidées. Il réclame une « grande sévérité » envers les coupables et ceux qui les couvrent. Intitulé « Mon père, je vous pardonne » (Ed. Philippe Rey), l’ouvrage  raconte le calvaire de l’auteur et son chemin de guérison, jusqu’au pardon.
« Je remercie Daniel car des témoignages comme le sien font sauter la chape de plomb qui étouffait les scandales et les souffrances, ils font la lumière sur une terrible obscurité dans la vie de l’Église. Ils ouvrent la voie à une juste réparation et à la grâce de la réconciliation, et ils aident aussi les pédophiles à prendre conscience de l’impact terrible de leurs actes », écrit le pape François en signant la préface.
De 1968 à 1972, Daniel Pittet, alors âgé de 9 à 12 ans, a été sexuellement abusé par le prêtre capucin Joël Allaz, à Fribourg. Il dénonça au début des années 2000 son violeur qui avoua ses crimes et fut traduit en justice.
Soutenu sur son chemin de guérison par le soutien de ses proches et de sa foi, Daniel Pittet parvint à pardonner à son bourreau. Il est aujourd’hui marié et père de six enfants.
Dans un entretien au quotidien italien La Repubblica, Daniel Pittet confie qu’il a rencontré le pape il y a deux ans : « Je lui ai dit : Père, j’ai été violé par un prêtre. Il m’a regardé en silence, les larmes aux yeux, et il m’a serré dans ses bras ».
Dans la préface publiée intégralement par Radio Vatican, le pape souligne que « c’est une épreuve pour la victime d’un pédophile de prendre la parole et de raconter ce qu’elle a enduré, de décrire les traumatismes qui persistent encore des années après. C’est pourquoi le témoignage de Daniel Pittet est nécessaire, précieux et courageux ».
Le pape se souvient de sa rencontre avec l’auteur : « J’ai fait sa connaissance en 2015 au Vatican, dans le cadre de l’Année de la Vie consacrée. Daniel voulait diffuser à large échelle un livre intitulé Aimer, c’est tout donner, qui recueillait les témoignages de religieux et religieuses, de prêtres et de consacrés. Difficile pour moi d’imaginer que cet homme enthousiaste et passionné par le Christ avait été abusé par un prêtre. C’est pourtant ce qu’il m’a raconté et sa souffrance m’a beaucoup touché. J’ai vu là encore les dégâts effrayants que causent les abus sexuels et le long et douloureux chemin qui attend les victimes ».
« C’est une absolue monstruosité, un péché effroyable, radicalement contraire à tout ce qu’enseigne le Christ », affirme le pape. Et de s’interroger : « Comment un prêtre, ordonné au service du Christ et de son Église, peut-il en arriver à causer autant de malheur ? Comment, alors qu’il est consacré pour amener un enfant à Dieu, peut-il le dévorer dans ce que j’ai appelé un ‘sacrifice diabolique’ qui détruit tout à la fois sa proie et la vie de l’Église ? ». Le pape plaide pour « une grande sévérité pour ces prêtres qui trahissent leur mission, ainsi que pour leur hiérarchie, évêques ou cardinaux, qui les protégerait ».
« Certaines victimes sont allées jusqu’au suicide, ajoute-t-il. Ces morts pèsent sur mon cœur et sur ma conscience, et sur celle de toute l’Église. À leurs familles j’offre mes sentiments d’amour et de douleur, et, humblement, je demande pardon ».
Le pape François rend hommage à Daniel Pittet qui « nous dit aussi la force de la prière qu’il n’a jamais abandonnée et qui l’a soutenu dans les heures les plus noires » : « Il a choisi de rencontrer son bourreau quarante-quatre ans plus tard, il a pu regarder dans les yeux cet homme qui l’a meurtri au plus profond de son être. Et il lui a tendu la main. L’enfant blessé est aujourd’hui un homme debout, fragile mais debout. Je suis très touché par ses paroles : ‘Beaucoup de personnes ne peuvent pas comprendre que je ne le hais pas. Je lui ai pardonné et j’ai construit ma vie sur ce pardon’. »
 

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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