Harissa : le sanctuaire de Notre Dame du Liban

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Un monument « national et religieux »

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P. Eddeh, M. L.

ROME, vendredi 14 septembre 2012 (ZENIT.org) –  Le P. Emile Eddeh, M. L., explique, dans cet exposé l’origine et l’histoire du sanctuaire de Notre Dame du Liban, à Harissa. Un document proposé par les organisateurs de la visite papale.

Le sanctuaire marial de Harissa

Dès 1908, le jour où la statue de la Vierge Marie s’est élevée sur un nouveau sanctuaire à la colline de Harissa, les églises du Liban ont commencé à célébrer cérémonieusement la fête de Notre-Dame du Liban et ce, le premier dimanche du mois de mai.

À présent, alors que le Liban se prépare à accueillir le deuxième Souverain Pontife, le Pape Benoît XVI, qui va visiter le pays et discuter avec la jeunesse libanaise, l’espoir de l’avenir, en la Basilique de Notre-Dame du Liban, c’est un agréable plaisir de nous rappeler les étapes les plus importantes par lesquelles est passé le sanctuaire de Notre-Dame du Liban depuis sa constitution jusqu’à nos jours.

1- L’idée de construction

L’idée de construire le sanctuaire de Notre-Dame du Liban revient, en premier lieu, aux feux Patriarche Maronite Elias EL-HOYEK, Patriarche d’Antioche et de Tout l’Orient, et de Son Excellence le Nonce Apostolique au Liban et en Syrie l’Évêque Carlos DUVAL.

Le 8 décembre 1854, le Pape Pie IX avait déjà établir le dogme de l’Immaculée Conception, le proclamant avec son infaillible autorité apostolique. La grandeur de cet événement bouleversera  le monde catholique en particulier et sema la joie, la gaieté et la tranquillité. Suite à cette commémoration, l’Église Œcuménique célébra, en 1904, le cinquantenaire de l’établissement de ce dogme. C’est ainsi que le feu Patriarche EL-HOYEK et le Nonce Apostolique l’Évêque Carlos DUVAL inspirèrent aux libanais un élan de foi et d’enthousiasme pour rendre hommage à notre Vierge Marie. Ils eurent alors l’idée de construire un monument religieux pour perpétuer le souvenir de la confirmation du dogme de l’Immaculée Conception et pour louer l’amour du peuple libanais pour la Vierge à travers les générations.

Après avoir consulté des Évêques et des Prêtres, les deux prélats décidèrent de désigner le monument par «Notre-Dame du Liban».

Cette idée extraordinaire des deux prélats, commémorés dans l’histoire, produisit un effet puissant et retentissant qui conquit tous les esprits. Suite à des études approfondies et à la consultation de plusieurs ingénieurs, l’emplacement nommé le «Rocher» au sommet de la colline de Harissa fut choisi.

Le «Rocher» est une merveilleuse colline surplombant Jounieh et la mer méditerranée et donnant sur Beyrouth et la montagne. Il se situe aux environs de l’Ambassade Apostolique – qui fut nommée Nonciature Apostolique – à proximité de Bkerké, la résidence du Patriarche Maronite et sur un site où l’on ne saurait se lasser de jouir du spectacle ravissant.

L’on croirait que la Providence a inspiré aux responsables le choix de cette colline qui symbolique, par sa beauté, la magnificence et la sainteté de la Vierge Marie, Dame du Liban. C’est là-haut donc que s’éleva un beau sanctuaire avec une statue artistique de la Mère de Dieu, l’Immaculée Conception.

La statue qui provient de la France est coulée en bronze. Elle est de 8 mètres et demi de hauteur, de 5 mètres de diamètre et pèse 15 tonnes, un vrai chef-d’œuvre. La Vierge tend ses bras vers la capitale, Beyrouth, comme si elle disait: «Venez vous qui aspirez à moi, et rassasiez-vous de mes dons».

Le socle de la statue est construit de pierre naturelle, sa hauteur est de 20 mètres, sa circonférence inférieure est de 64 mètres et supérieure de 12 mètres. Un escalier en colimaçon de 104 marches mène vers le sommet du socle, aux pieds de la statue.

L’entrepreneur Ibrahim MAKHLIF de Ain El-Rihané acheva le petit sanctuaire ainsi que le socle de la statue en juin 1907, sous la supervision du président de l’Association des Missionnaires Libanais, Père Chekrallah KHOURY, qui devint par la suite Évêque de Tyr.

2- L’Inauguration

La construction du sanctuaire terminée, l’inauguration fut fixée le premier dimanche de mai 1908. Dès le bon matin de ce jour historique, des foules des quatre coins du Liban ont commencé à affluer avec leurs drapeaux et confréries. Ainsi, toutes les places et tous les lieux voisins ont regorgé de croyants. À dix heures du matin, le Nonce Apostolique Frédérico GIANINI a débuté la cérémonie religieuse en bénissant la construction du sanctuaire et de la statue.

Ensuite, Sa Béatitude le Patriarche avec certain évêques et prêtres ont célébré la messe pontificale. Le gouvernement du Mont Liban Ezzatlo fut représenté par le commandant en chef de la troupe libanaise, Barbar Khazen, en plus de plusieurs officiers.

Durant la messe pontificale, Sa Béatitude dans son sermon touchant, a loué l’amour et la dévotion particulière des libanais pour la Vierge Marie depuis tout le temps.

Suite à l’office divin, la cérémonie fut clôturée par une procession de l’Icône de la Dame du Liban dans la place du sanctuaire. C’est ainsi que Sa Béatitude déclara le premier dimanche de mai la fête annuelle de la Dame du Liban.

3- La direction et l’administration du sanctuaire

Le sanctuaire a été bâti grâce aux bons offices du Patriarche Maronite et du Nonce Apostolique. Pour cela, la propriété et la direction de ce sanctuaire sont de la compétence des deux églises maronite et latine et sous leur supervision. Ceci est stipulé dans un contrat enregistré à Bkerké le 18 janvier 1907.

Ces deux églises ont décidé de confier le service du sanctuaire de Notre-Dame du Liban à l’Associat6ion des Missionnaires Libanais le 3 mai 1908, eut lieu la remise officielle dans la Nonciature Apostolique à harissa par le président père Youssef MOUBARAK.

Depuis que l’association des missionnaires maronites libanais a pris en charge la direction du sanctuaire, elle a accompli d’importantes installations après avoir acheté des terrains avoisinants. C’est elle qui a pu faire parvenir le sanctuaire à son état actuel comme sanctuaire national et international en même temps.

Les visiteurs, après avoir noté les travaux et les renouvellements dans le sanctuaire et dans ses alentours, ont réellement perçu la valeur de ce projet religieux.

On a une fois écrit dans les registres du sanctuaire «Ils ont bien fait de renouveler votre sanctuaire divin. Renforcez dans nos cœurs, l’affection séante à votre dévotion. Mère de la vie et de la bonté, renouvelez la bonne vie chrétienne au Liban».

4- Harissa, le sanctuaire de l’Orient

Au moment de la construction et l’inauguration du sanctuaire de la Dame du Liban, personne n’avait vue que Harissa, ce petit village, deviendrait un jour le pôle d’attraction des pays de l’Orient Chrétien. Ceci n’est point bizarre. À Bethléem Jésus est né, à Lourdes il y a eu beaucoup de miracles, et au dessus de la colline de Harissa s’est élevé la Reine des Cieux pareille aux Cèdres du Liban.

À l’origine, le Patriarche Maronite et le Nonce Apostolique voulait mettre en place un simple monument commémorial. Cependant, l’amour des libanais en général et des chrétiens en particulier porté pour la Vierge marie a fait de ce sanctuaire un lieu de pèlerinage international.

Dés que le sanctuaire de la Vierge Marie fut construit à harissa des foules de croyants de toute part (Liban, Syrie, Jordanie, Palestine, Egypte et plusieurs pays européens et américains) commençaient à affluer vers le Mont Divin.

Ils sont venus joindre leurs voix à celles des générations qui béatifient la Vierge. Beaucoup d’entre eux ont versé
des larmes de regret et sont revenus à Dieu, source de vie.

On estime que le nombre des visiteurs, autorités spirituelles et temporelles, personnalités du pays et son peuple, s’est élevé à plusieurs millions.

Dans le monde, chaque sanctuaire revêt un caractère particulier. Le sanctuaire de Harissa se distingue par un caractère familial. Dès sa construction, les familles croyantes se sont précipitées avec amour aux pieds de la Vierge. Que de mariages ont été bénis par la Vierge et ainsi se sont retrouvées source de bien et de bénédiction! Que de nouveau-nés ont été baptisés et sont devenus la lumière et la vie de leur famille!… Que d’âmes ont versé des larmes de chagrin et d’angoisse et sont retournés chez eux souriants!… Que de familles ont réclamé sa protection et y ont retrouvé le salut!…

En effet, les registres du sanctuaire constituent le plus sincère des témoignages.

Un seul regard vers la statue de la Vierge, perchée sur cette captivante colline, suffit pour inspirer aux grands poètes et peintres la beauté dans la vue, la finesse dans le sentiment et l’éloquence dans l’expression.

Les touristes durant leurs voyages cherchent des sites historiques, ainsi, ils sont émus devant les temples de Baalbek et les sites de Jbeil, Saida, Sidon et Beyrouth et enchantés aux ombres des Cèdres. C’est aux pieds de la Dame du Liban à Harissa qu’ils s’abaissent et s’inclinent, devant la pureté et la bonté.

Le nom «Dame du Liban» a dépassé l’Orient pour franchir les pays d’outre-mer. Là où ils se retrouvent, les libanais évoquent toujours le Liban et Notre Dame du Liban dans leur travail et leur maison, s’adressent à elle dans leurs moments de joie et de détresse, l’appellent dans l’adversité et la prospérité et l’invoquent en toute circonstance.

Le cinquantenaire de la construction du sanctuaire de la Dame du Liban, célébré en 1954, a constitué l’événement le plus important par lequel est passé le sanctuaire. C’était aussi le centenaire et l’établissement du dogme de l’Immaculée Conception. Durant la cérémonie, le Pape Pie XII a envoyé au Liban un représentant, son Eminence le Cardinal Angelo RONCALLI qui a été ensuite élu par le Concile des Cardinaux et est devenu le Pape Jean XXIII.

Suite à cette cérémonie historique du cinquantenaire, le nombre des visiteurs augmente surtout en mai, le mois de la Vierge. Comment ce petit sanctuaire peut-il répondre aux besoins de ces croyants?

Pour cela, la direction du sanctuaire a prévu une solution temporaire: on éleva des tentes en plastique, en bois et en fer, sur la place du sanctuaire, où chaque année et tout au long du mois de mai, se célèbrent les cérémonies religieuses. En même temps, la direction du sanctuaire essayait de libérer les terrains avoisinants. Enfin, elle acheta une grande surface pour y bâtir une Basilique pouvant contenir des milliers de visiteurs.

Le 15 août 1970, le Patriarche Boulos EL-MEOUCHY posa la pierre fondamentale, après avoir choisi le merveilleux plan proposé par l’ingénieur Fouad EL-KHOURY. Le Président de la République, le Premier Ministre, le délégué papal, un grand nombre de ministres et de députés et une grande foule ont été présents lors de cette cérémonie. Les travaux furent supervisés par l’association des Missionnaires Maronites Libanais avec l’aide d’un comité exécutoire. L’association était présidée par le Révérend Père Sassine ZAIDAN, et en 1971, le Révérend Père Youssef ANDARI lui succéda.

La Basilique a été construite grâce à Dieu et par la contribution de milliers de croyants libanais ou autres. Depuis 1990, on y entama de grandes et splendides cérémonies. Elle peut contenir 4000 croyants assis qui ont la possibilité de voir la statue de la Vierge à travers une façade en vitre de vingt mètres de largeur et 42 mètres de hauteur. Le clocher se trouve à une hauteur de 62 mètres.

Cette construction s’est élevée haut dans le ciel témoignant la foi, en gage de dévouement et réalisant un précieux vœu que ce soit pour les proches ou les lointains.

Le sanctuaire de Notre-Dame du Liban constitue le témoignage d’une dévotion à la Vierge inébranlable dans notre histoire. Il a élevé au sommet d’une montagne comme un monument national religieux éternel.

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ZENIT Staff

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