Synode, 26 oct. 2019, capture @ Vatican Media

Synode, 26 oct. 2019, capture @ Vatican Media

Amazonie: la place de la femme dans les communautés catholiques, la "reconnaissance"

Print Friendly, PDF & Email

Trois sujets « médiatiques » dans le document final du synode

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Les trois sujets les plus « médiatiques » qui ont attiré l’attention pendant le synode – la question des ministères féminins, de l’éventuelle ordination d’hommes mariés, du rite amazonien -, se trouvent dans le chapitre 5 du document final du synode pour l’Amazonie, qui a été voté ce samedi 26 octobre 2019, avant d’être publié, en espagnol et présenté à la presse internationale dans la soirée.
« Nous reconnaissons la « ministérialité » que Jésus a réservé aux femmes », déclare notamment le document.
Nous avons publié les grands traits de l’intervention du pape François au terme de la session de ce samedi après-midi: il demande que les lecteurs soient attentifs avant tout au « meilleur » du document: les « diagnostics. Nous avons aussi publié notre traduction en français de la table des matières avec les grandes orientations pour une « conversion intégrale ».
Les femmes présentes au synode comme auditrices, expertes, ou invitées, avaient demandé au pape François que supérieures générales des religieuses puissent voter le document comme leurs homologues masculin. Il était peu probable qu’on change la loi des synodes au dernier moment, mais après tout n’est-ce pas intéressant de constater ce que les évêques ont adopté comme propositions justement sur les femmes dans les communautés catholiques d’Amazonie, indépendamment des voix des religieuses?
Le § 99 sur la place à donner à la femme obtient 161 voix (2 non placet); le § 100 sur Paul VI et l’heure de la femme, 168 voix (3 non placet); le § 101 sur le leadership dans les communautés catholiques indigènes, 165 (contre 5); le § 102 sur la formation notamment en théologie, 160 (contre 11); le § 103 sur les diaconesses, 137 (contre 30) .
Le rôle de la femme, la « reconnaissance »
Le document demande notamment pour les femmes (§§ 99-103), qui sont la majorité des leaders des communautés catholiques en Amazonie, une formation solide, et l’accès au lectorat et à l’acolytat, dans le sillage de Paul VI, et l’institution d’un ministère de leadership de communauté. Le synode souhaite être tenu au courant des travaux de la Commission sur les diaconesses dans l’Eglise primitive. Mais il invite surtout à réfléchir au rôle de la femme à partir de la place que le Christ lui-même a donné aux femmes dans l’Evangile: un chantier théologique ouvert, mais encore aux fondations.
« La présence et l’heure de la femme » reprend une expression de saint Paul VI et comprend donc ces 5 paragraphe. Le document prend acte de la volonté de l’Eglise en Amazonie de donner « plus de place à la présence féminine » et s’appuie en cela sur les voeux du Concile Vatican II. Il affirme aussi que cela vient de la « sagesse des peuples ancestraux » car la « mère terre a un visage féminin ». La femme doit donc, « assumer son leadership avec plus de force au sein de l’Eglise », et que l’Eglise « le reconnaisse et le promeuve en renforçant sa participation aux conseils pastoraux es paroisses et des diocèses, y compris dans des instances de gouvernement » (§ 101).
Le paragraphe 102 évoque la violence dont les femmes sont victimes – physique, morale, religieuse – et le « féminicide » et demande leur accès au lectorat et à l’acolytat, dans le sillage de Paul VI: « L’Eglise se pose en défenseur de leurs droits et les reconnaît comme protagonistes et gardiennes de la création et de la « maison commune ». Nous reconnaissons la « ministérialité » que Jésus a réservé aux femmes. Il est nécessaire de favoriser la formation de femmes dans les études de théologie biblique, de théologie systématique, de droit canon, en mettant en valeur leur présence dans des organisations et leur leadership dans et en dehors du contexte ecclésial. Nous voulons fortifier les liens familiaux, spécialement pour les femmes migrantes. Assurons-leur une place dans les espaces de leadership et de formation. Nous demandons de réviser le motu proprio de saint Paul VI « Ministeria quaedam » (sur les ordres mineurs, 1972, ndlr) pour que des femmes adéquatement formées et préparées puissent aussi recevoir les ministères du lectorat et de l’acolytat, entre autres à développer. Dans les nouveaux contextes d’évangélisation et de pastorale en Amazonie, où la majeure partie des communautés catholiques sont guidées par des femmes, nous demandons que soit créé le ministère institué de la « femme dirigeante de la communauté »
Soigner la formation des diacres permanents
Pour le manque de prêtres, qui ne permet pas aux communautés de célébrer l’eucharistie plus d’une ou deux fois l’an, le synode ne se tourne pas vers l’ordination d’hommes mariés, mais vers la promotion du diaconat permanent, comme le suggérait notamment le cardinal Oswald Gracias. Le § 106 insiste sur la formation adéquate des diacres permanents et la nécessité d’un « accompagnement personnel » des vocations (§ 106) (adopté par 170 voix contre 2).
A plusieurs reprises le document insiste sur la formation de vocations « indigènes » (§ 26), la pastorale des vocations de jeunes (§ 32), l’importance des vocations religieuses « autochtones » (§ 98), de stimuler des vocations missionnaires (§ 108), de la prière pour les vocations au célibat sacerdotal (§ 111). Le célibat sacerdotal est un « don de Dieu » (§ 111).
Ce même § 111 souhaite que soient établis des « critères et des dispositions de la part de l’autorité compétente, sous le signe de Lumen gentium 26 (sur la fonction de sanctification des évêques, ndlr), pour ordonner prêtres des hommes idoines et reconnus par la communauté, qui aient un diaconat permanent fécond et reçoivent une formation adéquate au presbytérat, tout en pouvant avoir une famille légitimement constituée et stable, pour soutenir la vie de la communauté chrétienne par la prédication de la Parole et la célébration des sacrements dans les zones les plus reculées de la région amazonienne. Certains se sont prononcés pour une approche universelle de ce thème ». Le paragraphe a été voté par 128 voix pour et 41 contre: c’est la plus forte résistance par rapport aux autres paragraphes.
A propos du rite amazonien, le §119 (adopté par 140 voix contre 29) le document souhaite la mise en place d’une « commission compétente pour étudier et dialoguer, selon les us st coutumes des peuples ancestraux, en vue de l’élaboration d’un rite amazonien, qui exprime le patrimoine liturgique, théologique, disciplinaire et spirituel amazonien, avec une référence spéciale à ce que Lumen gentium affirme pour les Eglises orientales ».
Enfin, ce document est une photo des débats du synode, ce sont des « propositions » et non l’expression du Magistère. Le pape François a seul la décision d’avancer ou pas dans ces directions. Son exhortation apostolique post-synodale devrait paraître avant l’an prochain, comme le pape l’a lui-même indiqué.
 

Share this Entry

Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel