Abbaye du Mont-Cassin @ wikimedia commons, Ludmiła Pilecka

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Constantin l’Africain: «Que le médecin soit humble et demande toujours le secours de Dieu» 

Ethique médicale au XIe s.

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Que le médecin « soit pieux, humble, doux et demande toujours le secours de Dieu », écrit Constantin l’Africain (env.1020 – 1087), un moine bénédictin de l’abbaye du Mont-Cassin qui a rendu célèbre l’École de médecine à Salerne (Italie) : la première école de médecine fondée en Europe au Moyen Âge (vers le ixe siècle).
L’Osservatore Romano du 21 janvier 2018 retrace la vie de ce grand traducteur et interprétateur des textes médicaux grecs et arabes, mais souligne surtout son intérêt pour « la dimension morale » dans laquelle « se trouve » le médecin « pour agir et faire son travail ». Dans son livre Prologus, intitulé Quels doivent être les étudiants de médecine, Constantin « fournit des principes d’éthique médicale qui correspondent dans la méthode aussi à l’actuel besoin d’une formation éthique de ceux qui ont choisi de faire ce type d’études », indique le quotidien du Vatican : « Constantin cite une série de préceptes qui inscrivent la médecine dans un vaste horizon éthique. » « Une connotation particulière » de ce document, estime L’Osservatore Romano, « le rend similaire à un jurement d’Hippocrate, mais rédigé au Moyen Âge ».
« Que le médecin, recommande Constantin l’Africain, s’engage à redonner la santé à celui qui est infirme et ceci sans espérer d’en faire un gain. Qu’il considère tant les riches que les pauvres, tant les nobles que ceux qui ne le sont pas. Qu’il n’enseigne pas l’usage de potions nocives et ne se montre pas condescendant avec celui qui en fait usage. Qu’il veille à ce que l’inexpert, en se fondant sur son autorité, n’administre pas de potion mortelle. Qu’il n’enseigne pas comment se prépare un médicament abortif. »
Le médecin, poursuit-il, « doit être le seul à connaître la maladie qui lui est confiée, puisqu’il est possible qu’un malade révèle ce qu’il rougirait de confesser à un proche de sa famille. Qu’il fuie la luxure et reste à l’écart des plaisirs du monde et de la boisson. En soignant le corps qu’il s’applique assidûment à l’étude et ne se lasse pas de lire. Quand il n’a pas de livre à portée de la main qu’il ait recours à sa mémoire. Qu’il ne dédaigne pas de rendre visite à certains malades particuliers et soit toujours engagé dans la recherche ».
L’Osservatore Romano souligne l’actualité des principes éthiques élaborés par Constantin : « L’attention portée à la personne, ses comportements démocratiques, la réserve et une mise à jour constante révèlent au futur médecin une complexité morale qu’il devra assumer et dont il devra toujours tenir compte dans l’exercice de sa profession. »
La vie de Constantin l’Africain a été racontée, un siècle plus tard, par Pierre le Diacre (1107 ou 1110 – 1159), archiviste et bibliothécaire de cette même abbaye de Mont-Cassin, dans son livre De viris illustribus Casinensibus. Pierre raconte les aventures que Constantin a traversées de sa Carthage natale à Babylone où il est venu étudier la grammaire, la dialectique, la physique, la géométrie, mais encore « l’astronomie, la nécromancie, la musique et la physique des chaldéens, des arabes et des perses ». Pour compléter son savoir, Constantin est allé jusqu’en Inde, en Éthiopie et en Égypte, effectuant un voyage de 39 ans au bout duquel il est rentré dans sa patrie.
À Carthage toutefois son érudition éveille des soupçons et de la jalousie, alors le chercheur s’embarque sur un bateau pour Salerne et là se fait moine à l’abbaye de Mont-Cassin, « accueilli très volontiers par Desiderius » qui en était l’abbé (1058 -1087).
Au monastère, Constantin traduit, selon le récit de Pierre le Diacre, « les livres de médecine de divers peuples ». Le premier est Pantegni, considéré comme la summa de l’art médical au Moyen Age. Ce livre contient une intéressante dédicace à Desiderius dans laquelle Constantin expose son projet de présenter «  tous les bons auteurs de médecine, anciens et modernes (…) pour former un médecin parfait ». Il s’agit d’un médecin qui « puisse entretenir celui qui est sain en bonne santé et rendre au malade ses bonnes conditions physiques perdues ».
Avec une traduction d’Océane Le Gall
 

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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