David Lopez Ribes, Prix des académies pontificales

Un artiste chrétien au service de la nouvelle évangélisation

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Propos recueillis par H. Sergio Mora

Traduction d’Hélène Ginabat

ROME, vendredi 30 novembre 2012 (ZENIT.org) – Aider l’homme, « même celui qui n’est jamais entré dans une église », à « rencontrer Dieu à travers des langages plus contemporains et reconnaissables », telle est la mission à laquelle David Lopez Ribes consacre sa vie depuis plus de vingt ans.

Le peintre espagnol a reçu, le 21 novembre dernier, le Prix des académies pontificales, ex-aequo avec la sculptrice polonaise Anna Gulak, (cf. Zenit 22 novembre 2012).

Institué en 1997 par Jean-Paul II, ce prix est une reconnaissance prestigieuse que le Saint-Siège remet à des personnalités qui se sont distinguées dans leurs disciplines respectives au cours de l’année.

Zenit – Racontez-nous comment s’est déroulée cette aventure du Prix

David Lopez Ribes – En février, le Conseil des académies pontificales m’a appelé parce que, depuis quelque temps déjà, je travaillais sur le projet Art et Foi qui a été présenté lors de la Journée mondiale de la jeunesse et qui  m’a permis de voyager dans de nombreuses villes et de me faire connaître. J’ai donc été invité à me présenter comme candidat au Prix pontifical qui est donné chaque année à différentes personnalités, et tous les huit ans à des artistes. Puis, le mois dernier, on m’a appelé de nouveau en me disant que le pape avait vu les œuvres des finalistes et qu’il avait décidé de décerner le prix à une artiste polonaise et à moi-même.

Le prix concerne donc seulement le projet Art et Foi ?

Non. J’ai plus de vingt années de travail derrière moi comme artiste catholique dans le monde sécularisé contemporain. En faisant ce métier, je vois que l’homme moderne se trouve dans un processus où il est évident qu’il perd le sens du caractère sacré de la vie et de la transcendance.

Comment vous situez-vous par rapport à cette problématique ?

Je fais partie du Chemin néocatéchuménal qui me permet de vivre une foi adulte, m’offre l’amour de l’Eglise et surtout donne à ma vie le sens de la transcendance. Je suis marié grâce à l’Eglise et j’ai six enfants. Le sixième vient de naître le mois dernier.

Comment faire face à la perte du sens de la dimension sacrée et transcendantale de la vie ?

L’année dernière, lors de son voyage à Barcelone, le Saint-Père a consacré la basilique de la Sagrada Famiglia en disant que « le besoin fondamental de l’homme est la beauté ». C’est impressionnant et c’est tout-à-fait vrai. Ce n’est pas de pain dont l’homme a besoin, mais de beauté. C’est quelque chose de très profond, surtout pour ceux qui, comme moi, ont connu la beauté. Et c’est précisément parce que j’ai été en contact avec elle que j’ai éprouvé le besoin de la partager à travers la mission que Dieu m’a confiée, et donc à travers ma profession.

De quoi vous occupez-vous particulièrement ?

Je collabore depuis environ treize ans avec Kiko Arguëllo, fondateur du Chemin néocatéchuménal, avec une équipe de dix artistes, pour apporter une proposition esthétique à l’Eglise, qui soit au service de l’homme et de la foi et qui puisse permettre de mieux vivre la liturgie et les sacrements. Cela signifie rejoindre l’homme à travers l’art, même celui qui n’est jamais entré dans une église, en lui fournissant des clés et des concepts pas forcément « intellectuels ».

Ce n’est donc pas nécessairement de l’art sacré ?

Je pense que l’on peut aussi rencontrer Dieu à travers des langages plus contemporains et reconnaissables, comme par exemple la vidéo-art. Ce sont les canaux que j’ai utilisés pour partager avec l’extérieur ma rencontre avec la beauté. A travers eux, je cherche à aider les personnes à s’approcher de problématiques qu’ils n’envisagent peut-être même pas, comme par exemple le sens de la vie.

Voulez donner des contenus pour « éduquer » votre public ?

Outre la situation que je viens de décrire, je vois aussi qu’il y a beaucoup de personnes croyantes qui vivent activement leur foi mais qui ne trouvent pas de réponse dans l’art contemporain. J’ai noté que, dans une œuvre, il faut dire quelque chose, soit par la langue soit par le contenu. L’homme de foi reconnaît lorsqu’il y a un contenu profond et je cherche donc à le rejoindre avec un langage nouveau à travers les styles contemporains de  peinture, de sculpture et de vidéo-art.

Pouvez-vous nous en dire plus sur la vidéo-art ?

La vidéo-art a des potentialités spirituelles incroyables. Mais, paradoxalement, dans ce processus de démytification de la vie, dans la vidéo-art il n’y a pas beaucoup de place, aujourd’hui, pour la réflexion spirituelle. Nous, au contraire, nous avons besoin de témoigner. Dans mon cas, tout naît de mon expérience personnelle. Chez moi, je vis de multiples signes liturgiques et sacramentels, comme de rompre le pain avec les enfants, par exemple. Ma maison est une église domestique où l’on vit la beauté tous les jours, à travers des signes très importants comme, par exemple, les mains qui baignent un enfant, qui sont le signe des mains sur les fonts baptismaux. Je cherche à recueillir tous ces signes à travers la vidéo caméra.

Comment distinguer l’art véritable de la banalité, surtout à une période où se vit une grande liberté d’expression artistique ?

L’art se montre dans la beauté. Ce n’est pas vrai que la beauté a cessé d’exister. L’art implique un parcours d’« exode »  compliqué, mais qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas une relation qui implique les artistes avec leurs œuvres. Ce n’est pas une question morale, l’art devrait être art en soi. Et en tant que chrétien, je dois traduire ce que je vis.

Selon vous, l’art d’aujourd’hui manque de beauté ?

Malheureusement oui, indubitablement. Mais pour quelles raisons ? Parce que si l’on n’a pas la beauté en soi, comment peut-on la révéler dans les œuvres ? C’est pourquoi il est urgent, comme l’a dit le pape, de redécouvrir la beauté que seule la vie chrétienne peut donner, et la faire connaître.

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ZENIT Staff

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