Birmanie : Restaurer la confiance pour établir la paix

Le conflit entre les Kachin et le gouvernement

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ROME, vendredi 20 janvier 2012 (ZENIT.org) – « Restaurer la confiance mutuelle est le seul moyen d’établir la paix entre les Kachin et le gouvernement », titre « Eglises d’Asie (http://eglasie.mepasie;Org) dans cette dépêche de ce 20 janvier, sur la situation en Birmanie.

Alors que les pourparlers entre la délégation gouvernementale birmane et la rébellion kachin n’aboutissaient pas à un accord de cessez-le-feu, un évêque catholique de l’Etat Kachin soulignait que la confiance mutuelle était le préalable indispensable à tout accord de paix entre les deux parties.

Le 19 janvier dernier, Mgr Raymond Sumlut Gam, évêque de Banmaw, s’exprimait au moment même où la délégation gouvernementale et les leaders de la KIO (Kachin Independence Organization), la branche politique de la rébellion kachin, se rencontraient à Ruili, ville chinoise frontalière de la Birmanie. A l’agence  Ucanews, il a dit espérer voir sortir « des résultats positifs » de ces pourparlers, tout en ajoutant qu’il ne pouvait « pas dire précisément jusqu’à quel point [les protagonistes] pouvaient effectivement parvenir à un accord de paix ou comment la confiance mutuelle pourrait être établie entre eux ».

Le même scepticisme transparaissait dans les propos du responsable de la Caritas locale, le P. Paul Aung Dang, directeur de Karuna Banmaw Social Services. « Même si les négociations en vue de la paix donnent des résultats, il faudra du temps pour que les personnes déplacées puissent rentrer chez elles », a expliqué le prêtre (1). Le conflit qui mine l’Etat Kachin n’est pas un simple problème local, a-t-il ajouté. « Nous ne devons pas seulement prier pour les réfugiés [kachin] mais aussi pour toutes les personnes qui ont eu à souffrir des violences passées. Le conflit kachin concerne toute la nation [birmane] », a-t-il précisé.

Après la mise en place, à un rythme soutenu, ces derniers mois, de réformes très conséquentes et la signature d’accords de cessez-le-feu avec différentes insurrections ethniques – dont la KNU (Karen National Union) le 12 janvier dernier –, les pourparlers qui se sont tenus hier, 19 janvier, à Ruili entre une délégation gouvernementale et les leaders de la KIO, étaient très attendus. Un accord de cessez-le-feu mettant fin aux combats qui avaient repris dans l’Etat Kachin au mois de juin 2011 aurait été un signal positif avant la tenue des élections législatives partielles du 1er avril prochain, confirmant l’ouverture démocratique décidée par les dirigeants birmans.

Il semble toutefois qu’un tel accord n’a pas été trouvé. Selon Zau Raw, membre de la délégation de la KIO présente à Ruili, « comparés à des négociations qui ont eu lieu par le passé, nos entretiens ont été francs. Toutefois, aucun accord n’a été conclu. Nous nous retrouverons pour d’autres négociations mais nous ne pouvons pas dire où et quand ». Les deux parties ne se sont cependant pas séparées sans avoir publié un communiqué commun où elles disaient leur volonté de poursuivre leurs entretiens concernant « les affaires politiques et militaires ».

Selon certains analystes, cet échec dans les négociations entre Naypyidaw et la KIO pourrait être le premier accroc dans le parcours jusqu’ici sans faute du régime birman vers sa transformation en un gouvernement retrouvant sa place dans la communauté internationale. Le 16 janvier, alors qu’il recevait Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, le président birman Thein Sein évoquait son espoir d’un accord prochain avec la rébellion kachin, la dernière à ne pas avoir signé de cessez-le-feu avec Naypyidaw. La question de l’échec des pourparlers du 19 janvier est posée. La publication The Irrawaddy explique le rendez-vous manqué de Ruili par « l’impossibilité de parvenir à un accord tant que les hostilités militaires se poursuivent sur le terrain ».

En effet, le jour même des négociations de Ruili, des informations faisaient état de combats entre l’armée gouvernementale et la KIA. Selon les responsables politiques de la rébellion kachin, l’armée birmane a lancé un assaut contre le huitième bataillon de la quatrième brigade de la KIA déployé dans l’Etat Shan.  « Si les troupes gouvernementales persistent à attaquer la KIA, aucune paix ne pourra être conclue. La balle est dans leur camp », a déclaré Zau Raw, de la KIO posant ainsi la question du degré de contrôle de Nyapyidaw sur l’armée et ses commandants.

Les négociations entre Nyapyidaw et la KIO avaient été ouvertes en novembre 2011 et, le 12 décembre dernier, le président Thein Sein avait déclaré avoir ordonné à l’armée de cesser ses « opérations offensives » dans l’Etat Kachin (2). Ces déclarations officielles semblent avoir été sérieusement remises en cause par les événements du 19 janvier. A l’issue de la rencontre de Ruili, le porte-parole de la KIO, La Nan, a estimé que son organisation « avait besoin de plus de temps pour reconstruire une confiance qui a été rompue » et qu’elle devait « attentivement observer ce qui se passait au plan militaire sur le terrain ».

(1) Les combats ont repris en juin dernier entre les forces gouvernementales et la KIA, Kachin Independance Army, la branche armée de la KIO. Voir dépêche EDA du 3 janvier 2012 : http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/birmanie-myanmar/combats-dans-l2019etat-kachin-ab-toute-paix-durable-doit-se-construire-sur-une-reconciliation-nationale-bb
 (2) Voir dépêche EDA du 14 décembre 2011 : http://eglasie.mepasie.org/asie-du-sud-est/birmanie-myanmar/au-moment-ou-le-president-birman-ordonne-a-son-armee-de-cesser-les-combats-contre-la-kia-l2019eglise-sur-place-constate-un-afflux-de-refugies
 
© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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