ROME, vendredi 13 janvier 2012 (ZENIT.org) – « Une souffrance cachée - Pour une approche globale des abus sexuels dans l’Eglise » : tel est le titre de la brochure que la conférence épiscopale de Belgique vient de publier à destination des victimes de tels abus, pour leur demander pardon et marquer leur engagement à traiter cette problématique différemment dans le futur.

Mgr Guy Harpigny et Mgr Johan Bonny, respectivement évêques référendaires francophone et néerlandophone pour les abus sexuels dans l’Eglise, et les professeurs Sophie Stijns, Etienne Montero et Manu Keirse, ont présenté le document, jeudi,  au centre Interdiocésain à Bruxelles (pour lire le document dans son intégralité se connecter au site internet : www.abusdansleglise.be).

Ce document, d’une cinquantaine de pages, publiée aux Editions Licap, est le résultat d’une période d’examen et d’approfondissements des évêques et des supérieurs majeurs qui entendent « opter résolument en faveur de la reconnaissance et de la réparation des souffrances occasionnées  aux victimes », précisent les auteurs de la brochure.

« Ils veulent rompre le silence qui a régné autour de ces abus », comme le souligne une des lignes de force de leur « nouveau plan d’action », et « tirer les leçons » de récits douloureux entendus de la part des victimes, durant cette période, pour « ne pas laisser les abuseurs en paix » et « rechercher en dialogue avec la victimes, la forme de reconnaissance qu’elle ressent comme lui faisant justice ».

Dans leur présentation, les évêques et supérieurs religieux indiquent avoir été « profondément touchés par une vague de récits poignants d’abus sexuels au sein de l’Eglise catholique ».

« Nous avons d’abord gardé le silence », commencent-ils, mais ce silence « n’était nullement de l’indifférence. Il n’avait rien de commun avec une volonté d’occulter les faits. Il révélait notre stupéfaction, nous courbions la tête sous le choc, nous demandant très sérieusement comment tout cela avait pu se passer ».

« Nous ne pouvons refaire le passé », soulignent-ils. «  Désormais  nous ne pouvons qu’offrir ce qui, jadis, a cruellement fait défaut »,  en faisant preuve avant tout d’humanité et solidarité, en dialoguant avec les victimes, en s’enquérant de la « meilleur manière » d’être à leurs côtés.

 « Ce document ne saurait être le dernier mot » des évêques  de Belgique  qui disent voir en « l’écoute de victimes et l’offre de réparation », un défi qui force à un « apprentissage ».
« Avec l'aide d'experts académiques et de responsables de la société venus de divers secteurs, ajoutent-ils, ils sont résolus  à suivre cette problématique de très près, à affiner leur approche et, si nécessaire, à l'adapter ».

 « Il est important, ajoutent-ils, que ce document soit effectivement mis en pratique grâce à des avancées concrètes ».

La Conférence épiscopale de Belgique publie cet important document dans la foulée des travaux de la Commission parlementaire « Abus sexuels », qui a abouti entre autres à la constitution de tribunaux d’arbitrage pour indemniser les victimes d’abus sexuels dont les faits sont prescrits aux yeux de la loi.

Rédigée en collaboration avec des professeurs d’Université, la brochure donne des conseils concrets pour les victimes dans leurs démarches judiciaires.

Dix points de contact locaux, dans lesquels la brochure est disponible, sont opérationnels: un par diocèse, un autre pour les congrégations et ordres religieux francophones et un pour les congrégations et ordres religieux néerlandophones.

Par ailleurs, il est annoncé qu’une nouvelle Commission verra le jour en juillet prochain : Une Commission interdiocésaine pour la protection des enfants et des jeunes, composée d’experts académiques de diverses disciplines, ainsi que de victimes d’abus.

« ‘La vérité vous rendra libres’ (Jn 8,32): cette parole de Jésus doit être  pour nous un fil conducteur et un signe d'espérance », est  le mot de la fin de la brochure des évêques et supérieurs majeurs de Belgique, qui espèrent « pouvoir compenser les injustices d’antan par plus de justice dans l’avenir ».

Isabelle Cousturié

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