Pays-Bas: le card. Simonis invite à étudier « Lumen gentium »

De l’interprétation du Concile

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Paola de Groot-Testoni

ROME, mercredi 21 mars 2012 (ZENIT.org) –  Le cardinal Adrianus Johannes Simonis, archevêque émérite d’Utrecht depuis 2007, a participé à l’inauguration de la maison du pape Adrien VI restaurée : il a  répondu aux questions de Zenit à cette occasion. La maison est ouverte aux visiteurs depuis le samedi 10 mars.

C’est en effet à Utrecht que se trouve la « maison du pape », la « Paushuize », maison de l’unique pape néerlandais de l’histoire, Adrien VI, né Adriaan Floriszoon (ou Florenszoon) Boeyens (1459-1523).

C’est alors qu’il était évêque de Tortosa, en Espagne, qu’il avait fait construire cette maison, pensant qu’il aurait pu retourner dans sa ville à la fin de son mandat. Mais créé cardinal en 1517, il sera élu pape  cinq and plus tard. Adrien VI décèdera à Rome l’année suivante sans avoir jamais habité la « Paushuize ».

La rénovation de l’édifice a été confiée à un architecte de renom, Ubbo Hylkema, spécialisé dans la restauration des demeures historiques : il a fallu deux années de travaux, soigneux et méticuleux.

Zenit – Eminence vous avez participé au concile Vatican II ?

Card. Simonis – Non, hélas non. Je n’ai pas participé au Concile mais à ce moment-là je me trouvais à Rome, comme étudiant de 1959 à 1966.

Quels sont les enseignements et les points forts du Concile?

Un des éléments importants de ce concile est sûrement celui d’avoir su s’adapter à la mentalité de l’époque mais le plus important est sa réflexion sur le rôle de l’Eglise. Pour moi, Lumen gentium a été le document le plus important.

L’Eglise néerlandaise n’a pas vécu sereinement la période postconciliaire : il y a eu des polémiques sur le catéchisme et d’autres controverses. 50 ans après, quelle est la situation?

La situation de l’Eglise Néerlandaise après le concile est très difficile à décrire. A l’époque nous avons eu une polarisation en deux factions. Nous vivions pratiquement avec deux Eglises en une. Avec une faction qui était très radicale et voulait tout changer, mais où la foi avait beaucoup diminué. Maintenant cette polarisation est plus ou moins finie mais, comme conséquence, beaucoup ont perdu la foi et ont quitté l’Eglise. En général on peut dire qu’aux Pays-Bas règne l’ « indifférentisme ». Le Saint-Père, il y  a quelques semaines, a dit une chose très juste : chaque homme a un sens religieux, une tendance à rechercher Dieu, au transcendant ; mais chez beaucoup de personnes ce sens du religieux s’est perdu, est entré dans le coma et cela vaut particulièrement pour notre nation.

Est-ce à dire que le Concile a été mal interprété ?

Oui, c’est ça. Le concile a été mal interprété. Ils n’ont pas lu les documents, se sont limités à argumenter, se basant sur le soi disant « esprit du Concile », c’est-à-dire : tout est permis, tout peut changer.

Il y a peut-être eu une mauvaise interprétation du rôle des laïcs dans l’Eglise…

Sûrement, avec le résultat que les laïcs aux Pays-Bas sont devenus plus ou moins des prêtres et les prêtres se sont laïcisés.

Le pape Benoît XVI a proclamé une Année de la Foi et lancé une campagne de mobilisation pour la nouvelle évangélisation. Que devrait faire l’Église aux Pays-Bas?

Ce que j’ai toujours dit: de la catéchèse, de la catéchèse, de la catéchèse. Il manque une catéchèse bien construite, mais maintenant le problème est que les jeunes se sont tellement éloignés de la religion et de l’Eglise qu’ils disent ne pas en avoir besoin, car matériellement ils ont tout. J’espère  que même si c’est une idée un peu étrange, cette crise économique saura les faire réfléchir. Aux Pays-Bas aujourd’hui on ne réagit plus qu’au plan émotionnel, on ne réfléchit plus. D’après moi, le pape Benoît XVI veut nous faire réfléchir. Je viens de lire un livre du Saint-Père sur la vérité, sur la tolérance et sur les problèmes liés au relationnel avec les autres religions: il invite à penser et réfléchir, à utiliser la raison, mais aux Pays-Bas on n’utilise que l’émotion. C’est très dangereux.

Nous sommes en période de Carême. On accorde plus d’attention à la confession et à l’eucharistie. Comment est la situation aux Pays-Bas et dans quelle direction va-t-on?

Cela fait désormais 40 ans qu’il n’y a plus de confession, et vous savez pourquoi? Parce que les Néerlandais ne pèchent pas! En ce sens qu’ils ne savent plus ce qu’est le péché. Le concept de péché est lié à la conscience de Dieu. Si on ne croit plus à un Dieu personnel, on ne pense plus que l’on pèche. Notre pays est plein de  personnes qui croient en une entité abstraite, qu’il existe quelque chose mais pas un Dieu personnel: c’est à cause de ça qu’ils pensent ne pas pécher.

Donc la confession n’est plus nécessaire?

La vérité est qu’aux Pays-Bas nous avons besoin d’une conversion totale.

Une réflexion personnelle sur votre vie de prêtre, d’archevêque et de cardinal. Que pouvez-vous dire aux jeunes générations et aux jeunes séminaristes?

Je leur dis d’abord d’apprendre à penser, à réfléchir. Et puis de prier, prier, prier. La prière est très importante, elle est et doit être le fondement de la vie humaine, mais aux Pays-Bas on ne prie pas parce qu’on ne croit pas en un Dieu personnel mais seulement en une vague entité.

Avec Wim Eijk, les Pays-Bas a un nouveau cardinal. Que lui souhaitez-vous en ces temps difficile, et pas seulement de crise économique?

Dès sa nomination, je lui ai tout de suite écrit. Je lui ai souhaité de pouvoir conserver son esprit de service. C’est la plus grande responsabilité d’un cardinal : rester dans cet esprit de service de l’Eglise et du Seigneur, pour l’honneur de Dieu, pour la santé des hommes et en imitant le cœur de Jésus: un cœur plein de vérité, d’amour et de miséricorde.

C’est votre expérience personnelle de cardinal?

Oui j’ai essayé de vivre dans cet esprit mon cardinalat pendant 27 ans. Maintenant je suis un vieux cardinal, j’ai 80 ans et ne peux plus élire le pape mais peux encore être élu! (il éclate de rire) Mais ne vous inquiétez pas, cela n’arrivera pas!

Traduction d’Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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