Congrégation pour la doctrine de la foi © Vatican Media

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Lettre du pape au nouveau préfet du Dicastère de la doctrine de la foi 

« l’Église a besoin de grandir dans la compréhension de la vérité sans imposer une seule façon de l’exprimer » (texte intégral)

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Samedi 1er juillet, la salle de presse du Saint-Siège a annoncé la nomination par le pape François du nouveau préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. L’élu est l’archevêque de La Plata, Mgr. Víctor Manuel Fernández. La préfecture implique la présidence de la Commission théologique internationale et de la Commission biblique pontificale. Il assumera les nouvelles fonctions à partir de la mi-septembre de cette année. Nous proposons une traduction intégrale de la lettre que le Saint-Père a adressée à son ami, Mgr. Fernandez.

À Son Excellence Révérendissime

Archevêque Víctor Manuel Fernández

Cité du Vatican, 1er juillet 2023

Cher frère,

En tant que nouveau préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, je vous confie une tâche que je considère très précieuse. Son objectif central est de veiller sur l’enseignement qui découle de la foi afin de « donner des raisons à notre espérance, mais pas comme un ennemi qui critique et condamne » (1).

Le Dicastère, que vous allez présider, a connu d’autres époques où il a utilisé des méthodes immorales. Ce que j’attends de vous est certainement très différent.

Vous avez été doyen de la Faculté de théologie de Buenos Aires, président de la Société argentine de théologie et président de la Commission Foi et Culture de l’épiscopat argentin, dans tous les cas, élu par vos pairs  qui ont ainsi apprécié votre charisme théologique. En tant que recteur de l’Université catholique pontificale d’Argentine, vous avez encouragé une saine intégration des connaissances. D’autre part, vous avez été curé de « Santa Teresita » et jusqu’à présent archevêque de La Plata, où vous avez su faire dialoguer les connaissances théologiques avec la vie du saint peuple de Dieu.

Étant donné que pour les questions disciplinaires – en particulier celles liées à l’abus de mineurs – une section spécifique a été récemment créée avec des professionnels très compétents, je vous demande, en tant que préfet, de consacrer votre engagement personnel plus directement à l’objectif principal du Dicastère, qui est de « garder la foi » (2). 

Pour ne pas limiter la portée de cette tâche, il convient d’ajouter qu’il s’agit « d’accroître l’intelligence et la transmission de la foi au service de l’évangélisation, afin que sa lumière soit un critère pour comprendre le sens de l’existence, surtout face aux questions que posent le progrès des sciences et l’évolution de la société » (3). Ces questions, intégrées dans le cadre d’un renouveau du Dicastère, ont été abordées dans le cadre d’une réflexion sur l’avenir de la foi.  Et alors, ces questions, intégrées dans une annonce renouvelée du message évangélique, « deviennent des instruments d’évangélisation » (4) parce qu’elles nous permettent d’entrer en dialogue avec « notre situation actuelle, qui est à bien des égards sans précédent dans l’histoire de l’humanité » (5).

De plus, vous savez que l’Église « grandit dans son interprétation de la parole révélée et dans sa compréhension de la vérité » (6) sans que cela implique l’imposition d’une manière unique de l’exprimer. En effet, « des courants de pensée différents en philosophie, en théologie et dans la pratique pastorale, s’ils sont ouverts à la réconciliation par l’Esprit dans le respect et l’amour, peuvent permettre à l’Église de grandir » (7). Cette croissance harmonieuse préservera la doctrine chrétienne plus efficacement que n’importe quel mécanisme de contrôle.

Il est bon que votre tâche exprime que l’Église « encourage le charisme des théologiens et leurs efforts d’érudition » à condition qu’ils ne se « contentent pas d’une théologie de bureau » (8), d’une « logique froide et dure qui cherche à tout dominer » (9). Il sera toujours vrai que la réalité est supérieure à l’idée. En ce sens, nous avons besoin que la théologie soit attentive à un critère fondamental : considérer que « toutes les notions théologiques qui remettent en cause la toute-puissance même de Dieu, et sa miséricorde en particulier, sont inadéquates » (10). Nous avons besoin d’une pensée capable de présenter de manière convaincante un Dieu qui aime, qui pardonne, qui sauve, qui libère, qui promeut les personnes et les appelle au service fraternel.

Cela se produit si « le message doit se concentrer sur l’essentiel, sur ce qui est le plus beau, le plus grand, le plus attirant et en même temps le plus nécessaire » (11). Vous savez bien qu’il existe un ordre harmonieux entre les vérités de notre message, et que le plus grand danger survient lorsque des questions secondaires finissent par éclipser les questions centrales.

Dans l’horizon de cette richesse, votre tâche implique aussi un soin particulier pour vérifier que les documents de votre Dicastère et des autres ont un support théologique adéquat, sont cohérents avec le riche humus de l’enseignement pérenne de l’Église et en même temps prennent en compte le Magistère récent.

Que la Sainte Vierge vous protège et veille sur vous dans cette nouvelle mission. Ne cessez pas de prier pour moi.

Fraternellement,

François

[1] Exhortation apostolique Evangelii gaudium (24 novembre 2013), 271.

[2] Motu proprio Fidem servare (11 février 2022), Introduction.

[3] Ibid. 2.

[4] Exhortation apostolique Evangelii gaudium (24 novembre 2013), 132.

[5] Lettre encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), 17.

[6] Exhortation apostolique Evangelii gaudium (24 novembre 2013), 40.

[7] Ibid.

[8] Exhortation apostolique Evangelii gaudium (24 novembre 2013), 133.

[9] Exhortation apostolique Gaudete et exsultate (19 mars 2018), 39.

[10] Commission théologique internationale, L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans avoir été baptisés (19 avril 2007), 2.

[11] Exhortation apostolique Evangelii gaudium (24 novembre 2013), 35.

Traduit de l’anglais par Zenit

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Rédaction

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