Mgr Sánchez Sorondo

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Pour la première fois, des maires invités au Vatican

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« Changements climatiques » et « esclavage moderne » : traduction intégrale de la présentation de deux initiatives par Mgr Sanchez Sorondo.

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« C’est la première fois que les maires sont invités au Vatican », fait observer Mgr Sanchez Sorondo, qui a présenté, le 15 juillet au Vatican le carrefour intitulé « Esclavage moderne et changement climatique : l’engagement des villes » et le symposium « Prospérité, population et planète : réaliser un développement durable dans nos villes ».
Ils sont organisés au Vatican, à la Casina Pio IV, respectivement les 21 et 22 juillet 2015.

Y sont invités des maires de quelque 60 grandes villes de la planète, dont Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, des gouverneurs locaux et des représentants des Nations Unies, pour échanger sur les « meilleures pratiques » dans la lutte contre les changements climatiques et l’esclavage moderne.

Voici notre traduction intégrale de l’intervention de Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences et de l’Académie pontificale des sciences sociales, chevilles ouvrières de ces rencontres.

A.B.

Intervention de Mgr Sanchez Sorondo

Nous sommes ici aujourd’hui pour parler de la réunion du 21 juillet, au cours de laquelle les maires du monde examineront deux urgences interconnectés: la crise climatique et de l’esclavage moderne. Je pense que c’est la première fois que les maires sont invités au Vatican.

Les maires

Pourquoi les maires ? Lorsque le Groupe de Sainte-Marthe a été fondé par le pape, le cardinal Nichols et quelques évêques il y a deux ans, au siège de l’Académie pontificale des Sciences, pour réunir les chefs de la police et les évêques de partout dans le monde, les chefs de la police ont souligné qu’il était important que les évêques soutiennent leur engagement moral envers les plus pauvres parmi les pauvres. Cependant, ils ont également souligné qu’ils ne rapportent pas aux évêques, mais aux gouverneurs et, dans de nombreux cas, aux maires. Suivant leurs conseils, nous avons donc essayé de réunir les maires afin de déterminer les meilleures pratiques pour atténuer le changement climatique et éradiquer l’esclavage moderne.

Le réchauffement climatique anthropique

Comme indiqué dans Laudato Si ‘, « le climat est un bien commun, de tous et pour tous. Au niveau global, c’est un système complexe en relation avec beaucoup de conditions essentielles pour la vie humaine » (23). Le pape ajoute qu’il existe un consensus scientifique très solide indiquant que nous assistons actuellement à un réchauffement inquiétant du système climatique. Comme l’Académie pontificale des sciences l’a montré dans plusieurs études, disponibles en téléchargement gratuit sur notre site www.pas.va, ce réchauffement a été accompagné par une augmentation constante du niveau de la mer. En outre, il est difficile de ne pas le relier à des événements météorologiques extrêmes comme les sécheresses prolongées, les vagues de chaleur et les tempêtes destructrices, qui deviennent de plus en plus fréquentes.

L’humanité est appelée à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou l’accentuent. Comme dit le pape dans Laudato Si ‘, « Cela est renforcé en particulier par le modèle de développement reposant sur l’utilisation intensive de combustibles fossiles, qui constitue le cœur du système énergétique mondial » (23).

Le relativisme: l’autre comme un simple objet

Selon Laudato si ‘, ces phénomènes climatiques induits par l’homme, couplés avec la culture du relativisme, encouragent les particuliers à profiter d’autres personnes comme de simples objets, à les utiliser pour le travail forcé ou les asservir. Le pape François estime que c’est la même logique qui mène à l’exploitation sexuelle des enfants et à l’abandon des personnes âgées qui ne servent plus nos intérêts.

Les liens entre la crise climatique et l’exclusion sociale

L’Académie pontificale des sciences est d’accord avec le Saint-Père qu’il existe un lien clair entre ces deux situations d’urgence provoquées par l’homme : la crise climatique et la crise sociale. Dans la suite de l’encyclique, notre engagement est de rendre l’ensemble de la société consciente de ces phénomènes et des responsabilités de l’homme dans ces crises et de réagir fermement, comme un nouvel impératif moral pour l’humanité tout entière en faveur du bien commun.

Dans ce contexte moral fondamental, les villes et leurs maires jouent un rôle clé.

Actuellement, la plupart de l’humanité est concentrée dans les agglomérations urbaines formelles et informelles, et cette tendance est appelée à augmenter. Chacun de nos traditions culturelles affirme également la dignité et la responsabilité sociale de chaque individu par rapport au bien commun. Elles soulignent l’importance de vivre ensemble dans la « polis » pour l’accomplissement de l’identité sociale, culturelle et religieuse de chaque être humain et pour la beauté, la merveille et la bonté inhérente du monde, le reconnaissant comme un don précieux qui soutient la vie et qui est confié à notre intendance. Il ne s’agit pas de le conserver comme dans un musée, mais de le développer en fonction de son potentiel en suivant les lois de la nature. Respect et développer « notre maison commune », plutôt que la dévaster, est un impératif moral.

Les pauvres et les exclus sont les plus exposés

Comme l’a fait remarquer l’Académie pontificale des sciences sociales, bien que les pauvres et les exclus aient le moins d’effet sur le changement climatique et vivent souvent à la périphérie de la ville, ils sont les plus exposés à la terrible menace posée par le dérèglement climatique induit par l’homme. Cependant, le monde a maintenant à sa portée la connaissance scientifique, des outils technologiques et des moyens financiers pour inverser le changement climatique d’origine anthropique, tout en mettant fin, en même temps, à l’extrême pauvreté grâce à des solutions qui incluent des sources d’énergie renouvelables et à faible émission de carbone.

Nous espérons donc réaliser cette « écologie intégrale » proposée par Laudato Si’ pour « retrouver l’harmonie sereine avec la création, [à] réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, [à] contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure » (225), en particulier dans les villes où nous menons notre vie sociale. Le financement de l’initiative en faveur de cette « écologie intégrale », y compris la maîtrise décisive du changement climatique induit par l’homme, pourrait également être fondé sur la poursuite incessante de la paix, ce qui permettrait une redistribution des dépenses publiques à visée militaire vers des investissements urgents au profit de l’inclusion sociale et d’un suivi efficace des émissions de carbone, en particulier dans les villes.

L’engagement des maires

Nous désirons faire s’engager les maires dans la promotion de l’autonomisation des pauvres et des personnes qui vivent dans des conditions de vulnérabilité dans nos villes et dans nos agglomérations urbaines, en réduisant leur exposition à des événements météorologiques extrêmes causés par des instabilités environnementales, économiques et sociales radicales, qui créent un terrain fertile pour la migration forcée et la traite des personnes.

Dans le même temps, nous aimerions que les maires s’engagent à mettre un terme aux abus, à l’exploitation, à la traite des êtres humains et à toutes les formes d’esclavage mod
erne au sein de leurs communautés. Ces événements tragiques, que le pape Benoît XVI et le pape François ont qualifiés de « crimes contre l’humanité », incluent également le travail forcé, la prostitution, le trafic d’organes et la servitude domestique.

Nous aimerions également que les maires s’engagent à élaborer des programmes de réinstallation et d’intégration sociale pour les victimes, aux niveaux national et local, afin d’éviter leur rapatriement involontaire (cf. Le PASS Révision des objectifs des Nations Unies pour le développement durable, n.16.2 ).

En bref, nous aimerions que nos villes et agglomérations urbaines deviennent plus socialement inclusives, sûres, résilientes et écologiquement intégré (cf. Objectifs des Nations Unies pour le développement durable, no. 11).

Traduction de Zenit, Constance Roques

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ZENIT Staff

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