Les nombreux fruits de la renonciation de Benoît XVI

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Entretien avec Mgr Gänswein

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Mgr Gänswein est convaincu que « de nombreux fruits spirituels » naîtront de la renonciation de Benoît XVI. La plus importante réforme de l’Église « concerne le cœur des fidèles, le cœur de chacun », ajoute-t-il.

Mgr Georg Gänswein, préfet de la Maison pontificale et secrétaire du pape émérite Benoît XVI, a accordé un entretien à l’hebdomadaire espagnol ‘Palabra’.

L’archevêque y évoque ses origines, dans l’archidiocèse de Fribourg, au sud de l’Allemagne. Aîné de cinq enfants, il grandit dans une famille catholique et entre très jeune au séminaire de Fribourg, dans le cadre duquel il étudie à l’Université pontificale grégorienne de Rome. Il est ordonné prêtre en 1984 puis envoyé à l’Université de Munich pour un doctorat en droit canonique, de 1986 à 1993. Un an plus tard, son diocèse l’envoie comme collaborateur allemand de la Congrégation pour le culte divin au Vatican.

C’est là qu’il rencontre le cardinal Joseph Ratzinger et devient son collaborateur à la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1996 : « Je ne le connaissais pas personnellement, mais au cours de mes études de théologie, j’avais lu presque tous ses écrits. » Après quelques années de collaboration, Mgr Gänswein devient son secrétaire personnel, y compris après l’élection de Benoît XVI comme pape en 2005.

Au service du pape et du pape émérite

Depuis l’élection du pape François, Mgr Gänswein est non seulement secrétaire de Benoît XVI mais aussi préfet de la Maison pontificale, c’est-à-dire « responsable de toutes les audiences publiques du Saint-Père : l’audience générale du mercredi matin, les audiences aux chefs d’État et de gouvernement, aux cardinaux, aux chefs de dicastères, aux évêques en visite ad limina, etc ».

Il est également de la responsabilité de la préfecture d’organiser les visites du pape dans son diocèse et ses voyages en Italie, ainsi que d’assurer la maintenance des bâtiments les plus importants au Vatican. S’il a fallu s’adapter à la décision du pape François de ne pas vivre dans le palais apostolique mais à Sainte-Marthe, « ce changement ne constitue plus de problème logistique » aujourd’hui, affirme-t-il.

L’archevêque, qui se dit « passionné de nature et d’excursions dans les montagnes en toutes saisons », avoue avoir peu de temps pour pratiquer des loisirs : « Je me sens privilégié de vivre avec Benoît XVI et d’être au service quotidien du pape François, mais tout cela a aussi son prix en termes de temps, de force, de sacrifice… Malgré tout, je suis très disposé à le payer ».

Mgr Gänswein évoque la renonciation de Benoît XVI : « Il ne l’a pas fait pour fuir, mais par amour pour le Seigneur et l’Église. Il est fondamental de comprendre que la renonciation du pape Benoît XVI était un acte d’amour, de courage et de grande humilité envers le Seigneur et envers l’Église. »

Même si l’archevêque a eu des difficultés à « accepter cette décision » – « je lui ai répondu que ce n’était pas possible, qu’il ne pouvait pas le faire » – il a réalisé « au fil du temps que de nombreux fruits spirituels sortiraient de cet acte ».

Pour son secrétaire, Benoît XVI « a laissé une grande richesse magistérielle » : « Je suis très confiant que l’histoire aidera à clarifier et à séparer le bon grain de l’ivraie : le bien du mal, ce qui est vrai de ce qui est sans valeur. »

Caché au monde mais présent dans l’Église

Aujourd’hui, Benoît XVI vit « caché au monde, mais présent dans l’Église. Il n’intervient pas dans le gouvernement du pape François, mais il prie pour son successeur et pour toute l’Église : c’est sa mission maintenant », ajoute Mgr Gänswein.

Il décrit la journée type du pape émérite : « Il commence avec la messe, suivie par l’action de grâce et le bréviaire. Puis il prend le petit déjeuner. Il consacre sa matinée à la lecture et à la correspondance – de nombreuses lettres de reconnaissance, de demande de prières arrivent chaque jour – et reçoit également des visiteurs. Après le déjeuner, il marche et se repose : l’après-midi commence avec le Rosaire, nous prions ensemble en marchant dans la petite forêt qui se trouve derrière le couvent. Puis il continue à lire, regarde les nouvelles à la télévision et fait une autre petite promenade sur la terrasse. Puis Benoît XVI rejoint sa chambre ; parfois on peut aussi entendre le piano… »

Mgr Gänswein souligne que Benoît XVI et le pape François ont en commun « leur amour du Seigneur et de son Église » : différents dans leur personnalité, « ils ont tous deux apporté au ministère pétrinien les dons et les talents que le Seigneur leur a donnés ».

« Benoît XVI est très heureux que son successeur ait un tel succès avec le public » mais son appréciation est moins fondée « sur le « succès » externe » que sur « une base humaine et théologique ». Et finalement, « malgré la diversité extérieure, il y a une unité intérieure et dans la continuité ».

La réforme la plus importante, le coeur

A l’approche de la canonisation du 27 avril, l’archevêque évoque la relation entre le bienheureux Jean-Paul II et le cardinal Ratzinger, « caractérisée par une grande affection et estime » : « Je pense que le pape Wojtyla est l’une des personnes que Benoît XVI apprécie le plus. La grande affection que le pape Jean-Paul II avait pour le cardinal Ratzinger est également connue. »

Il abord enfin le sujet de la réforme de l’Église : « La première réforme et la plus importante concerne le cœur des fidèles, le cœur de chacun. Il faut commencer par là, et recommencer » : « Le défi le plus important et le plus urgent est d’encourager les fidèles à rencontrer le Seigneur… Ce qui doit avoir la priorité dans nos activités est de rencontrer le Seigneur et son Église. Toutes les autres questions doivent être abordées dans le cadre de celle-ci. »

Par ailleurs, ajoute-t-il, « les abus commis par des religieux ont été la cause de grandes souffrances pour le pape Benoît » qui « est toujours allé dans le sens de clarifier ce qui s’est passé » : « Déjà quand il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger a abordé énergiquement la question de la pédophilie et des abus sexuels commis par des religieux. Ce qu’il a commencé comme préfet, il l’a poursuivi et intensifié comme pape. » 

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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