« Le nom du Christ crée la communion et l’unité, pas la division ! », s’exclame le pape François qui a consacré sa catéchèse du mercredi, le 2 janvier, place Saint-Pierre, à l’unité des chrétiens.

Il a dénoncé la division des baptisés comme un « scandale » qui doit « cesser » et il a invité, pour y remédier en reconnaissant le don de Dieu fait aux autres : « Il est bon de reconnaître la grâce dont Dieu nous comble et il est mieux encore de trouver chez les autres chrétiens quelque chose dont nous avons besoin, quelque chose que nous pourrons recevoir comme un don de nos frères et de nos sœurs ».

Voici notre traduction intégrale de la catéchèse prononcée par le pape en italien.

A.B.

Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Samedi dernier, nous sommes entrés dans la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui se conclura samedi prochain, avec la fête de la Conversion de l’apôtre saint Paul. Cette initiative, d’une grande valeur spirituelle, implique les communautés chrétiennes depuis plus de cent ans. Il s’agit d’un temps dédié à la prière pour l’unité de tous les baptisés, selon la volonté du Christ : « que tous soient un » (Jn 17,21)

Chaque année, un groupe œcuménique d’une région du monde, sous la conduite du Conseil œcuménique des Églises et du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, propose un thème et prépare des intentions pour la Semaine de prière. Cette année, ces intentions proviennent des Églises et communautés ecclésiales du Canada et se réfèrent à la demande adressée par saint Paul aux chrétiens de Corinthe : « Le Christ est-il divisé ? » (1 Co 1,13).

Non, bien sûr, le Christ n’est pas divisé. Mais nous devons reconnaître avec sincérité, tout en le déplorant, que nos communautés continuent de vivre des divisions qui sont un objet de scandale. Les divisions qui existent entre nous, les chrétiens, sont un scandale. Il n’y a pas d’autre mot : un vrai scandale. « Chacun de vous», écrivait cet apôtre, parle ainsi : ‘ moi j’appartiens à Paul’, ‘moi, à Apollos’, ‘moi à Céphas’, ‘et moi, au Christ’ » (1,12). Même pour ceux qui professaient le Christ comme leur chef, Paul n’a aucune considération, parce qu’ils utilisaient le nom du Christ pour se différencier des autres au sein de la communauté chrétienne. Or le nom du Christ crée la communion et l’unité, pas la division ! Il est venu pour établir la communion entre nous, pas pour nous diviser. Le baptême et la croix sont des éléments centraux pour tout disciple chrétien et ils nous sont communs. Les divisions, en revanche, affaiblissent la crédibilité et l’efficacité de notre engagement d’évangélisation et risquent de réduire à néant la puissance de la croix (cf. 1,17).

Paul reproche aux Corinthiens leurs disputes, mais il rend aussi grâce au Seigneur «pour la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans le Christ Jésus. Car vous avez été, en lui, comblés de toutes les richesses, toutes celles de la parole et toutes celles de la connaissance »  (1,4-5). Ces paroles ne sont pas une simple formalité, mais le signe qu’il voit avant tout – et il s’en réjouit sincèrement – les dons faits par Dieu à la communauté. Cette attitude de l’apôtre est un encouragement pour nous et pour toute communauté chrétienne à reconnaître avec joie les dons de Dieu présents dans les autres communautés. Malgré la souffrance que créent les divisions toujours vives aujourd’hui, nous accueillons les paroles de Paul comme une invitation à nous réjouir sincèrement des grâces accordées par Dieu aux autres chrétiens. Nous avons le même baptême, le même Esprit-Saint qui nous a donné la Grâce : reconnaissons-le et réjouissons-nous.

Il est bon de reconnaître la grâce dont Dieu nous comble et il est mieux encore de trouver chez les autres chrétiens quelque chose dont nous avons besoin, quelque chose que nous pourrons recevoir comme un don de nos frères et de nos sœurs. Le groupe canadien qui a préparé les intentions pour cette Semaine de prière n’a pas invité les communautés à penser à ce qu’elles pourraient donner à leurs voisins chrétiens, mais il les a exhortées à se rencontrer afin de comprendre ce qu’elles peuvent, toutes sans exception, recevoir quelquefois des autres. Mais cela exige quelque chose de plus : beaucoup de prière, de l’humilité, de la réflexion et une conversion permanente. Avançons sur ce chemin, en priant pour l’unité des chrétiens, afin que ce scandale cesse et ne nous sépare plus.  

Traduction de Geneviève d’Avout, avec Hélène Ginabat