Anita Bourdin

ROME, lundi 29 octobre 2012 (ZENIT.org) – Mgr John Onaiyekan, archevêque d’Abuja au Nigeria, est le lauréat du Prix de la Paix 2012 de Pax Christi international. Au synode, il a affirmé que « les chrétiens au Nigeria ne se considèrent pas comme massivement persécutés par les musulmans ».

Prix Pax Christi

Le Prix de la Paix est attribué à Mgr Onaiyekan - qui vient d’être désigné cardinal par Benoît XVI -, pour son « immense contribution à la paix sur tout le continent africain », en particulier pour le dialogue entre chrétiens et musulmans. La remise du Prix aura lieu au Centre pastoral diocésain de Malines, en Belgique, mercredi prochain, 31 octobre 2012.

Mgr John Onaiyekan est en effet « promoteur d’une plus grande compréhension entre des croyants de diverses traditions religieuses par le dialogue, en Afrique et en particulier dans son pays, le Nigeria », précise le communiqué.

A travers ce prix, Pax Christi International reconnaît « ses efforts soutenus et persévérants pour la justice, la paix, le dialogue interreligieux ».  

Les co-présidents de Pax Christi International, Mme Marie Dennis, des États-Unis, et Mgr Kevin Dowling, évêque de Rustenburg, en Afrique du Sud, ont félicité l’archevêque pour « l’important rôle qu’il a joué en construisant des ponts entre chrétiens et musulmans au Nigeria et au-delà de ce pays ».

Mgr John Onaiyekan est archevêque catholique du diocèse de Abuja depuis 1994, co-président du Conseil des leaders religieux en Afrique – et Religions pour la Paix (ACRL – RfP), et co-président sortant du Conseil inter-religieux du Nigeria (NIREC). Il sera, le 24 novembre, le 3e cardinal du Nigeria.

Solidarité du synode

Il vient de participer, à Rome, au synode pour la nouvelle évangélisation (7-28 octobre 2012).

Les Pères du synode ont exprimé leur proximité avec les chrétiens du Nigeria et formulent des vœux pour la paix du pays, lors de la 7e congrégation générale, le 12 octobre 2012.

Mgr Nikola Eterovic, Secrétaire général du synode des évêques, a exprimé la « proximité, la sympathie » et les « prières » des participants de l’assemblée synodale, à l'attention du Nigeria.

Les Pères synodaux se joignent aux efforts de la Conférence épiscopale nigériane pour « trouver une voie de dialogue, promouvoir la paix et la justice » dans le pays, a-t-il affirmé.

Le Nigeria est en effet ravagé par des affrontements violents entre les membres de la secte islamiste Boko Haram et les forces de sécurité civiles, spécialement dans le nord du pays. Les communautés chrétiennes y subissent de fréquents attentats.

C’est Mgr Onaiyekan, qui a prononcé la méditation de début de séance, où 252 Pères étaient présents.

Dans son intervention, écrite, communiquée au synode, l’archevêque a remercié Benoît XVI  et l’assemblée synodale « pour la sollicitude et les prières faites envers notre pays le Nigeria, si souvent à la une de la presse pour les affrontements religieux et sociaux et les pertes considérables en vies humaines et matérielles ». Il ajoutait : « Nous continuons à compter sur vos prières à notre égard ».

Certaines leçons utiles

L’évêque espère que l’expérience du Nigeria puisse servir à d’autres : « Malgré l'impression souvent donnée par les médias du monde entier, je veux souligner que les chrétiens au Nigeria ne se considèrent pas comme massivement persécutés par les musulmans. Notre population d’environ 160 millions de personnes est constituée de chrétiens et de musulmans en nombre égal et en égale influence. Nous n’avons pas si mal fait à vivre paisiblement ensemble dans la même nation. Nous croyons que nous avons appris certaines leçons qui peuvent être utiles au reste du monde sur les relations entre chrétiens et musulmans ».

Il fait cinq séries d’observations. Tout d’abord, à propos de la place de l’islam dans le monde, il affirme : « le processus irréversible de la «mondialisation» mentionné dans le Document de travail au n° 47 veut dire que notre nouvelle évangélisation aurait besoin de prendre note de l’arrivée de l’islam sur la scène mondiale. Étant donné que nos deux religions embrassent désormais la majeure partie de l’humanité, nous avons une responsabilité partagée de travailler en faveur de la paix et de l’harmonie, entre nous et dans notre monde d’aujourd'hui ».

Il souligne aussi les domaines dans lesquels le dialogue ou la collaboration sont possible : «  Les différences entre l’islam et le christianisme ne sont pas négligeables. Mais il y a aussi de nombreux domaines de bases communes comme nous le rappelle Vatican II dans Nostrae Aetate (§ 3). La nouvelle évangélisation impliquera qu’il faudra travailler ensemble pour la promotion de valeurs communes, dans un monde qui a un très grand besoin de ces valeurs ».

Liberté de conscience

Il insiste sur la liberté de conscience : « Nos deux religions prétendent avoir une mission divine à embrasser toute l'humanité. Comme nous nous trouvons dans le même «village global», nous devons trouver les moyens de concilier notre sens de la mission dans le monde avec le devoir que nous a donné Dieu de vivre en paix avec nos frères humains. Nous devons continuer à insister sur la liberté de conscience comme un droit humain fondamental de tout citoyen de chaque nation ».

Il invite à un discernement sur les partenaires de ce dialogue : « Notre expérience nigériane nous enseigne qu’il y a plusieurs sortes de musulmans. Dans la nouvelle évangélisation, nous devons connaître nos voisins musulmans et garder un esprit ouvert envers ceux qui sont amicaux, et ils sont la majorité. Nous devons travailler ensemble pour s’assurer que les fanatiques ne dictent pas l’agenda de nos relations réciproques, nous poussant à être des ennemis les uns des autres. »

Enfin, il encourage à travailler pour l’unité des chrétiens : « Il y a une dimension œcuménique aux relations interconfessionnelles. S’inspirant des principes solides de notre magistère, nous devons essayer de forger une approche commune pour négocier avec nos homologues musulmans. La plupart de nos problèmes sont causés par les propos irresponsables et les activités des groupes extrémistes marginaux qui sont présents des deux côtés de la fracture ».

L’archevêque avait également participé au synode pour l’Afrique, en 2009: il avait présidé la Commission chargée de la rédaction du Message final.