ROME, Lundi 23 novembre 2009 (ZENIT.org) – Hélène Zemmour a été honorée, à titre posthume, ce dimanche 22 novembre, de la médaille des « Justes » des Nations, en présence de ses enfants et de la famille de Georges et Jeannine Mendelsweig, qu’elle a sauvés pendant la seconde guerre mondiale.
La cérémonie a eu lieu à la mairie de Saint-Florent-sur-Cher, près de Bourges, indique Patrick Martinat dans « Le Berry ».
Une plaque portant son nom sera dévoilée dans le Jardin des Justes sur le Mont du Souvenir de Jérusalem et son nom sera gravé sur le mur du Mémorial de la Shoah, à Paris. Hélène Zemmour est décédée le 11 novembre 2004. Son nom va rejoindre celui des trois mille « Justes » de France reconnus par le Mémorial de Yad VaShem.
Joseph et Léa Mendelsweig arrivent de Pologne au début du 20ème siècle. Joseph est fourreur. Ils ont deux enfants, Léon et Jacques. Deux autres fils naîtront à Paris, Maurice, né à Paris le 29 décembre 1906, et Roger.
Kissel, né en 1871, et Sarah Katz arrivent également de Pologne au début du 20ème siècle avec leur fils Adolphe. Kissel est cordonnier. Ils auront deux autres enfants nés à Paris, Fanny et Esther.
En 1942, Maurice Mendelsweig, et son épouse, Fanny née Katz, à Paris le 12 janvier 1910, fourreurs à domicile, ils habitaient dans un pavillon en location, 28, route de Combault à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne).
Ils ont eu deux enfants : Georges, né en 1931, et Jeanine, née en 1937. Les enfants fréquentent l’école communale de Villiers-sur-Marne.
En juillet 1942, Maurice, 36 ans, et Fanny, 32 ans, sont arrêtés et déportés sans retour de Drancy vers Auschwitz. Ils seront assassinés le 25 septembre 1942. Kissel Katz, le père de Fanny, veuf, âgé de 71 ans, est également arrêté et déporté sans retour.
Après l’arrestation de leurs parents, les enfants Georges, qui a treize ans en 1943, et sa soeur Jeannine, sept ans, sont envoyés en pension dans une famille catholique à Villiers-sur-Marne, où ils resteront jusqu’à la fin de l’été 1943. Les frais de pension sont réglés par leur oncle, Jacques Mendelsweig qui se cachait à Paris.
Leur oncle Jacques, voyant la situation qui empire pour les juifs, décide que sa mère, Léa et ses petits-enfants doivent quitter la région parisienne pour se rendre en zone sud.
Léa Mendelsweig habitait rue de la Ferme-Saint-Lazare à Paris dans le 10e arrondissement. Par l’intermédiaire de ses voisins et amis, M. et Mme Penverne, elle est mise en contact avec leur jeune cousine âgée d’une trentaine d’années, Hélène Zemmour, qui devait accoucher prochainement de son 5e enfant.
Hélène habite Massœuvre, près de Saint-Florent-sur-Cher dans le Berry. Hélène, née Cornu, est mariée avec Charles Zemmour, un juif qui faisait partie d’un réseau de résistance.
Jeanne Penverne devait justement s’y rendre pour l’aider. Elle lui fit part de leur situation inquiétante, et sans hésiter, malgré les risques encourus à cette époque, Hélène, enceinte de Yves, et déjà mère de quatre filles, Jocelyne, Arlette, Françoise et Ghislaine, accepte de prendre en pension Léa et ses deux petits-enfants.
A l’automne 1943, Léa et les deux enfants arrivent à Massœuvre, convoyés par Jacques Mendelsweig.
« Hélène Zemmour, chaleureuse et pleine de vie, les traite comme des membres de sa famille avec une grande générosité. Hélène et Léa deviennent très amies. Les deux enfants garderont de cette époque de très bons souvenirs », souligne le site du mémorial.
« Ma mère venait de me mettre au monde, le cinquième de la famille. Mon père était résistant près de Clermont-Ferrand », a confié Yves Zemmour au « Berry ». A Massoeuvre, ils vivent à dix dans trois pièces : « Georges, Jeannine et Léa passent par les jardins chaque soir pour aller dormir chez Louis Martin, l’ancien maire communiste de Saint-Florent » qui tient un café-épicerie dans le village.
Lorsque Hélène Zemmour est prévenue d’une inspection de la police ou de la gendarmerie, Louis Martin l’emmène dans la barque de son père, traverse le Cher et ils restent cachés dans les bois jusqu’à ce que le danger soit passé.
A Massœuvre, tout le village sait que la grand-mère et les petits-enfants sont chez les Zemmour, mais personne ne pose de question.
Georges a revu Hélène Zemmour : « Malgré les souvenirs de cette merveilleuse femme qui nous a sauvés, nous avons perdu contact. Puis j’ai écrit un livre de souvenirs pour mes enfants. Je suis revenu voir Hélène Zemmour en 1998 et depuis je lui téléphonais régulièrement. Je voulais la faire venir à Paris pour lui faire visiter cette ville qu’elle ne connaissait pas. Mais elle se sentait trop âgée ».
Le livre de souvenirs aura un effet décisif : c’est sa petite fille, Sandrine, qui a eu l’idée de rendre hommage à Hélène Zemmour.
Anita S. Bourdin