ROME, Vendredi 25 décembre 2009 (ZENIT.org) - Nous publions ci-dessous le texte intégral d'une lettre que le pape Benoît XVI a adressée au cardinal Paul Josef Cordes, président du Conseil pontifical « Cor Unum », à l'occasion de son 75ème anniversaire. La lettre sert d'introduction à un livre publié en l'honneur du cardinal, à l'occasion de son anniversaire, intitulé « Gott ist treu » (Dieu est fidèle). Le livre a été remis au cardinal lors d'une réception organisée pour lui à l'ambassade d'Allemagne près le Saint-Siège, le 10 décembre, avec la participation, entre autres, de Hans Gert Pöttering, homme politique allemand, ancien président du Parlement européen et de Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier de Benoît XVI.

GOTT IST TREU (DIEU EST FIDÈLE)

PUBLICATION COMMÉMORATIVE EN L'HONNEUR DU CARDINAL CORDES

INTRODUCTION PAR LE SAINT PÈRE BENOÎT XVI

Eminence ! Cordes, Cher Ami !

Dans le recueil des contributions publiées en ton honneur, à l'occasion de ton 75e anniversaire, j'ai souhaité être présent ne serait-ce qu'avec une parole de gratitude et de bénédiction. Je ne me souviens plus du jour où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Sur toi, je me suis fait une première idée dans les années soixante-dix à travers tes contributions à la revue « Communio », qui venait d'être créée.

Ce que tu écrivais alors était toujours en rapport avec les questions d'actualité, urgentes et concrètes, mais également marqué par un regard tourné vers l'essentiel, de façon à amener le lecteur à apporter les réponses justes selon la logique de la chose même. Pendant un an environ, nous avons participé ensemble à la Conférence épiscopale allemande, puis tu as été appelé à Rome et nommé au Conseil pontifical pour les laïcs. Peu de temps après, le Saint Père m'a placé à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et c'est ainsi que nous habitons tous deux dans la ville éternelle depuis plus d'un quart de siècle.

Dès les débuts de ton activité romaine, avec courage et créativité, tu as tracé des voies nouvelles pour conduire les jeunes au Christ. Derrière les maisons de la Via della Conciliazione, tu as trouvé la petite église ancienne de San Lorenzo « in Piscibus » qui servait alors de hall d'une école - un ancien édifice sacré auquel tu as rendu sa beauté pure et dont tu as fait un centre de rencontre des jeunes avec le Christ.

Tu as participé aussi à la genèse et au développement des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). Une caractéristique particulière de ton élan pastoral est et demeure ton engagement en faveur des « mouvements »: le Renouveau charismatique, Communion et Libération, le Chemin néocatéchuménal ont de nombreux motifs de te témoigner leur gratitude. Alors que les organisateurs et planificateurs de l'Eglise exprimaient au début de nombreuses réserves envers ces mouvements, tu as tout de suite flairé la vie qui jaillissait là - la force de l'Esprit Saint qui offre des voies nouvelles et, d'une manière imprévisible, garde l'Eglise éternellement jeune.

Tu as perçu le caractère pentecostal de ces mouvements et oeuvré passionnément pour qu'ils soient accueillis par les pasteurs de l'Eglise. Il est vrai que, pour ce qui est de l'organisation et de la planification, il existait de bonnes raisons de se scandaliser du fait de l'irruption d'expériences nouvelles et imprévues qui ne se laissaient pas toujours facilement incorporer dans les formes d'organisation existantes.

Tu as vu que ce qui est organique est plus important que ce qui est organisé, tu as vu que des hommes avaient été ici touchés en profondeur par l'esprit de Dieu et qu'ainsi se développaient des formes nouvelles de vie chrétienne authentique et de nouvelles façons authentiques d'être l'Eglise. Certes, ces mouvements doivent être ordonnés et ramenés au sein de l'ensemble ; ils doivent apprendre à reconnaître leurs limites et à devenir partie de la réalité communautaire de l'Eglise dans sa constitution avec le pape et avec les évêques. Ils ont donc besoin d'être guidés, et même purifiés, pour atteindre leur forme de maturité véritable.

Ils n'en sont pas moins des dons qui méritent notre reconnaissance. Il n'est plus possible de penser à la vie de l'Eglise de notre temps sans réintégrer en elle ces dons de Dieu.

Enfin tu es devenu Président du Conseil pontifical « Cor Unum » et tu es donc responsable de l'activité caritative de l'Eglise dans le monde entier. Tu as accepté cette tâche avec ton énergie habituelle, avec un regard de foi tourné vers l'essentiel et, à cette tâche, tu as donné forme. Surtout tu as veillé à ce que la Caritas ne se transforme pas en une organisation de bienfaisance comme toutes les autres, qu'elle ne dévie pas vers la politique, mais demeure toujours une expression de la foi qui, dans son dynamisme intrinsèque, doit devenir amour.

En cette circonstance, je tiens à t'adresser un remerciement personnel. Quand, après mon élection comme successeur de Pierre, je réfléchissais à ce qui pourrait être le thème de ma première encyclique, je me suis souvenu que Toi, depuis déjà longtemps, tu conseillais la rédaction d'un document sur le thème de l'amour qui n'aurait pas dû seulement présenter la Caritas comme une organisation, mais aussi rendre évident que l'amour est la réalité centrale de la foi chrétienne; c'est à partir de là que devait également être présentée dans la juste lumière l'activité caritative de l'Eglise.

Je dois donc te remercier pour ces intuitions sur le thème de cette encyclique qui sont nées au cours de nos dialogues.

Pour tout cela, je te dis merci du fond du cœur. Que la bénédiction de Notre Seigneur t'accompagne à l'avenir Toi aussi, à chacun de tes pas.

Bien à toi,
Benoît PP XVI

Cité du Vatican - 10.12.2009

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Traduction française : ZENIT (Elisabeth de Lavigne)