Messe pour les cardinaux et évêques défunts : Homélie de Benoît XVI

ROME, Vendredi 6 novembre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous l’homélie prononcée jeudi 5 novembre par le pape Benoît XVI lors de la messe célébrée en la basilique Saint-Pierre en mémoire des sept cardinaux et cent archevêques et évêques décédés au cours de l’année.

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Vénérés frères dans l’épiscopat

et dans le sacerdoce,

chers frères et sœurs !

« J’étais joyeux que l’on me dise : Allons à la maison de Yahvé ! ». Les paroles du Psaume 122, que nous venons de chanter, nous invitent à élever le regard du cœur vers la « maison du Seigneur », vers le Ciel où est mystérieusement rassemblée, dans la vision béatifiante de Dieu, la foule de tous les saints que la liturgie nous a fait contempler il y a quelques jours. A la solennité des saints a suivi la commémoration de tous les fidèles défunts. Ces deux célébrations, vécues dans un profond climat de foi et de prière, nous aident à mieux percevoir le mystère de l’Eglise dans sa totalité et à comprendre toujours plus que la vie doit être une attente vigilante constante, un pèlerinage vers la vie éternelle, accomplissement ultime qui donne son sens et sa plénitude à notre chemin terrestre. Aux portes de la Jérusalem céleste, « enfin, nos pieds s’arrêtent » (v. 2).

C’est à cette destination définitive que sont désormais parvenus les regrettés cardinaux : Avery Dulles, Pio Laghi, Stéphanos II Ghattas, Stephen Kim Sou-Hwan, Paul Joseph Pham Ðinh Tung, Umberto Betti, Jean Margéot et les nombreux archevêques et évêques qui nous ont quittés au cours de cette dernière année. Nous les rappelons avec affection et nous rendons grâces à Dieu pour le bien qu’ils ont accompli. Nous offrons en leur mémoire le Sacrifice eucharistique, réunis, comme chaque année, dans cette Basilique vaticane. Nous pensons à eux dans la communion, réelle et mystérieuse, qui nous unit, nous pèlerins sur terre, à tous ceux qui nous ont précédés dans l’au-delà, certains que la mort ne brise pas les liens de fraternité spirituelle scellés par les sacrements du Baptême et de l’Ordre.

Dans nos vénérés frères, nous aimons reconnaître les serviteurs dont parle la parabole évangélique qui vient d’être proclamée : serviteurs fidèles, que le maître, de retour des noces, a trouvés réveillés et prêts (cf. Lc 12, 36-38) ; des pasteurs qui ont servi l’Eglise en assurant au troupeau du Christ l’attention nécessaire ; des témoins de l’Evangile qui, dans la variété des dons et des devoirs, ont donné la preuve d’une vigilance active, d’un dévouement généreux à la cause du Royaume de Dieu. Chaque célébration eucharistique, à laquelle tant de fois ils ont participé eux aussi d’abord en tant que fidèles, puis en tant que prêtres, anticipe de la façon la plus éloquente ce que le Seigneur a promis : Lui-même, prêtre suprême et éternel, fera asseoir ses serviteurs à sa table et passant de l’un à l’autre, les servira (cf. Lc 12, 37). Sur la table eucharistique, banquet nuptial de la Nouvelle Alliance, le Christ, Agneau pascal, devient notre nourriture, détruit la mort et nous donne sa vie, la vie sans fin. Frères et sœurs, nous aussi, demeurons attentifs et vigilants : que « le maître, au retour des noces, à la deuxième ou à la troisième veille » (cf. Lc 12, 38) nous trouve ainsi. Nous aussi, alors, comme les serviteurs de l’Evangile, nous serons bienheureux !

« Les âmes des justes sont dans les mains de Dieu » (Sg 3, 1). La première lecture, tirée du livre de la Sagesse, parle de justes persécutés, condamnés injustement à mort. Mais même si leur mort – souligne l’Auteur sacré -, survient dans des circonstances humiliantes et douloureuses qui laissent penser à une catastrophe, en vérité, pour celui qui a la foi, il n’en est pas ainsi : « mais eux sont en paix », et, même s’ils subirent des châtiments aux yeux des hommes, « leur espérance était pleine d’immortalité » (vv. 3-4). La séparation des personnes chères est douloureuse, l’événement de la mort est une énigme chargée d’inquiétude, mais pour les croyants, de quelque façon qu’elle advienne, elle est toujours illuminée par l’« espérance de l’immortalité ». La foi nous soutient dans ces moments humainement chargés de tristesse et de découragement : « Car pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée – rappelle la liturgie – et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les Cieux » (Préface des défunts). Chers frères et sœurs, nous savons bien et nous faisons l’expérience sur notre chemin que les difficultés et les problèmes dans cette vie ne manquent pas ; il y a des situations de souffrance et de douleur, des moments difficiles à comprendre et à accepter. Mais tout cela acquiert une valeur et une signification si nous le considérons dans la perspective de l’éternité. En effet, chaque épreuve, accueillie avec une patience persévérante et offerte pour le Royaume de Dieu, représente un bénéfice spirituel pour nous ici-bas déjà et surtout dans la vie future, au Ciel. Dans ce monde, nous ne sommes que de passage, éprouvés comme l’or au creuset, affirme l’Ecriture Sainte (cf. Sg 3, 6). Mystérieusement associés à la passion du Christ, nous pouvons faire de notre existence un don apprécié au Seigneur, un sacrifice volontaire d’amour.

Dans le Psaume responsorial puis dans la deuxième lecture, tirée de la première Epître de Pierre, nous trouvons comme un écho aux paroles du livre de la Sagesse. Tandis que le Psaume 122, reprenant le chant des pèlerins qui descendent dans la Ville Sainte et après un long chemin, arrivent emplis de joie à ses portes, nous projette dans le climat de fête du Paradis, saint Pierre nous exhorte, au cours du pèlerinage terrestre, à maintenir vive dans notre cœur la perspective de l’espérance, d’une « vivante espérance » (1, 3). Face à l’inévitable dissolution de la scène de ce monde, – souligne-t-il – il nous donne la promesse d’« un héritage exempt de corruption, de souillure, de flétrissure » (v. 4), car Dieu nous a engendrés dans sa grande miséricorde « par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts » (1, 3). Voilà la raison pour laquelle nous devons être « emplis de joie », même si nous sommes affligés par diverses peines. Si, en effet, nous persévérons dans le bien, notre foi, purifiée par de nombreuses épreuves, resplendira un jour dans toute sa splendeur et nous apportera louange, gloire et honneur lorsque Jésus se manifestera dans sa gloire. C’est là que réside la raison de notre espérance, qui nous fait déjà tressaillir « d’une joie indicible et pleine de gloire », tandis que nous sommes en chemin vers le but de notre foi : le salut des âmes (cf. vv. 6-8).

Chers frères et sœurs, c’est avec ces sentiments que nous voulons confier à la Divine Miséricorde ces cardinaux, archevêques et évêques, avec qui nous avons travaillé dans la vigne du Seigneur. Définitivement libérés de ce qui reste en eux de la fragilité humaine, que le Père céleste les accueille dans son Royaume éternel et leur accorde la récompense promise aux bons et fidèles serviteurs de l’Evangile. Que la Sainte Vierge les accompagne de sa sollicitude maternelle, et qu’elle leur ouvre les portes du Paradis. Que la Vierge Marie nous aide également, nous qui sommes encore en pèlerinage sur terre, à maintenir notre regard fixé sur la patrie qui nous attend ; qu’elle nous encourage à nous tenir prêts « les reins ceints et les lampes allumées » pour accueillir le Seigneur « dès qu’il viendra et frappera » (cf. Lc 12, 35-36). A toute heure et à tout moment. Amen !

© Copyright 2009 : Librairie Editrice du Vatican

Traduit de l’italien par Zenit

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ZENIT Staff

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