ROME, Vendredi 21 décembre 2007 (ZENIT.org) - De son voyage au Brésil, en mai dernier, le pape Benoît XVI retient la présence du Christ dont il a fait l'expérience avec les jeunes, avec les évêques, dans la canonisation de Frère Galvao : le Christ vient sans cesse dans l'histoire.
Benoît VI a reçu les membres de la curie romaine et du gouvernorat ce matin dans la salle Clémentine du palais apostolique du Vatican pour le traditionnel échange de vœux de Noël
« Il ne faut pas se faire d'illusions : les problèmes que pose la sécularisation de notre temps et la pression des présomptions idéologiques auxquelles tend la conscience sécularisée ne sont pas minces. Nous le savons, et nous savons la fatigue de la lutte que ce temps nous impose. Mais nous savons aussi que le Seigneur tient sa promesse : ‘Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde' (Mt 28,20) », a-t-il déclaré.
A propos de son voyage au Brésil pour la Ve conférence du CELAM, et la rencontre avec l'Eglise du continent latino-américain, le pape a évoqué quelques moments « culminants ».
Les jeunes à Sao Paulo
Le premier moment cité par le pape a été la « soirée solennelle » avec les jeunes dans le stade de Sao Paulo caractérisée, en dépit des « températures rigides », par une « grande joie intérieure » et une « expérience de communion vivante », faite de cette « volonté claire d'être, dans l'esprit du Christ, des serviteurs de la réconciliation, des amis des pauvres et des souffrants, des messagers de ce bien dont nous avons rencontré la splendeur dans l'Evangile ».
Le pape a distingué cette foule réunie au Nom du Christ des manifestations « d'auto-affirmation » faites de « l'ivresse du rythme et des sons », où l'on finit par « ne tirer de la joie que de soi-même ».
Le pape a remercié les jeunes qui ont animé la soirée en confiant comment il l'a vécue : « Là, au contraire, l'esprit s'ouvre ; la communion profonde qui s'est instaurée ce soir-là spontanément entre nous, dans le fait d'être les uns avec les autres, nous a conduits à être les uns pour les autres. Ce ne fut pas une fuite devant la vie quotidienne, mais elle s'est transformée en force d'acceptation de la vie d'une façon nouvelle ». Cette animation, insistait le pape, « nous a intérieurement purifiés, rendus meilleurs, meilleurs aussi pour les autres ».
Frère Galvao : le Christ vient dans ses saints
Benoît XVI a également qualifié « d'inoubliable » la rencontre avec l'Eglise du Brésil à l'occasion de la canonisation du Frère Galvao, « un enfant du Brésil, proclamé saint pour l'Eglise universelle ».
« Partout, se souvient le pape, on était salué par ses images, qui libéraient la splendeur de la bonté de son cœur, trouvée dans la rencontre avec le Christ et dans le rapport avec sa communauté religieuse ».
Soulignant que lors de la parousie le Christ ne viendra pas seul mais avec tous les saints, le pape a expliqué que la venue d'un saint « dans l'histoire » « constitue déjà une petite portion du retour du Christ, une nouvelle entrée du Christ dans le temps, qui nous en donne une image nouvelle, et nous rend sûrs de sa présence ».
« Jésus Christ n'appartient pas au passé, a insisté Benoît XVI, et il n'est pas confiné dans un avenir lointain, dont nous n'aurions même pas le courage de demander la venue. Il arrive avec une grande procession de saints. Avec ses saints, il est déjà toujours en chemin vers nous, vers notre aujourd'hui ».
La voie de la beauté
« Inoubliable » aussi pour le pape, la musique qui a accompagné sa rencontre avec les évêques du Brésil dans la cathédrale de Sao Paulo : le chœur et l'orchestre, soulignait le pape étaient formés de jeunes pauvres de la ville ».
Benoît XVI a souligné l'importance de la voie de la beauté pour aller à Dieu en disant : « Ces personnes nous ont offert l'expérience de la beauté qui fait partie de ces dons grâce auxquels on dépasse les limites de la vie quotidienne du monde pour percevoir des réalités plus grandes, qui nous rendent certains de la beauté de Dieu ».
En outre, le pape a souligné l'expérience de la « collégialité effective et affective » que cette rencontre a permis, et de cette « communion fraternelle » qui fait éprouver « la joie de la catholicité » et du « service » auquel le Christ appelle.
La foi et l'amour des pauvres
Le pape a également évoqué le sanctuaire marial d'Aparecida, lieu choisi pour l'assemblée.
Benoît XVI a mentionné son émotion devant la petite statue de Marie (« la Vierge des pauvres devenue elle-même pauvre et petite »), rappelant la tradition selon laquelle les pêcheurs qui avaient en vain jeté les filets à plusieurs reprises la retirèrent du fleuve et seulement après firent une pêche « abondante ».
« Par la foi et par l'amour des pauvres, affirmait Benoît XVI, ce grand sanctuaire s'est formé autour de cette figure, qui, renvoyant cependant toujours à la pauvreté de Dieu, à l'humilité de la Mère, constitue, jour après jour, une maison et un refuge, pour les personnes qui prient et qui espèrent ».
La réponse aux défis du temps
« C'est une bonne chose, a affirmé le pape, que ce soit là que nous soyons réunis et qu'ait été élaboré le document sur le thème : ‘Disciples et missionnaires de Jésus-Christ, pour qu'en lui ils aient la vie' ».
Mais le pape a posé la question : Est-ce que Aparecida a bien fait, « dans la recherche de la vie pour le monde », de donner la priorité au fait d'être disciples du Christ et à l'évangélisation ? ». Serait-ce au contraire un « repliement sur l'intériorité ? »
Non, répond Benoît XVI après un long développement : « C'est justement par la rencontre avec Jésus Christ et son Evangile - et seulement ainsi - que sont suscitées les forces qui nous rendent capables de donner la réponse juste aux défis du temps ».
Benoît XVI a également évoqué deux autres événements de l'année dans son discours à la curie romaine : la « pluie de la foi » en Autriche, et la rencontre avec les jeunes à Lorette, en septembre dernier. Deux rendez-vous, comme Aparecida, sous le signe de la Vierge Marie.
Anita S. Bourdin
Une vidéo de la rencontre du pape avec la curie romaine est disponible sur h2onews.org