ROME, Mardi 25 décembre 2007 (ZENIT.org) - « Dieu ne se laisse pas mettre dehors » : dans son homélie pour la messe de Minuit au Vatican, Benoît XVI a montré comment Dieu n'abandonne pas l'humanité même si l'humanité ne semble plus lui faire de place. Le pape invite les fidèles à sortir de leur « enfermement » et à se mettre « au service des personnes marginalisées, dans lesquelles Dieu nous attend ».
Le pape a présidé la messe de la nuit, à minuit, en la basilique vaticane, en partant de l'image de l'Enfant Jésus, de sa Mère et de saint Joseph qui ne trouvent pas de place dans la salle ».
Mais dans la basilique non plus il n'y avait pas assez de place : une longue file de visiteurs espérait encore entrer, 45 minutes avant le début de la célébration, et ont dû suivre la messe depuis le parvis, grâce aux écrans géants, dans la douceur de cette nuit de décembre. Aujourd'hui encore, le mercure indiquait 16 degrés à l'ombre à la mi-journée. Car les nuages n'étaient pas assez denses pour offusquer le bleu intense du ciel romain.
La douceur a aussi permis des manifestations de joie prolongées devant la grande crèche de la place Saint-Pierre, au sortir de la messe. Ces visiteurs ukrainiens, par exemple, venaient de s'y rencontrer : Ukrainiens « de Rome », Ukrainiens « du Brésil », Ukrainiens d'Ukraine. Ils se mirent à lancer à tour de rôle tel ou tel chant traditionnel, comme un défi à la mémoire collective, mais immédiatement repris en chœur par tous et à quatre voix, ces voix salves rondes et profondes. Les quasi deux heures de célébration, au cœur de la nuit, n'étaient pas venues à bout de leurs énergies spirituelles. Et une joie attirante se dégageait de ces retrouvailles chorales autour de l'Enfant de la crèche.
Le pape venait de dire, dans son homélie, à propos du chant des anges à Bethléem : « Selon les Pères, le chant que désormais les anges et les hommes peuvent chanter ensemble fait partie du chant de Noël des anges ; c'est ainsi que la beauté du cosmos s'exprime par la beauté du chant de louange (...). C'est la rencontre avec Jésus Christ qui nous rend capables d'entendre le chant des anges, créant ainsi la véritable musique qui disparaît quand nous perdons la possibilité de chanter ensemble et d'écouter ensemble ».
Dans son homélie, le pape soulignait : « le moment est arrivé ». « Il est arrivé, disait-il, le moment annoncé par l'Ange à Nazareth (...). Il est arrivé le moment attendu par Israël depuis tant de siècles, durant tant d'heures sombres - le moment attendu en quelque sorte par toute l'humanité à travers des figures encore confuses : le moment où Dieu prendrait soin de nous, où il ne serait plus caché, où le monde deviendrait sain et où il renouvellerait tout. Nous pouvons imaginer par quelle préparation intérieure, avec quel amour Marie est allée au devant de cette heure. La courte notation « elle l'emmaillota » nous laisse entrevoir une part de la joie sainte et de l'empressement silencieux de cette préparation. Les langes étaient prêts pour que l'enfant puisse être bien accueilli ».
Benoît XVI soulignait le contraste entre cette attente pleine d'amour et la notation de l'évangéliste : « Mais dans la salle commune, il n'y avait pas de place ».
Appliquant cette notation à l'humanité d'aujourd'hui, le pape ajoutait : « D'une certaine façon, l'humanité attend Dieu, elle attend qu'il se fasse proche. Mais quand arrive le moment, il n'y a pas de place pour lui. Elle est si occupée d'elle-même, elle a besoin de tout l'espace et de tout le temps de manière si exigeante pour ses propres affaires qu'il ne reste rien pour l'autre - pour le prochain, pour le pauvre, pour Dieu. Et plus les hommes deviennent riches, plus ils remplissent tout d'eux-mêmes. Et moins l'autre peut y entrer ».
« Cela concerne en réalité l'humanité tout entière, inssitait le pape : Celui par lequel le monde a été fait, le Verbe créateur, entre dans le monde, mais il n'est pas écouté, il n'est pas accueilli ».
Et d'interroger : « Avons-nous du temps pour le prochain qui a besoin de notre parole, de ma parole, de mon affection ? Pour la personne souffrante qui a besoin d'aide ? Pour le déplacé ou le réfugié qui cherche asile ? Avons-nous du temps et de l'espace pour Dieu ? Peut-il entrer dans notre vie ? Trouve-t-il un espace en nous, ou avons-nous occupé pour nous-mêmes tous l'espace de notre réflexion, de notre agir, de notre vie ? »
Pourtant, le pape soulignait cette note positive : « Dieu ne se laisse pas mettre dehors. Il trouve un espace, même s'il faut entrer par une étable; on trouve des personnes qui voient sa lumière et qui la transmettent ».
Actualisant cette page d'évangile, Benoît XVI expliquait : « A travers la parole de l'Évangile, l'Ange nous parle à nous aussi et, dans la sainte liturgie, la lumière du Rédempteur entre dans notre vie. Que nous soyons bergers ou sages - sa lumière et son message nous appellent à nous mettre en chemin, à sortir de notre enfermement dans nos désirs et dans nos intérêts, pour aller à la rencontre du Seigneur et pour l'adorer. Nous l'adorons en ouvrant le monde à la vérité, au bien, au Christ, au service des personnes marginalisées, dans lesquelles Lui nous attend ».
Anita S. Bourdin