Card. Schönborn : Le christianisme, une véritable alternative (I)

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Entretien à quelques jours de la visite de Benoît XVI en Autriche

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ROME, Mardi 4 septembre 2007 (ZENIT.org) – Selon l’archevêque de Vienne, le grand défi d’aujourd’hui consiste à vivre la foi chrétienne « comme une alternative ». Dans un monde sécularisé il faut « offrir la foi comme une alternative authentique à la société actuelle ».

A quelques jours de la visite du pape Benoît XVI à Vienne, Mariazell et Heiligenkreuz (7-9 septembre), le président de la Conférence épiscopale d’Autriche a répondu aux questions de ZENIT, évoquant le ministère pétrin et les qualités humaines de Benoît XVI, insistant sur l’importance vitale des familles nombreuses pour l’avenir de l’Autriche et de l’Europe, ainsi que sur la présence du Christ dans le coeur des chrétiens.

« Quand le pape parle, il faut écouter avec attention, car ce qu’il a à dire est toujours très clair. Je ne sais pas ce qu’il nous dira. Il faut que nous soyons ouverts à ses paroles », affirme-t-il.

Nous publions ci-dessous la première partie de cet entretien.

Zenit – La visite du Pape Benoît XVI est sur toutes les lèvres. Mais qui est vraiment le Saint-Père ?

Card. Schönborn – C’est très simple. Il est le successeur de l’Apôtre Pierre et donc, pour nous, le Vicaire du Christ, le représentant du Seigneur ici sur terre dans l’Eglise visible. Voilà. Ceci est en même temps incompréhensible et énorme, mais c’est en fin de compte le secret du ministère de Pierre. La personne qui détient ce ministère, son pays d’origine, sa langue, sont des éléments importants mais secondaires. Il est avant tout pour nous, selon la foi de l’Eglise, l’apôtre Pierre qui est parmi nous, avec toute l’épaisseur, la grandeur et la force de ce que Jésus a prédit pour lui, du ministère qu’il lui a confié, un ministère qui continue d’exister au-delà de la figure historique de Pierre.

Zenit – De quelle façon rencontre-t-on le Saint-Père ?

Card. Schönborn – De manière tout à fait normale. En ce qui me concerne, c’est un homme que je connais depuis 35 ans, chez qui j’ai étudié et avec qui j’ai pu collaborer de longues années, un homme que j’ai appris au fil des ans à connaître et à estimer, pour qui j’éprouve de la vénération et beaucoup d’admiration. Mais ceci était avant le 19 avril 2005, avant que sa vie et la nôtre ne soient bouleversées par un grand changement : le fait qu’il ait été choisi comme successeur de Pierre.

Nous sommes naturellement entrés dans une nouvelle dimension qui demeure telle même durant nos rencontres avec lui. Il est l’homme, le maître et le cardinal que je connais bien et depuis de longues années mais, comme je le disais, il est aussi l’apôtre Pierre.

Zenit – Vous connaissez Joseph Ratzinger/Benoît XVI depuis longtemps et vous avez même présenté à Rome sa biographie sur Jésus. Parlez-nous de sa personnalité ?

Card. Schönborn – A ce sujet on pourrait dire beaucoup de choses. Dans ses mémoires il ne s’épanche pas sur sa vie mais ce qu’il en dit n’en demeure pas moins impressionnant. Il est très réservé pour ce qui concerne les choses personnelles. Il ne raconte pas grand chose de sa vie personnelle, mais l’on sent chez lui de profondes racines chrétiennes. On sent qu’il vient d’une famille profondément croyante, une famille profondément unie dans la foi et dans l’amour.

J’ai eu l’occasion de bien connaître sa sœur Maria, morte subitement le 2 novembre 1991. Les trois enfants ont toujours été très soudés, et ont dû avoir des parents qui les ont particulièrement marqués.
Qui est le pape si l’on en croit son histoire ? Un théologien exceptionnellement doué et intelligent. Je n’hésite absolument pas à dire qu’il est le dernier des grands théologiens de la génération du Concile – De Lubac, Congar, Rahner, Balthasar. Il était le plus jeune de cette grande équipe de théologiens qui ont marqué le Concile Vatican II, et certainement l’un des grands parmi eux quant à ses capacités intellectuelles et théologiques.

Zenit – Au cours de votre rencontre avec Benoît XVI à Castel Gandolfo, vous avez discuté des détails du programme de sa visite en Autriche. Qu’attend le Saint-Père de cette visite ?

Card. Schönborn – Il nous le fera savoir et je crois que c’est bien ainsi. Quand le pape Benoît XVI parle il faut écouter avec attention, car ce qu’il a à dire est toujours très clair, important, plein de force, très personnel et captivant. Je ne sais pas ce qu’il nous dira. Il est bon que nous soyons ouverts. Ce que je peux dire avec certitude c’est que nous aurons suffisamment de matériel pour poursuivre notre méditation.

Zenit – Quel type d’Eglise le pape trouvera-t-il ? Quelle est à votre avis la situation de l’Eglise en Autriche ?

Card. Schönborn – Comment est la situation ? En réalité, Dieu seul peut le dire, car la foi s’adresse à Lui et est en ce sens également le mystère des cœurs dans leur relation avec Dieu. Aucune statistique ne peut quantifier cela. Mais naturellement nous vivons à une époque où la sociologie religieuse, la psychologie de la religion par rapport aux jeunes, jouent un rôle important. Aussi cherchons-nous toujours à analyser la place qu’occupe la religion dans la vie des jeunes, dans la vie des générations adultes et dans la vie des personnes âgées.

Les choses ont certes beaucoup changé depuis le milieu du siècle dernier. Mais pas seulement dans l’Eglise, dans la société aussi. Nous vivons dans une société qui a beaucoup changé.

Je voudrais citer un exemple parmi d’autres : dans notre diocèse nous avons une zone rurale et une zone urbaine, la grande cité de Vienne et les zones autour de Vienne qui font partie de l’archidiocèse de Vienne. Il y a cinquante ans, ces zones étaient des terres agricoles, aujourd’hui la plupart font partie de la périphérie de Vienne. La zone rurale a fortement diminué. Le changement a donc été radical pour un grand nombre de personnes au niveau professionnel, social et familial. Tout ceci se répercutant sur le comportement religieux.
Je pense que le défi que nous devons affronter aujourd’hui, dans une société fortement sécularisée comme la nôtre, est celui de vivre le christianisme, la foi chrétienne, presque comme une alternative, une société de contraste. Non pas pour se mettre à l’écart mais pour proposer l’Evangile, la foi comme la véritable alternative pour la société d’aujourd’hui.

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ZENIT Staff

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