ROME, Mercredi 26 septembre 2007 (ZENIT.org) - Le cinquième congrès international pour la nouvelle évangélisation s’est tenu à Budapest du 16 au 22 septembre avec plus de 1500 initiatives missionnaires dans 120 lieux différents, et de nombreux intervenants tel que les cardinaux de Budapest, de Vienne, de Lisbonne, de Bruxelles, Mgr Vingt-Trois, le cardinal Ruini, un prêtre hongrois qui a passé 11 ans dans les prisons communistes, et de nombreux laïcs particulièrement engagés dans l’évangélisation à travers le monde.

Le mensuel Il est Vivant publiera dans son numéro d’octobre une chronique de l’événement que reprenons ci-dessous, en avant-première, avec l’aimable autorisation de l’auteur.

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Après Vienne (2003), Paris (2004), Lisbonne (2005), Bruxelles (2006), le cinquième congrès international pour la nouvelle évangélisation s’est tenu à Budapest du 16 au 22 septembre. Qui aurait cru possible un tel événement dans un pays qui, il y a moins de vingt ans, était encore soumis à un régime totalitaire communiste ?

Dans son homélie de la messe d’ouverture au cours de laquelle ont été accueillies solennellement les reliques de sainte Thérèse, patronne des missions, le cardinal Peter Erdö, archevêque de Budapest, a donné le ton de la semaine. Commentant l’Evangile du jour, le fils prodigue, il expliquait : « De même que le père du fils prodigue est sorti de sa maison pour aller au devant de son fils qui était perdu, ainsi devons-nous sortir de nos églises pour aller à la rencontre des personnes qui ne connaissent pas Jésus ou le connaissent mal. C’est notre rôle de chrétien de le leur porter. S’ils ne viennent pas vers nous, nous devons aller là où ils sont : dans le métro, dans les centres commerciaux, à leur travail… ». C’est ce que les chrétiens de Budapest ont fait en grand nombre pendant cette semaine : plus de 1500 initiatives missionnaires dans 120 lieux différents. Evangélisations de rue, concerts, visites de centre commerciaux, manifestations culturelles, podiums sur les places, les chrétiens du Budapest ont laissé libre cours à leur imagination pour annoncer le Christ. Toutes les paroisses de la capitale hongroise étaient mobilisées et rivalisaient d’inventivité !

Le thème du congrès – tiré du livre de Jérémie : « Je vous donnerai un avenir et une espérance » (29, 11) – est l’acte de foi des chrétiens d’un pays qui a connu bien des souffrances. Certaines d’entre elles sont toujours vives aujourd’hui : le découpage du pays après la première guerre mondiale qui a réduit sa superficie de deux tiers et créé de grandes minorités de langue hongroise dans les pays limitrophes, le temps du communisme, l’écrasement de la tentative de révolution de 1956 par les chars russes sans réaction du reste du monde…

Chaque jour était dédié à un thème particulier, en lien avec le thème général : foi, charité, martyre, joie, espérance, futur. Tous les matins, les participants se retrouvaient dans la basilique saint Etienne, au centre de Budapest. De nombreux témoins, souvent illustres comme le président du parlement ou de l’académie des sciences hongroises, ou Dama Madl, épouse de l’ancien président de la république hongroise, se sont adressés aux participants. En outre, un intervenant principal développait le thème du jour. Lundi, Ralph Martin, laïc américain ayant joué un grand rôle dans le lancement du Renouveau Charismatique catholique, encourageait les participants à un acte de foi pour la mission. « Il n’y aura pas de nouvelle évangélisation sans une nouvelle Pentecôte », affirmait-il. Mardi, les congressistes ont entendu le père franciscain hongrois Csaba Böjte, reconnu par tous en Hongrie comme un témoin de la charité. Il œuvre en Transylvanie, partie de la Roumanie où le hongrois est la langue majoritaire. Il accueille les enfants des rues. « Il faut croire que l’amour peut transformer le monde, a-t-il déclaré. Jésus n’a donné qu’un commandement : l’amour. Il n’a pas dit de juger mais d’aimer. Aimer de tout ton cœur. » Il a terminé son intervention en évoquant le drame de l’avortement : « Nous sommes tous responsables de tous ces enfants non nés. Ils crient vers nous et demandent notre aide. Dans les années 70-80, il avait 200.000 naissances en Hongrie et l’année dernière seulement 89.000. C’est une tragédie. Plus de la moitié des enfants conçus ne viennent pas au monde. Cela doit changer… On ne sait jamais ce qui se cache dans un enfant. Dieu cache ses cadeaux dans les enfants ! » Jeudi, Jean-Luc Moens, membre de la Communauté de l’Emmanuel, a exhorté les congressistes à la joie. « Ne laissez jamais rien vous faire oublier la résurrection de Jésus Christ, a-t-il affirmé. Elle est la source de notre joie. C’est en suivant Jésus Christ, jour après jour, que vous trouverez le bonheur. Ce dernier porte un autre nom : c’est la sainteté. » Vendredi, le révérend Nicky Gumbel, responsable d’Alpha international, une méthode d’évangélisation répandue dans le monde entier est intervenu. Membre de l’Eglise anglicane, curé de la paroisse Holy Trinity à Brompton (Londres), Nicky Gumbel a engagé l’assemblée sur le chemin de l’espérance. « Notre espérance est basée sur les trois fêtes chrétiennes les plus importantes, a-t-il expliqué. Ce sont Noël, Pâques et Pentecôte : le nom de Jésus, la résurrection de Jésus, l’Esprit de Jésus. » Et il a encouragé les chrétiens de Budapest : « Répandez le feu : c’est tellement urgent ! Tout le monde dans l’Église croit en Jésus, mais tous ne voient pas l’urgence de l’Evangile. Face à la pauvreté dans le monde, au Sida, aux problèmes d’éducation, aux maladies… on ne peut rester sans rien faire. L’Evangile est donné pour la transformation de notre société. » Citant Jean-Paul II, il concluait : « C’est en retournant au Christ que les peuples d’Europe vont redécouvrir l’espérance. »

Un des points des plus marquants de ce congrès missionnaire a été sans conteste l’évocation des martyrs. Le mercredi leur était consacré, dans la cathédrale d’Esztergom, origine du siège épiscopal de Budapest, et où repose le corps du cardinal Jozsef Mindszenty, primat de Hongrie, décédé en 1975, dans l’exil auquel le régime communiste l’avait contraint. L’après-midi, a été donné le témoignage de trois prêtres ayant souffert pour leur foi. Parmi eux, le père Placid Olofsson a expliqué comment il a vécu ses 11 années dans les prisons communistes en évangélisant et en célébrant l’eucharistie en cachette, chaque nuit pendant 8 années, couché sur son lit avec du pain azyme offert par un juif, prisonnier comme lui. « Les gens qui entraient en prison athées n’étaient plus incroyants à leur sortie. » Et de conclure avec une joie rayonnante et convaincante : « J’ai plus de 90 ans et j’ai beaucoup souffert dans ma vie. Mais je suis le plus heureux des hommes ! »
A l’écoute de ces témoins exceptionnels, les participants ont compris d’où venait la force de l’Église de Hongrie. Comme l’expliquait en effet Mgr André Vingt-Trois au cours de la conférence de presse qui clôturait l’événement, « pendant toutes les années “rouges” de l’histoire de l’Europe orientale et centrale, dans la partie ouest, on parlait de l’Église du silence. Il est important pour nous de découvrir que l’Église du silence n’est pas celle du silence de la foi. Nous comprenons que ce que nous avons vu pendant ces jours à Budapest n’a pas surgi comme un météore. C’est un fruit qui a des racines très profondes dans la période de la contrainte mais où la vigueur de la foi demeurait réelle et qui continuait de produire son fruit, même si on ne le voyait pas. Maintenant, nous sommes à un moment où nous pouvons voir le fruit et rendre grâce à Dieu. »

Ce cinquième et dernier congrès de la nouvelle évangélisation a été marqué par la présence du cardinal Camillo Ruini, vicaire général du diocèse de Rome et envoyé spécial du pape Benoît XVI. Dans le message lu par le cardinal Ruini aux participants, le pape remercie « les cinq évêques métropolitains d’Europe qui ont entrepris avec dynamisme de mettre en œuvre la nouvelle évangélisation dans leurs communautés ecclésiales, avec la coopération active de la Communauté de l’Emmanuel et d’autres groupes. » A la fin du congrès, le cardinal Ruini a tenu à reprendre la parole pour encourager les évêques et les prêtres présents à incarner l’esprit missionnaire du congrès dans la pastorale habituelle de l’Église, et en particulier celle des sacrements. Il a invité également les laïcs à être eux aussi de vrais missionnaires dans leur famille, dans leur travail, dans la société et dans tout ce qui fait la spécificité de la vie laïque.

Le vendredi soir, une foule considérable – près de 15000 personnes – s’est rassemblée sur les hauteurs de Buda, tout près de l’endroit où fut martyrisé saint Gellért (Gérard) le 24 septembre 1046, premier martyr de Hongrie. La messe a été célébrée face à la ville qui brillait de tous ses feux. Dans son homélie, le cardinal Erdö a commenté l’appel de Lévi : « Nous croyons que si devenons disciples comme Matthieu l’a fait, alors à travers nous, Jésus va trouver, selon son désir, le chemin qui mène au cœur des hommes. Ainsi, par les manifestations visibles de notre mission, Jésus portera son regard sur notre ville, notre peuple… » A la fin de cette belle célébration, un vieux grand-père me confiait, très ému : « Maintenant, notre ville est bénie ! »

Qu’en est-il des congrès internationaux pour la nouvelle évangélisation ? Avec Budapest, se terminait le cycle des 5 villes, commencé en 2003. « Il faut que cette dynamique continue », a affirmé le cardinal Erdö, également président de l’assemblée des conférences épiscopales européennes. Différents évêques étaient là pour découvrir de plus près le fonctionnement de ces grandes missions citadines. Il est trop tôt pour dire ce que sera exactement la suite de cette dynamique missionnaire. Cependant une chose a été annoncée à la fin de la messe de clôture : il y aura un congrès international pour la nouvelle évangélisation à Varsovie. Le cardinal Erdö a remis, en signe de continuité, une croix en argent à Mgr Piotr Jarecki, évêque auxiliaire de Varsovie qui a déclaré : « Nous étudions la possibilité de réaliser à notre tour une mission citadine et nous ne tarderons pas à en annoncer la date. » Le feu de la nouvelle évangélisation n’est donc pas près de s’éteindre dans notre vieille Europe !

Pierre Vincent

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