P. Cantalamessa : Le Christ ne sait compter que jusqu’à un, et ce « un » c’est chacun de nous

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Evangile du Dimanche 22 avril

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ROME, Vendredi 27 avril 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du Dimanche 29 avril proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 10, 27-30
Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »

© AELF

Je suis le bon pasteur

Dans les trois cycles liturgiques, le quatrième dimanche de Pâques présente un passage de l’Evangile de Jean sur le bon pasteur. Après nous avoir conduits, dimanche dernier, parmi les pêcheurs, l’Evangile nous conduit parmi les pasteurs. Deux catégories d’importance égale dans les Evangiles. De l’une dérive le titre de « pêcheurs d’hommes », de l’autre celui de « pasteurs d’âmes », donné aux apôtres.

La plus grande partie du territoire de Galilée était un haut plateau au sol rude et rocailleux, plus adapté à l’élevage de brebis qu’à l’agriculture. L’herbe était rare et le troupeau devait se déplacer en permanence ; il n’existait pas de murs de protection et pour cette raison, la présence constante du pasteur au milieu de son troupeau était nécessaire. Un voyageur du siècle dernier nous a laissé un portrait du pasteur palestinien de l’époque : « Quand je le vis, sur un pâturage des hauteurs, fatigué, le regard scrutant au loin, exposé aux intempéries, appuyé sur son bâton, toujours attentif aux mouvements du troupeau, je compris pourquoi le pasteur a acquis une telle importance dans l’histoire d’Israël, au point qu’ils ont donné ce titre à leur roi, et que le Christ l’a choisi comme emblème du sacrifice de soi ».

Dans l’Ancien Testament, Dieu lui-même est représenté comme pasteur de son peuple. « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien » (Ps 22 [23], 1). « Il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit, le troupeau guidé par sa main » (Ps 94 [95], 7). Le futur Messie est lui aussi décrit avec l’image du pasteur : « Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son coeur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits » (Is 40, 11). Cette image idéale du pasteur est pleinement réalisée dans le Christ. Il est le bon pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue ; il a pitié du peuple car il le voit « comme des brebis sans berger » (Mt 9, 36) ; il appelle ses disciples « le petit troupeau » (Lc 12, 32). Pierre appelle Jésus « le pasteur de nos âmes » ( cf. 1P 2, 25) et la Lettre aux Hébreux « le berger des brebis, Pasteur par excellence » (He, 13, 20).

Le passage de l’Evangile de ce dimanche souligne quelques caractéristiques de Jésus bon pasteur. La première concerne la connaissance mutuelle entre la brebis et le berger : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent ». Dans certains pays d’Europe les ovins sont élevés principalement pour la viande ; en Israël ils sont élevés essentiellement pour la laine et le lait. Celles-ci demeuraient par conséquent pendant de longues années en compagnie du berger qui finissait par connaître le caractère de chacune et par leur donner un nom affectueux.

Ce que veut dire Jésus à travers ces images est clair. Il connaît ses disciples (et, en tant que Dieu, tous les hommes), il les connaît par « leurs noms », ce qui, pour la Bible, signifie dans leur moi le plus intime. Il les aime d’un amour personnel qui atteint chacun comme s’il était le seul à exister devant lui. Le Christ ne sait compter que jusqu’à un : et ce « un » c’est chacun de nous.

L’évangile d’aujourd’hui nous dit une autre chose du bon pasteur. Il donne sa vie aux brebis et pour les brebis et personne ne pourra les lui enlever. Le cauchemar des bergers d’Israël étaient les bêtes sauvages – les loups et les hyènes – et les bandits. Dans des lieux aussi isolés ils constituaient une menace permanente. C’est là que l’on voyait la différence entre le véritable pasteur – celui qui pais les brebis de la famille, qui a la vocation de pasteur – et l’employé qui se met au service de quelque berger uniquement pour le salaire qu’il reçoit en retour, mais n’aime pas, et souvent hait même les brebis. Face au danger, le mercenaire fuit et abandonne les brebis à la merci du loup ou des bandits ; le véritable pasteur affronte courageusement le danger pour sauver son troupeau. Cela explique la raison pour laquelle la liturgie nous propose l’Evangile du bon pasteur pendant le temps pascal : A Pâques, le Christ a montré qu’il était le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

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ZENIT Staff

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