ROME, Vendredi 20 avril 2007 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a présenté ce dimanche saint Augustin d’Hippone comme un modèle de conversion à notre époque. Le pape était en visite pastorale à Pavie (Lombardie), dans le nord de l’Italie, où se trouve la tombe du saint.

C’est à saint Augustin, évêque et docteur de l’Eglise (354-430) que le pape a consacré son homélie au cours de la messe qu’il a présidée dans les Jardins du Collège Borromée à Pavie. Benoît XVI connaît bien saint Augustin à qui il a consacré sa thèse de doctorat et qu’il considère comme un maître.

« Jésus, le Ressuscité, vit aujourd’hui encore », a déclaré le pape.

« Conversion » et « pardon des péchés », sont « des mots clés de la catéchèse de Pierre », a-t-il ajouté, en faisant référence à la première lecture de la messe de ce dimanche.

« Le chemin que nous devons faire, le chemin que Jésus nous indique s’appelle ‘conversion’. Mais de quoi s’agit-il ? Que faut-il faire ? » s’est interrogé le pape, devant une foule de quelque 20.000 personnes.

Le pape a présenté le chemin de conversion de saint Augustin en expliquant ses « trois conversions » qui « en réalité ont été une unique grande conversion à la recherche du Visage du Christ puis en cheminant avec Lui ».

« La première conversion fondamentale a été le cheminement intérieur vers le christianisme, vers le ‘oui’ de la foi et du Baptême », a-t-il expliqué. Selon certains historiens, cette première conversion aurait eu lieu à Pâques, en l’an 387.

Saint Augustin « était toujours tourmenté par la question de la vérité. Il voulait trouver la vérité », a-t-il poursuivi.

« Il avait toujours cru – parfois vaguement, parfois plus clairement – que Dieu existait et qu’Il prenait soin de nous. Mais le grand combat intérieur de ses années de jeunesse avait été de connaître vraiment ce Dieu, de se familiariser vraiment avec ce Jésus Christ et d’arriver à Lui dire ‘oui’ avec toutes les conséquences », a expliqué le pape.

« Il nous raconte que, à travers la philosophique platonicienne il avait appris et reconnu que ‘au commencement était le Verbe’ – le Logos, la raison créatrice. Mais la philosophie ne lui indiquait aucune voie pour l’atteindre ; ce Logos demeurait lointain et intangible », a poursuivi Benoît XVI.

« C’est seulement dans la foi de l’Eglise qu’il a ensuite trouvé la deuxième vérité essentielle : le Verbe s’est fait chair. Et ainsi le Verbe nous touche, nous le touchons », a expliqué le pape.

La « deuxième conversion » de saint Augustin a eu lieu après son baptême, à Hippone, en Afrique alors qu’il avait fondé un petit monastère et fut consacré prêtre, de force, à la demande populaire.

« Le beau rêve de la vie contemplative s’était évanoui, la vie d’Augustin s’en trouvait fondamentalement changée. Il devait maintenant vivre avec le Christ pour tous », a expliqué Benoît XVI.

« Il devait traduire ses connaissances et ses pensées sublimes dans la pensée et le langage des gens simples de sa ville », a-t-il ajouté.

« La grande œuvre philosophique de toute une vie, dont il avait rêvé, demeura non écrite. Une chose plus précieuse nous fut donnée à la place : l’Evangile traduit dans le langage de la vie quotidienne », a poursuivi le pape.

« Voilà la deuxième conversion que cet homme, luttant et souffrant, dût réaliser continuellement : être toujours à nouveau là pour tous ; donner sa vie, sans cesse à nouveau, avec le Christ, afin que les autres puissent Le trouver, puissent trouver la vraie Vie », a-t-il expliqué.

Enfin, la troisième conversion de saint Augustin a eu lieu lorsqu’il découvrit que « un seul est vraiment parfait et que les paroles du Discours de la montagne sont entièrement réalisées en un seul : en Jésus Christ lui-même ».

« Toute l’Eglise en revanche – nous tous, y compris les Apôtres – doit prier chaque jour : ‘pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés’ » écrivait saint Augustin (cf. Retract. I 19, 1-3).

« Augustin avait appris un dernier degré d’humilité – non seulement l’humilité d’insérer sa grande pensée dans la foi de l’Eglise, non seulement l’humilité de traduire ses grandes connaissances dans la simplicité de l’annonce, mais également l’humilité de reconnaître qu’il avait lui-même, ainsi que toute l’Eglise pèlerine, continuellement besoin de la bonté miséricordieuse d’un Dieu qui pardonne ».

« Et nous – ajoutait-il – nous nous rendons semblables au Christ, le Parfait, dans la mesure la plus grande possible, lorsque nous devenons comme Lui des personnes de miséricorde », a-t-il précisé.

Le pape a conclu par cette exhortation : « Remercions Dieu pour la grande lumière qui rayonne de la sagesse et de l’humilité de saint Augustin et prions le Seigneur afin qu’il donne à chacun de nous, jour après jour, la conversion nécessaire, et nous conduise ainsi vers la vraie vie ».