Jean-Paul II a en effet reçu mardi matin au palais apostolique de Castel Gandolfo, le ministre de l’Intérieur israélien, M. Avraham Poraz, accompagné de l’ambassadeur israélien près le Saint-Siège, M. Oded Ben-Hur (cf. ZF040914).
Radio Vatican : Vous vous êtes rendu au Vatican où vous avez rencontré le Secrétaire d’Etat, le cardinal Sodano, et plus tard vous avez rencontré le pape. Comment se sont passées ces rencontres ?
Avraham Poraz : La rencontre avec le Secrétaire d’Etat était une rencontre « d’affaires » : nous avons parlé de sujets d’intérêt commun. Avec le pape, c’était une rencontre brève. Il était intéressé par le fait que je suis maintenant Ministre des Affaires religieuses. Il m’a également demandé où j’étais né. Je lui ai dit que j’étais né en Roumanie et que mes parents avaient immigré en Israël en 1950. Il m’a dit qu’il était très heureux de me recevoir.
Avec le Secrétaire d’Etat, nous avons abordé trois sujets. La question des visas et j’ai promis que notre ministère faciliterait toutes les procédures de façon à permettre aux personnes du clergé de venir facilement en Terre Sainte. J’ai juste expliqué que certaines viennent de pays qui sont en situation d’hostilité avec Israël. Malheureusement, nous ne sommes pas en paix avec nos voisins et si des personnes viennent, par exemple du Liban, de Syrie, ou de Jordanie, nous devons les contrôler soigneusement. Nous sommes aussi tombés d’accord que dans certains cas, le Vatican, à Rome, recommandera les personnes de façon à ce que nous ayons l’assurance, la conviction, qu’il n’y aura pas de problèmes.
Radio Vatican : Pouvez-vous précisez ce que vous entendez par « recommander » ?
Avraham Poraz : Je veux dire, en raison du fait que certaines personnes viennent de pays arabes, un contrôle de sécurité très strict. Ainsi, si nous avons une recommandation de Rome que ces personnes sont connues au Vatican, et qu’elles ne représentent pas une menace, ce sera beaucoup plus facile et nous pourrons abréger tous les contrôles de sécurité.
La deuxième question a été celle des impôts locaux. Vous savez que nos villes et nos municipalités s’autofinancent grâce à un impôt local et c’est ce dont nous avons parlé. Et nous sommes tombés d’accord sur le fait que des activités commerciales comme des boutiques, une auberge, un hôtel, etc, doivent payer des impôts comme tout le monde. Bien sûr, les églises elles-mêmes, en tant que lieux de prière sont exemptées de taxes. Les écoles ne doivent rien payer. Et pour ce qui est des monastères, ils devront payer pour les services rendus par les villes comme l’eau, l’électricité, le nettoyage, etc. Mais ce ne sera pas un impôt, ce sera une couverture des dépenses.
Radio Vatican : Certaines autres questions ont été discutées lors des négociations en cours, la semaine dernière en Israël : les taxes foncières et le droit de l’Eglise à avoir accès aux tribunaux israéliens, spécialement pour ce qui concerne les propriétés ecclésiastiques…
Avraham Poraz : Il existe une loi britannique disant que ces questions ne sont pas sous l’autorité des tribunaux, mais dépendent du gouvernement et je crois que nous pouvons trouver des solutions sans avoir recours à des procédures légales.
La troisième question abordée avec les autorités du Vatican est celle du Cénacle qui est un lieu saint pour les Chrétiens. Il était aux mains des Catholiques jusqu’au moment où il a été pris par les Musulmans. Et le problème est qu’il y a maintenant un débat dans les Eglises de Jérusalem. J’ai donc dit qu’il serait facile de résoudre le problème s’il y avait un accord entre les Eglises de Jérusalem sur la façon de traiter le problème. Sinon, j’ai même offert ma médiation pour essayer d’arriver à un accord. Parce que nous ne pouvons bien sûr pas accepter quelque chose qui nous mettrait en conflit avec les autres Eglises chrétiennes de Jérusalem : comme vous le savez, les Catholiques ne sont pas les seuls à être actifs à Jérusalem, il y a aussi les autres Eglises. Nous ne voulons donc pas causer une sorte de conflit entre les Eglises de Jérusalem.
Radio Vatican : Vous êtes venu au Vatican avec le Directeur du bureau des Relations avec les Chrétiens…
Avraham Poraz : Oui, il s’agit de Cesare Marjeh. C’est un catholique romain, et il est le chef de ce département.
Radio Vatican : C’est un nouveau département ? Est-ce que M. Sharon a quelque chose à voir avec la création d’un département spécial pour les relations avec les Chrétiens ?
Avraham Poraz : Non, le bureau faisait partie du Ministère des Affaires religieuses et ce ministère n’existe plus, c’est donc maintenant un bureau du ministère de l’Intérieur. Mais j’ai pensé que c’était très important de faire venir ici un Chrétien de façon à ce qu’il soit clair que des affaires chrétiennes sont gérées par un Chrétien qui connaît et comprend tout ce qui concerne ces questions mieux que moi.
Radio Vatican : Dans quelle direction voudriez-vous voir aller les relations entre Israël et le Saint-Siège ?
Avraham Poraz : Il est très important d’améliorer ces relations. Nous savons que le Saint-Siège a un grand intérêt pour la Terre Sainte. Israël et les lieux saints ne sont pas n’importe quel endroit. Et c’est notre but et notre devoir de donner l’accès à tous et de permettre leur pleine activité. Et bien sûr, nous avons des problèmes de sécurité. Parce que s’il y a un siège à Bethléem, c’est un problème pour s’y rendre. Mais mon but est de permettre à toutes les Eglises et à toutes les fois de Jérusalem d’agir aussi librement que possible.
Radio Vatican : Aimeriez-vous ajouter autre chose à l’issue de votre visite au Vatican ?
Avraham Poraz : J’ai eu un accueil très chaleureux et je me suis senti très bien. C’était mon seul but : ce voyage d’une journée a été consacré au Saint-Siège.
Radio Vatican : Est-ce que cette visite avait un rapport avec les négociations qui ont eu lieu à Jérusalem la semaine passée ?
Avraham Poraz : En partie. Je veux dire que notre but est de créer un bon climat et j’espère que ma visite a aidé à créer ce bon climat.
Traduction réalisée par Zenit