Avec un retard de près d’un an pour cause de SRAS, l’épidémie de pneumopathie atypique de 2003, le Congrès national des représentants catholiques s’est réuni à Pékin du 7 au 9 juillet dernier. Les dirigeants de l’Association patriotique des catholiques chinois et ceux de la Conférence des évêques de l’Eglise catholique en Chine qui avaient été élus en 1998 lors du sixième Congrès ont été reconduits dans leur fonction (1), indiquant que ce septième Congrès ne marque pas de changement ou d’évolution d’ampleur dans la gestion de la partie « officielle » de l’Eglise catholique en Chine. Mgr Michael Fu Tieshan, évêque de Pékin, a été reconduit à la présidence de l’Association patriotique et Mgr Joseph Liu Yuanren, évêque de Nankin, à celle de la Conférence épiscopale.
Selon Anthony Liu Bainian, reconduit dans ses fonctions de vice-président de l’Association patriotique, plus de 40 évêques ont pris part au Congrès. Ils y ont siégé parmi un total de 262 délégués, le Congrès comptant théoriquement 305 membres, des évêques, des prêtres, des religieuses et des laïcs. Comme cela avait été proposé lors des réunions préparatoires de mai et juin dernier, il a été décidé que les évêques et autres délégués âgés de plus de 80 ans ne pourront désormais plus occuper les postes de président ou de vice-président des deux instances formant le Congrès. Mgr Aloysius Jin Luxian, de Shanghai, Mgr Bernardine Dong Guangqing, de Hankou, et Mgr Yu Chengcai, de Haimen, ainsi que Mgr Anthony Tu Shihua, de Hanyang, et Mgr Liu Jinghe, de Tangshan, se sont donc retirés pour rejoindre une « équipe de conseillers » adjointe à la direction de l’Association patriotique et à celle de la Conférence des évêques.
Selon Mgr Fang Xingyao, évêque âgé de 51 ans, responsable du diocèse de Linyi, dans la province du Shandong, qui a été élu à un des postes de vice-président de la Conférence épiscopale, le principe des trois autonomies a été réitéré lors de ce septième Congrès, tout en précisant qu’en termes de foi, l’Eglise de Chine appartient à l’Eglise universelle.
Liu Bainian a dit aux délégués que le Congrès avait révisé les constitutions de l’Association patriotique et de la Conférence épiscopale afin de mettre celles-ci en conformité avec l’ »Enregistrement des règlements des organisations sociales », texte produit par le Conseil pour les affaires d’Etat en 1998. Aucun détail sur le contenu de ces révisions n’a cependant été fourni.
Ye Xiaowen, directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses, a déclaré en ouverture du Congrès que l’indépendance et l’autonomie de l’Eglise ainsi que sa gestion démocratique et la formation appropriée de ses dirigeants devaient être les trois priorités de l’Eglise catholique en Chine. En conclusion du Congrès, Jia Qinglin, n° 4 dans la hiérarchie du Politburo, a accueilli les délégués dans le Grand hall du peuple ; dans son discours, il a mis l’accent sur l’importance des trois autonomies, insistant en particulier sur le fait que le mode d’élection et d’ordination des évêques ne devait pas être changé. Selon un délégué, Jia Qinglin a également souligné que la formation des ressources humaines au sein de l’Eglise catholique en Chine était, comparativement aux quatre autres religions reconnues par les autorités, la plus faible du pays.
Selon Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint-Esprit à Hongkong, le fait que la direction des instances formant le Congrès n’a pas été changée est une bonne chose dans la mesure où cette direction n’a pas un grand impact sur le développement concret de l’Eglise catholique en Chine. Pour un autre observateur de l’Eglise en Chine, l’insistance mise sur le mode d’élection et d’ordination des évêques indique que le gouvernement a conscience de l’importance de cette question pour l’Eglise mais ne sait comment réagir au fait que, de plus en plus fréquemment, les évêques nouvellement consacrés tiennent à faire connaître publiquement leur communion avec Rome (2).
Parmi les autres thèmes de discussion, ont figuré les finances de l’Eglise. Selon un prêtre, délégué au Congrès, la Conférence épiscopale a pour la première fois « catégorisé » les ressources de l’Eglise en Chine, à savoir les revenus tirés de la location de biens immobiliers, les dons et les subventions des autorités. Enfin, l’importance de la formation des catéchistes a été soulignée. Des délégués ont suggéré à cet égard aux autorités que les catéchistes laïques puissent bénéficier d’un statut officiel, en tant qu’assistants du clergé.
(1) Voir EDA 258 (2) Voir EDA 392
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