Le pape souligne qu’Aix-La-Chapelle, au coeur du continent européen, « parle clairement de l’ancienne tradition de l’Europe : elle parle de ses racines anciennes, à commencer par ses racines chrétiennes qui ont harmonisé et consolidé les autres. Les racines chrétiennes ne sont pas une mémoire d’exclusivisme religieux, mais un fondement de liberté, parce qu’elles font de l’Europe un creuset de cultures et d’expériences différentes. C’est de ces racines anciennes que les peuples européens ont tiré l’élan qui les a conduits aux confins de la terre et aux profondeurs de l’homme, de sa dignité intangible, de l’égalité fondamentale de tous, du droit universel à la justice et à la paix ».
Le pape explique sa conviction que l’Europe, fidèle à ce passé, peut ainsi contribuer à la paix du monde : « Aujourd’hui, tandis que l’Europe élargit son processus d’union, elle est appelée à retrouver cette énergie en récupérant la conscience de ses racines les plus profondes. Les oublier n’est pas sain. En présupposer simplement l’existence ne suffit pas à embraser l’âme. Les taire rend les cœurs arides. L’Europe sera d’autant plus forte pour le présent et le futur du monde qu’elle se désaltérera aux sources de ses traditions religieuses et culturelles. Le savoir religieux et humain que l’Europe a accumulé au cours des siècles est un patrimoine, malgré toutes les tensions et les contradictions qui l’ont accompagné. Ce patrimoine peut être une fois encore consacré à la croissance de l’humanité tout entière. Je suis convaincu que l’Europe, en s’ancrant solidement à ses racines, accélérera le processus d’union interne et offrira sa contribution indispensable au progrès et à la paix entre tous les peuples de la terre ».
C’est pourquoi il appelle de ses vœux une union plus forte : « Dans un monde divisé qui s’oriente chaque jour un peu plus vers les séparations et les particularismes, il y a un besoin urgent d’unité. Les gens de religions et de cultures différentes sont appelés à découvrir la voie de la rencontre et du dialogue. L’unité n’est pas uniformité. Toutefois, la paix ne se construit pas dans l’ignorance mutuelle, mais au contraire dans la rencontre et le dialogue. Tel est le secret de la rencontre d’Aix-la-Chapelle. Tous, en vous voyant, pourront dire que sur cette voie, la paix entre les peuples n’est pas une utopie lointaine ».
Et de conclure sur le thème de la rencontre: « Le nom du Dieu unique doit devenir chaque jour d’avantage ce qu’il est, un nom de paix et un impératif de paix » (Novo millennio ineunte). C’est pourquoi nous devons intensifier notre rencontre et jeter des fondements de paix solides et partagés. Ces fondements désarment les violents, les rappellent à la raison et au respect, couvrent le monde d’un réseau de sentiments pacifiques ».