CITE DU VATICAN, Dimanche 24 juin 2001 (ZENIT.org) – La rencontre du Conseil pan-ukrainien a réservé des surprises, deux en particulier, de la part des responsables orthodoxes ne dépendant pas de la juridiction de Moscou et de la part du grand rabbin. Le pape a répété l´importance de l´indispensable liberté religieuse, en particulier pour la démocratie
Le pape Jean-Paul II a rencontré cet après-midi, à 16 h 15, heure de Rome, les représentants des différentes confessions chrétiennes et des religions présentes en Ukraine.
Les représentants de l´orthodoxie (Philarète et Méthode), de la communauté protestante, de la communauté juive, et des Musulmans ont comme d´un commun accord remercié le pape Jean-Paul II de sa visite et les autorités ukrainiennes qui ont organisé cette rencontre du « conseil pan-ukrainien des Eglises et des organisations religieuses ».
Les autorités civiles ont en effet elles-mêmes invité les 16 organisations religieuses chrétiennes et non chrétiennes représentées dans le conseil, assurant la « neutralité » nécessaire pour ménager les susceptibilités. C´est pour garantir cette « neutralité » que la rencontre avait lieu au siège de l´Orchestre Philharmonique de Kiev.
La rencontre a été accompagnée par plusieurs surprises. Un geste, vers la fin de la rencontre, lors des salutations: les deux responsables orthodoxes, Philarète et Méthode embrassaient le pape, spontanément, signe du ton de cordialité de la rencontre. « Votre visite aidera et n´aggravera pas les divisions » avait auparavant affirmé Philarète, qui glissait encore quelques mots à l´oreille du pape. En revanche, Vladimir et le patriarcat de Moscou n´étaient pas représentés: seule absence.
Quant au rabbin de Kiev, Alexander Dukhovny, il soulignait en substance (nous nous basons sur les traductions en direct de la télévision italienne Telepace) que le pape lui-même pouvait contribuer à redonner aux Juifs la « conscience » de leur foi juive, dans cette nouvelle phase de l´histoire.
Il avait commencé par la bénédiction traditionnelle, souhaitant au pape de « vivre 120 ans ». Il disait comme en confidence qu´il avait eu une grande joie en apprenant, en 1978, que c´était un Polonais qui avait été élu pape.
La communauté juive d´Ukraine est la troisième plus importante en Europe. Elle a subi la persécution nazie, et Jean-Paul II doit aller se recueillir demain au lieu des massacres de Babyn Jar, où, parmi les nombreuses victimes périrent plus de 100.000 Juifs. « Un des crimes les plus atroces » de l´histoire du siècle passé, disait Jean-Paul II.
Il béatifiera un prêtre qui a été reconnu comme « juste parmi les nations » par le Conseil juif d´Ukraine pour avoir sauvé des enfants juifs sous l´oppression nazie, le P. Emilian Kovch, mort brûlé au camp de Majdanek.
Parmi les thèmes abordés par Jean-Paul II, soulignons le rôle du Conseil de veiller à la « sauvegarde et à la promotion des valeurs spirituelles et religieuses » et à une « entente toujours plus grande ».
A propos des racines chrétiennes du pays, le pape citait sa lettre apostolique de 1988 sur le millénaire du baptême de la « Rus´ de Kiev », et l´entente existant encore à l´époque du prince Vladimir et de la princesse Olga entre Rome et Constantinople, dont les « missionnaires », disait le pape se sont montrés « infatigables ».
Citons seulement quelques phrases:
« Le facteur religieux est une part essentielle de l´identité personnelle de chaque homme ».
« Il n´y a pas de démocratie véritable là où l´une des libertés fondamentales de la personne est piétinée » (la liberté religieuse).
« Ukraine, terre bénie de Dieu, le christianisme constitue une partie indispensable de ton identité civile, culturelle et religieuse! »
« Chrétiens d´Ukraine, que Dieu vous aide à regarder ensemble les nobles origines de votre Nations. Qu´il vous aide à découvrir ensemble les solides raisons d´un chemin œcuménique respectueux et courageux, chemin de rapprochement et de compréhension réciproque, grâce à la bonne volonté de chacun ».
« Votre terre constitue un pont naturel non seulement entre l´Orient et l´Occident, mais aussi entre des peuples qui s´y rencontrent désormais depuis plusieurs siècles ».
« Je voudrais rappeler la consistante présence des Juifs, qui forment une communauté solidement enracinée dans la société et dans la culture ukrainienne. Eux aussi ont souffert des injustices et des persécutions pour être restés fidèles à la religion de leurs pères. Qui pourra oublier l´immense tribut de sang qu´ils ont payé au fanatisme d´une idéologie promouvant la supériorité d´une race sur les autres? »
« Que le souvenir de cet épisode de furie homicide serve d´avertissement salutaire pour tous. De quelles atrocités l´homme est capable lorsqu´il se donne l´illusion de pouvoir se passer de Dieu! »
Le pape citait aussi les monuments dressés, à Kiev, aux victimes de du communisme athée de Holodomor, de Bykivnia, aux morts de la guerre en Afghanistan. « Que le souvenir de ces expérience aide aujourd´hui l´humanité, surtout les jeunes générations, à rejeter toute forme de violence et à grandir dans le respect de la dignité humaine en sauvegardant les droits fondamentaux qui sont enracinés en elle, et pas le moindre, le droit à la liberté religieuse ».
Pour ce qui est des « crimes politiques perpétrés contre la communauté musulmane » en Ukraine, le pape disait: « Je pense en particulier aux Tatares déportés de la Crimée dans les Républiques asiatiques de l´Union soviétique, qui désirent maintenant revenir dans leur terre d´origine. Qu´il me soit permis, à ce sujet d´exprimer le souhait que, grâce à un dialogue ouvert, patient et loyal, on puisse trouver des solutions adéquates en sauvegardant toujours le climat de tolérance sincère et de collaboration effective pour le bien commun ».
« Dans cette œuvre patiente de protection de l´homme et du rai bien social, les croyants ont un rôle particulier à jouer ».
« Continuez sans arrêt à rechercher ensemble un partage croissant des valeurs de la religiosité dans la liberté et de la tolérance dans la justice ».
