CITE DU VATICAN, mercredi 20 juin 2001 (ZENIT.org) – Le card. Joseph Ratzinger et le card. Karl Lehmann: deux grands représentants du catholicisme allemand de ce début de millénaire, deux visions, mais une même passion pour l´Eglise. Le premier travaille depuis presque 20 ans à Rome. Il est préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Le deuxième est président de la Conférence Episcopale allemande, évêque de Mayence, et le symbole des défis que le catholicisme allemand a dû affronter ces dernières années.
C´est peut-être à l´époque du débat concernant la participation des catholiques dans les centres de consultation pour femmes enceinte qui remettaient des certificats permettant aux femmes de subir un avortement sans être pénalisées par la loi, que les deux cardinaux se sont opposés le plus ouvertement.
Le cardinal Lehmann était favorable à la présence des catholiques dans le système des centres de consultation. Il estimait que l´Eglise pouvait ainsi réussir à sauver beaucoup de vies humaines. Face aux protestations de certains catholiques allemands dénonçant une attitude de l´Eglise qui pouvait sembler complice de ces avortements, puisqu´elle était présente dans des centres qui délivraient des certificats permettant l´avortement, le card. Ratzinger a jugé plus important de privilégier la clarté de la position catholique.
Les deux cardinaux se sont alors tournés vers Jean-Paul II qui a demandé à l´Eglise allemande de continuer à aider les femmes enceinte en difficulté, mais de ne plus remettre le certificat permettant l´avortement.
Le débat est maintenant clos mais le card. Lehmann a voulu rappeler que ce qui l´unit au card. Ratzinger est bien plus profond que ce qui peut parfois les séparer.
« Je crois que le travail du card. Ratzinger sera jugé de façon très positive par l´histoire, et même de façon plus positive que l´on imagine aujourd´hui », a declaré le président de la Conférence Episcopale allemande au mensuel américain Inside the Vatican.
Voyant la surprise de Robert Moynihan, le directeur de la revue, qui l´interrogeait, le cardinal allemand a ajouté : « Vous pouvez citer ce que je viens de dire ». « Je considère le travail du card. Ratzinger comme extrêmement positif et je crois qu´avec le temps, le jugement de l´histoire sur son oeuvre sera de plus en plus positif. Il a eu une tâche très difficile, la plus difficile après celle du pape. Je crois qu´il a très bien accompli sa tâche ».
« Il est nécessaire de mettre des limites comme il l´a fait, dire ce que l´on peut et ce que l´on ne peut pas accepter », a ajouté le card. Lehmann.
Robert Moynihan voit dans ces déclarations l´un des fruits peut-être les plus clairs du consistoire qui s´est déroulé à Rome du 21 au 24 mai.
« Je crois que le card. Lehmann a tendu délibérément un rameau d´olivier à un moment où beaucoup voient un éloignement le plus en plus grand entre l´Eglise d´Allemagne et la Curie romaine ». Et d´ailleurs, conclut le journaliste américain, la réunion des 155 cardinaux a clairement montré « la nécessité de réaffirmer l´importance de l´autorité de Rome », même si elle a demandé en même temps une plus grande collégialité.