CITE DU VATICAN, Jeudi 31 mai 2001 (ZENIT.org)- Au moment où le pape Jean-Paul II vient de lancer un nouvel appel à la paix dans les Balkans, et d´envoyer un message autographe pour la paix au Moyen Orient, le livre de Mgr Olivier de Berranger – « La paix sera le dernier mot de l´histoire » – vient nourrir l´espérance et la réflexion. « La guerre n´est pas inéluctable », affirme l´évêque français.
Ce nouveau « Cahier de l´Ecole cathédrale » (N° 47, éd. Parole et Silence, 2001, 154 p.) se présente en cinq volets: « Appeler le meurtre par son nom… », « La guerre est en soi irrationnelle… », « Quelle est votre idée de l´homme… », « Philosophie politique? », « Offre le pardon, reçois la paix… », et s´achève sur les 23 messages de Jean-Paul II pour la Journée mondiale de la paix, et inaugurée par Paul VI en 1964, le 1er janvier de chaque année.
Mgr de Berranger puise à l´enseignement de Jean-Paul II qui affirmait en 2000: « À tous, je dis que la paix est possible. Il faut l´implorer comme un don de Dieu, mais il faut aussi la construire jour après jour, avec son aide, par les œuvres de la justice et de l´amour ». L´évêque lance cette invitation: « Commençons par écouter le pape dénoncer avec tant de lucidité les méfaits monstrueux de la guerre ».
Dans « l´Ouverture » du livre, Mgr de Berranger écrit en effet: « Devant des accès de violences, quel est celui d´entre nous qui, un jour au moins, n´a senti monter en lui le désir impérieux de la paix ? La paix entre les nations en guerre, mais aussi chez ses proches… Qui de nous n´aspire à la paix, en soi-même, dans son entourage et dans le monde ? Jean-Paul II veut conforter et éduquer cette aspiration à la paix. Chaque année, il rédige un message pour la Journée Mondiale de la Paix, le 1er janvier. De tels messages sont une mine à explorer.
« La guerre n´est pas inéluctable. Nous nous souvenons du cri prophétique que le pape Paul VI a lancé à l´ONU : » Plus jamais la guerre ! » Ce cri a trouvé un écho profond en tout homme qui aspire à la paix. C´est pourquoi ce grand pape inaugura en 1967 ces Journées Mondiales de la Paix. » Tout au long de son pontificat, écrit Jean-Paul II, Paul VI a marché avec vous sur les chemins difficiles de la paix. Il partageait vos angoisses quand elle était menacée. Il souffrait avec ceux que submergeaient les malheurs de la guerre. Il encourageait tous les efforts pour restaurer la paix. Il entretenait en toutes circonstances l´espérance, avec une indomptable énergie. Convaincu que la paix est l´œuvre de tous, il avait lancé en 1967 l´idée d´une Journée Mondiale de la Paix, en souhaitant que vous vous en empariez comme d´une initiative qui vous serait propre. Chaque année, depuis lors, son Message offrait aux responsables des nations et des organisations internationales l´occasion de renouveler et d´exprimer publiquement ce qui légitime leur autorité : faire progresser et cohabiter dans la paix des hommes libres, justes et fraternels. Les communautés les plus diverses se rencontraient pour fêter le bien inestimable de la paix et pour affirmer leur volonté de la défendre et de la servir. »
« Et Jean-Paul II continue : » Je recueille des mains de mon vénéré prédécesseur le bâton de pèlerin de la paix. Je suis sur la route, à vos côtés, avec l´Évangile de la paix. « Bienheureux les artisans de paix ». » (1979)
« Inlassablement, depuis 23 ans, ce nouveau pèlerin de la paix a sillonné les routes du monde, à la rencontre des hommes et des femmes, sous toutes les latitudes et de toutes les religions, à la rencontre aussi des jeunes et des enfants. D´où lui vient cette patience à enseigner l´Évangile de la paix ? Le pape est convaincu que » la paix est un don de Dieu « . Il sait qu´il » dépend des hommes que ce don soit accueilli pour bâtir un monde de paix » (1996). Mais, fort de » cette promesse divine « , le pape ne cesse d´affirmer » que la paix est possible parce que rien n´est impossible à Dieu » (1992). Se souvenant des drames sanglants du XXème siècle, il ose confier: » À tous, je dis que la paix est possible. Il faut l´implorer comme un don de Dieu, mais il faut aussi la construire jour après jour, avec son aide, par les œuvres de la justice et de l´amour. » (2000)
« À la charnière de deux millénaires, en mars 2000, son pèlerinage s´est arrêté à Jérusalem, la cité de la paix. Dans le Mur du Temple, le pèlerin a déposé sa demande de pardon , geste ô combien éloquent ! Comme si ses multiples pèlerinages pour la paix trouvaient leur ultime signification dans cette démarche du successeur de Pierre, pèlerin à Jérusalem. N´avait-il pas déjà écrit que » le pardon offert et reçu est le préalable indispensable pour s´acheminer vers une paix authentique et stable » (1997) ? Jérusalem est d´abord le signe du pardon que Dieu offre aux hommes. Ceux d´hier ont eu besoin de ce signe, comme nous le lisons dans l´Écriture Sainte. Penser à Jérusalem était pour eux source inaltérable de consolation.
« Plaise à Dieu que ce signe redevienne le lieu visible d´un appel universel et comme le gage permanent d´un don accordé dans l´Histoire à tous les hommes de bonne volonté. Car les hommes d´aujourd´hui et de demain ont tout autant besoin de ce signe. En effet, ayant en mémoire notre XXème siècle, constatant les mille et une difficultés à vivre en paix, confrontés au spectacle ininterrompu de conflits toujours renaissants, nos contemporains en viennent à désespérer de la paix et se résignent parfois à la violence. Jérusalem demeure le signe de la paix, de ce don que Dieu fait à l´humanité en lui accordant sans cesse le bienfait de son pardon. Comme l´écrit l´apôtre Paul : » le Christ est notre paix. » (Ep 2,14)
« Les vingt trois messages pour la paix signés par Jean-Paul II sont une forte méditation sur les racines de la paix et sur ses obstacles. Les pages qui suivent veulent faire pénétrer progressivement dans la richesse de ces messages. Elles voudraient encourager et nourrir tous ceux qui font la paix, ces » bienheureux » aux yeux de Dieu. Elles veulent montrer qu´au delà du piège renaissant des violences et des convoitises, il est possible de s´avancer résolument sur le chemin de la paix, de la vérité, de la justice et de la réconciliation. Elles souhaitent aider certains à prendre la décision difficile d´entrer dans un chemin de pardon pour être à leur tour artisans de paix. Commençons par écouter le pape dénoncer avec tant de lucidité les méfaits monstrueux de la guerre ». »
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Notes:
1. Chaque Message du pape destiné à la Journée Mondiale pour la Paix du 1er janvier, est signé le 8 décembre de l´année qui précède. Pour chaque extrait d´un Message cité, le livre indique l´année du 1er janvier pour laquelle ce Message a été rédigé.
2. » Dieu de nos pères, Tu as choisi Abraham et sa descendance pour que ton Nom soit apporté aux nations : Nous sommes profondément attristés par le comportement de ceux qui, au cours de l´histoire, les ont fait souffrir, eux qui sont tes fils, et, en te demandant pardon, nous voulons nous engager à vivre une authentique fraternité avec le Peuple de l´Alliance. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen. Dimanche, 26 mars 2000. « , in Doc. Cath. n°2224 (16 avril 2000), p.384.
Mgr Olivier de Berranger , évêque de Saint-Denis-en-France, est né à Courbevoie en 1938. Prêtre depuis 1964, il a été consacré évêque à Saint-Denis en 1996. Il est président de la Commission sociale de la Conférence des évêques de France.