Unité des chrétiens et Année de la vie consacrée: le Monastère invisible

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Congrès oecuménique au Vatican (texte intégral)

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Les consacrés sont « les premiers animateurs » du « Monastère invisible » regroupant tous ceux qui prient pour l’unité des chrétiens dans le monde, déclare le pape François. Il les encourage donc « à prier pour l’unité des chrétiens et à traduire cette prière dans [leurs] comportements et gestes quotidiens », car « il n’y a pas d’unité sans prière ».

Au terme de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier), le pape a reçu les participants à un Congrès œcuménique de personnes consacrées, le 24 janvier 2015, au Vatican, sous la houlette de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, dans le cadre de l’Année de la vie consacrée.

Le pape a mis en lumière les caractéristiques de la vie consacrée bénéfiques à la cause de l’unité des chrétiens, en particulier « la recherche de l’union avec Dieu et de l’unité à l’intérieur de la communauté fraternelle ».

La vie consacrée « révèle aussi que l’unité ne peut se réaliser qu’en marchant ensemble », en parcourant « le chemin de la fraternité dans l’amour, dans le service, dans l’accueil réciproque ».

« La vie religieuse rappelle qu’au centre de toute recherche d’unité, et donc de tout effort œcuménique, il y a avant tout la conversion du cœur, qui implique « demande » et « concession » du pardon », a-t-il ajouté : « Il n’y a pas d’unité sans conversion ».

Enfin, l’appel – universel – à la « sainteté de vie » : « vivre une vie de sainteté » est « le seul vrai chemin qui mène à l’unité », a affirmé le pape.

A.K.

Discours du pape François

Messieurs les cardinaux,
Chers frères et sœurs,

Je vous souhaite à tous la bienvenue et remercie le cardinal Braz de Aviz pour les paroles qu’il m’a adressées au nom de tous. Je me réjouis que cette initiative ait réuni des religieux et religieuses de différentes Églises et communautés ecclésiales, que je salue très chaleureusement. Il est particulièrement significatif que votre rencontre ait lieu durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens ; chaque année celle-ci nous rappelle que l’œcuménisme spirituel est « l’âme du mouvement œcuménique », comme l’a souligné le Décret conciliaire Unitatis redintegratio (n. 8), dont nous avons célébré récemment le 50e anniversaire.

Je voudrais partager avec vous certaines pensées sur l’importance de la vie consacrée pour l’unité des chrétiens.

La volonté de rétablir l’unité entre les chrétiens est présente naturellement dans toutes les Églises, et intéresse le clergé comme les laïcs (cf. ibid., 5). Mais la vie religieuse, qui trouve son origine dans la volonté du Christ et dans la tradition commune de l’Église indivise, a sans doute une vocation particulière dans la promotion de cette unité. Ce n’est du reste pas un hasard si beaucoup de pionniers de l’œcuménisme étaient des hommes et des femmes consacrés. Encore aujourd’hui, plusieurs communautés religieuses se consacrent intensément à cet objectif et sont des lieux privilégiés de rencontre entre chrétiens de différentes traditions. Dans ce contexte, je mentionnerais aussi les communautés œcuméniques comme celles de Taizé et de Bose, toutes deux présentes à ce colloque. Rechercher l’union avec Dieu et l’unité à l’intérieur de la communauté fraternelle fait partie de la vie religieuse, c’est une manière de répondre, de manière exemplaire, à la prière du Seigneur «  que tous soient un » (Jn 17,21).

Votre rencontre s’est déroulée à l’Institut patristique Augustinianum. Saint Augustin ouvre sa Règle par cette affirmation particulièrement éloquente : « Puisque telle est la raison pour laquelle vous vous êtes rassemblés en un même lieu, avant tout vivez unanimes en votre maison et n’ayez qu’une seule âme et un seul cœur tournés vers Dieu. » (I, 3). La vie religieuse nous montre précisément que cette unité n’est pas le fruit de nos efforts: l’unité est un don de l’Esprit Saint, qui réalise l’unité dans la diversité. Elle nous révèle aussi que cette unité ne peut se réaliser que si nous marchons ensemble, que si nous parcourons le chemin de la fraternité dans l’amour, dans le service, dans l’accueil réciproque.

Il n’y a pas d’unité sans conversion. La vie religieuse nous rappelle qu’au centre de toute recherche d’unité, et donc de tout effort œcuménique, il y a avant tout la conversion du cœur, qui implique «  demande » et « concession » du pardon. Celle-ci consiste en grande partie à convertir notre regard : essayer de nous regarder les uns les autres en Dieu, et savoir nous mettre à la place de l’autre. Deux défis à relever pour trouver l’unité au sein des communautés religieuses et entre les chrétiens de différentes traditions.

Il n’y a pas d’unité sans prière. La vie religieuse est une école de prière. L’engagement œcuménique répond, en premier lieu, à la prière du Seigneur Jésus et se base essentiellement sur la prière. Un des pionniers de l’œcuménisme et grand promoteur de l’Octave pour l’Unité, le P. Paul Couturier, utilisait une image qui illustre bien ce lien entre l’œcuménisme et la vie religieuse : il comparait tous ceux qui prient pour l’unité, et le mouvement œcuménique en général, à un « monastère invisible » qui réunit les chrétiens de différentes Églises, de divers pays et continents. Chers frères et sœurs, vous êtes les premiers animateurs de ce «  monastère invisible » : je vous encourage à prier pour l’unité des chrétiens et à traduire cette prière dans vos comportements et gestes quotidiens.

Il n’y a pas d’unité sans sainteté de vie. La vie religieuse nous aide à prendre conscience de l’appel adressé à tous les baptisés : vivre une vie de sainteté, le seul vrai chemin qui mène à l’unité. Comme l’illustre très bien le décret conciliaire Unitatis redintegratio par ces paroles incisives : « Que les fidèles se souviennent tous qu’ils favoriseront l’union des chrétiens, bien plus, qu’ils la réaliseront, dans la mesure où ils s’appliqueront à vivre plus purement selon l’Évangile. Plus étroite, en effet, sera leur communion avec le Père, le Verbe et l’Esprit Saint, plus ils pourront rendre intime et facile la fraternité mutuelle. » (n. 7).

Chers frères et sœurs, tout en vous remerciant du témoignage que vous rendez à l’Évangile par votre vie et du bien que vous faites en servant la cause de l’unité, je prie le Seigneur de bénir abondamment votre ministère et de vous inspirer pour travailler inlassablement pour la paix et la réconciliation entre toutes les Églises et les communautés chrétiennes. Je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi et, de tout cœur, je vous bénis. Demandons la bénédiction au Seigneur en récitant, chacun dans notre langue, la prière du Seigneur.

[Notre Père…]

Que le Seigneur nous bénisse tous.

© Traduction de Zenit

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Francis NULL

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