Migrants sur une plage de Lesbos, 29 janvier 2016 - Cortesia JRS

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ONU : s’attaquer aux causes de la migration, par Mgr Camilleri

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Des avancées obtenues par la communauté internationale

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La communauté internationale a « l’obligation » de s’attaquer aux « facteurs négatifs sous-jacents de la migration » tels que « la persécution politique et religieuse », les « actes de violence et de discrimination », « l’extrême pauvreté » et « la dégradation de l’environnement ». C’est ce qu’a rappelé Mgr Antoine Camilleri qui, par ailleurs, a salué l’engagement de la communauté internationale dans la réalisation des buts et des objectifs de l’Agenda 2030 ainsi que du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire pour les relations avec les États, est intervenu dans le débat de haut niveau sur les migrations internationales à la table-ronde 1 consacrée au thème : Aperçu des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs en matière de migration, à New York, le 27 février 2019.

Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières reste « l’ensemble le plus complet de pratiques exemplaires et d’instruments de politique qui existe au sein du système international », s’est aussi félicité le représentant du Saint-Siège. Il permet aux États de « travailler ensemble avec une plus grande cohésion, de concert avec le système des Nations Unies ». « Lorsque la migration est bien gérée, elle devient à la fois volontaire et durable », a affirmé Mgr Camilleri, elle peut alors devenir une chance pour tous.

Voici notre traduction du discours de Mgr Camilleri.

HG

Discours de Mgr Antoine Camilleri

Éminents panélistes,

Si quelqu’un écoutait les nouvelles pour la toute première fois aujourd’hui, il pourrait supposer que la migration est synonyme d’insécurité aux frontières, de catastrophe humanitaire et de traite des personnes. La vérité éprouvée selon laquelle la migration est en grande partie régulière, signe d’une économie saine et fondement de nombreux États nations modernes, fait rarement la une des journaux. Pourtant, lorsqu’on regarde de plus près notre histoire personnelle ou celle des communautés et des pays où nous vivons ensemble, on reconnaît facilement l’évidence : la migration, surtout quand elle est bien gérée, sûre, ordonnée et régulière, apporte une contribution indéniablement positive et nécessaire au développement de la culture, de l’économie et de la société.

Comme nous l’entendrons souligner tout au long du débat d’aujourd’hui, la migration est un fait. Il est indéniable que cela peut créer des défis et que les causes profondes des migrations forcées et des déplacements internes doivent être traitées, d’abord par les gouvernements nationaux, ainsi que par la coopération internationale. Cependant, lorsque la migration est bien gérée, elle devient à la fois volontaire et durable. C’est le travail auquel la communauté internationale s’est engagée dans les buts et objectifs de l’Agenda 2030 et c’est la base des meilleures pratiques et des instruments politiques qui forment le fondement de l’approche à 360 degrés adoptée par le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (PMM).

Éminents panélistes,

Il est triste de constater que de nombreux migrants sont contraints de quitter leur foyer. Confrontés à la persécution politique et religieuse, aux actes de violence et de discrimination, à l’extrême pauvreté et à la dégradation de l’environnement, les migrants fuient pour survivre et pour protéger leur famille. Telles sont les causes profondes des urgences humanitaires, de l’insécurité aux frontières et des situations de traite des êtres humains qui font la une des journaux. Ce sont les facteurs défavorables qui sapent le droit antérieur de chaque individu de rester dans son pays d’origine, dans la paix et la sécurité, et de mener une vie prospère.

Nous sommes ici aujourd’hui parce que nous avons l’obligation, en tant que communauté internationale, de nous attaquer à ces facteurs négatifs sous-jacents de la migration, alors même que nous nous efforçons de rendre la migration régulière toujours plus sûre, toujours plus ordonnée, toujours plus régulière et donc toujours plus profitable pour tous.

Nous le faisons en prenant des mesures concrètes pour mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes partout dans le monde. Nous le faisons en garantissant une vie saine. Nous le faisons en assurant le bien-être matériel et spirituel de nos enfants et de nos jeunes. Nous le faisons en nous engageant en faveur d’une éducation inclusive et équitable de qualité et en promouvant des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous. Nous le faisons en luttant contre les inégalités et la violence, en assurant un travail décent, en luttant contre les changements climatiques et en construisant des sociétés plus pacifiques et plus inclusives, avec des institutions plus responsables et efficaces à tous les niveaux. Bref, nous le faisons en respectant les engagements de l’Agenda 2030 et en assurant le développement humain intégral de chaque personne à tous les âges.

Éminents panélistes,

Tous les migrants, quel que soit leur statut, méritent d’être traités avec dignité et de voir tous leurs droits fondamentaux respectés et protégés tout au long de leur parcours migratoire, y compris lorsqu’ils ne peuvent rester. « Accueillir les autres, comme l’a dit le pape François, exige un engagement concret, un réseau d’assistance et de bonne volonté, une attention vigilante et bienveillante, une gestion responsable de situations nouvelles et complexes qui, parfois, aggravent de nombreux problèmes existants, sans parler des ressources, qui sont toujours limitées. En pratiquant la vertu de prudence, les dirigeants gouvernementaux devraient prendre des mesures concrètes pour accueillir, promouvoir, protéger, intégrer et, dans les limites permises par une compréhension correcte du bien commun, permettre [à ceux-ci] de faire partie d’une nouvelle société » (1).

Cette approche réaliste et holistique de la gestion des migrations internationales informe l’ensemble du PMM. Comme pour tout document vivant, il y aura toujours de la place pour des améliorations, en particulier par le biais du Forum international Migration and Review. Le PMM demeure toutefois l’ensemble le plus complet de pratiques exemplaires et d’instruments de politique qui existe au sein du système international, offrant aux États la possibilité de travailler ensemble avec une plus grande cohésion, de concert avec le système des Nations Unies, pour faire en sorte que la migration internationale soit véritablement avantageuse pour tous.

Je vous remercie.

(1) Pape François, Discours aux membres du Corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège pour l’échange traditionnel des vœux du Nouvel An, 8 janvier 2019.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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