Les saints au Paradis (s. Alphonse de Liguori), église San Gioacchino in Prati © ZENIT - HSM

Les saints au Paradis (s. Alphonse de Liguori), église San Gioacchino in Prati © ZENIT - HSM

Les chemins de sainteté, par le cardinal Amato

Print Friendly, PDF & Email

Entretien dans L’Osservatore Romano (Traduction)

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Au terme de l’année 2017, qui a vu la publication de deux documents de la Congrégation pour les causes des saints – le motu proprio Maiorem hac dilectionem du 11 juillet 2017, et l’instruction Les reliques dans l’Eglise : authenticité et conservation le 16 décembre – le préfet du dicastère, le cardinal Angelo Amato explicite les divers chemins de sainteté.
Dans les pages de L’Osservatore Romano daté du 5 janvier 2018, le préfet du dicastère évoque notamment le nouveau critère pour introduire les procès en béatification et canonisation, s’ajoutant aux trois autres existant préalablement : « l’offrande de la vie », où le baptisé a accepté une mort prématurée pour le service des autres.
Voici notre traduction de l’entretien, avec l’autorisation du quotidien du Vatican.
Le motu proprio « Maiorem hac dilectionem », sur la vie offerte a introduit une importante nouveauté dans la procédure traditionnelle de la congrégation. Des changements ont déjà eu lieu dans l’iter des causes en canonisation ?
Il faudrait peut-être préciser le contenu de cette vie offerte dont parle le document. Pour la législation actuelle, avant le motu proprio, il y avait, sauf rare exception, deux chemins conduisant à la béatification d’un serviteur de Dieu : celui fondé sur l’héroïcité des vertus et celui fondé sur le martyre. Maintenant s’ajoute une troisième situation qui concerne ces chrétiens qui, suivant de plus près les traces et les enseignements du Seigneur Jésus, offrent leur vie aux autres volontairement et librement, et persévèrent jusqu’à la mort dans cette voie. Pour l’instant on n’a pas de causes en béatification structurée de cette façon.
A quoi est-ce dû ?
Je pense que l’on doit encore bien assimiler cette troisième voie qui, bien que nettement différente de celles de l’héroïcité des vertus et du martyre, prévoit des modalités précises d’activation. Le motu proprio, en effet, énumère cinq critères pour dire qu’une vie a été « offerte ». Le premier et le plus important demande l’héroïque acceptation propter caritatem d’une mort certaine et à brève échéance. Mais il ne s’agit pas de martyre car le martyre prévoit l’odium fidei de la part du persécuteur. Bien entendu, le serviteur de Dieu doit avoir vécu de manière ordinaire les vertus chrétiennes.
Pouvez-vous donner quelque exemple ?
Entreraient dans ce cas de figure — après un examen minutieux de chaque cas — ceux par exemple, qui, durant une peste, sont infectés par le virus en assistant par charité les malades et succombent, contaminés par le même mal. Il n’y a pas eu martyre, car il n’y a pas de persécuteur qui haïsse la foi chrétienne, nous sommes ici dans le cas d’une vie offerte usque ad mortem. Ça serait le cas aussi pour ces chrétiens — comme les évêques, les curés de paroisse, les missionnaires, les médecins, les éducateurs, les militaires, les pères et mères de famille — qui s’offrent dans un acte de charité personnel ou social tellement risqué que l’on est sûr que leur vie fut un sacrifice. Un autre exemple pourrait être celui de ces chrétiennes enceintes qui, pour ne pas nuire à l’enfant qu’elles portent dans leur ventre, refusent les soins dont elles ont besoin pour leur santé, allant ainsi, vers une mort prématurée certaine. Autre attitude héroïque, celle d’un jeune qui prend librement et par charité chrétienne la place d’un condamné à mort père de famille avec des enfants petits. Autre cas encore, celui d’un aumônier militaire qui, au lieu de se mettre à l’abri, continue de porter assistance à un moribond sous le feu ennemi, jusqu’à se faire tuer. Comme vous voyez les exemples peuvent être nombreux, on doit les analyser et documenter avec une extrême attention.
Y a-t-il eu déjà eu des cas de ce genre par le passé ?
Certainement, mais ils ont été traités dans le domaine des deux voies traditionnelles. Par exemple, Louis de Gonzague (1568-1591) obtint l’autorisation de ses supérieurs de s’occuper des malades lors de l’épidémie de peste à Rome, il fut contaminé et mourut. Damien de Veuster (1840-1889), missionnaire dans les îles Hawaii, se porta volontaire pour assister les lépreux de l’ile Molokai, où il attrapa la maladie. Sa cause a suivi elle aussi la voie des vertus. La même chose vaut pour Gianna Beretta Molla (1922-1962), mère de famille et médecin. A sa troisième grossesse, elle se soumit à une opération chirurgicale difficile. Son unique demande aux médecins fut : « sauvez ma créature ». Une semaine après son accouchement elle mourut victime de son sacrifice pour sauver sa fille. Pour conclure, le motu proprio de juillet dernier introduit officiellement dans les procédures des causes en béatification un nouveau modèle de sainteté canonisable : suivre le Christ en imitant son acte suprême d’amour, comme dit l’évangile de Jean : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».
Nous savons que l’instruction des reliques du 17 décembre a eu une longue gestation. A quelles exigences cela est-il dû ?
A l’urgence de clarté concernant la signification, la valeur, l’authenticité et la conservation des reliques.
Que sont les reliques et pourquoi sont-elles vénérées dans l’Eglise ?
Selon la bimillénaire tradition chrétienne, les images et les reliques de saints sont tenues en grande considération dans l’Eglise. La raison de leur vénération repose sur le fait que le corps des bienheureux et des saints furent sur terre le temple vivant de l’Esprit Saint et l’instrument de leur sainteté.
Il y a différentes sortes de reliques ?
Les reliques se divisent en reliques spéciales et non spéciales. On considère que le corps des bienheureux et des saints ou des parties importantes de leur corps ou tout le volume de leurs cendres dérivant de leur crémation sont des reliques qui ont une dignité spéciale. Pour garantir leur bonne conservation et leur vénération, pour éviter d’éventuels abus, elles sont conservées dans des urnes scellées et placées dans des lieux qui garantissent leur sécurité et favorisent leur culte.
Et les reliques dites non spéciales ?
Il s’agit de petits fragments des corps de bienheureux et de saints ou d’objets qui ont été en contact direct avec leurs personnes. Les reliques non spéciales, conservées dans des écrins spéciaux, sont objets eux aussi d’honneur et de vénération.
Quels sont les aspects particuliers du document ?
L’instruction est d’une grande utilité pour les évêques et les éparches car elle offre des normes précises relatives à la reconnaissance des restes mortels des bienheureux et des saints, à leur translation d’un lieu à un autre ou à leur éventuel pèlerinage d’une ville ou nation à une autre. Pour toutes ces opérations, en plus des permissions des autorités ecclésiastiques et civiles impliquées, il faut le consentement de la Congrégation pour les causes des saints.
Traduction de Zenit, Océane Le Gall

Share this Entry

Océane Le Gall

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel