Card. Sandri en Roumanie 2017 © ro.radiovaticana.va

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« L’Église est comme la conscience de l’humanité », par le cardinal Sandri

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Bilan de l’année 2018 et défis pour le futur

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« L’Église est comme la conscience de l’humanité », affirme le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Églises orientales : « elle répète qu’il faut trouver les voies pour construire une société plus juste et plus équitable. Et cela ne peut advenir à travers la violence et les armes ».
C’est ce que le cardinal Sandri a dit dans une interview à L’Osservatore Romano en italien publiée le 5 janvier 2019. Il a parlé de ses nombreux voyages au Moyen-Orient en 2018 et a souligné que la liberté religieuse était un élément fondamental pour la coexistence pacifique et pour la construction d’une société plus civile et humaine.
« Le pape, a rappelé le préfet, a lancé un appel parmi les plus dramatiques de son pontificat pendant la rencontre avec les patriarches et les chefs des Églises au Moyen-Orient qui s’est tenue à Bari le 7 juillet dernier » : « il a réaffirmé la dénonciation de l’Église contre le trafic d’armes et contre ceux qui profitent de ce commerce pour garder les gens contraints par la peur et par la mort ».
Le « grand écho » de la rencontre à Bari
« La politique doit être au service de la paix, a déclaré le cardinal. Nous espérons que ceux qui tiennent entre leurs mains le gouvernail des nations, surtout de celles qui sont définies comme ‘des puissances’, sont disposés à collaborer à ce service de l’humanité. »
Le cardinal Sandri a parlé des signaux importants nés après la rencontre de paix à Bari : « La conscience a grandi, parmi les catholiques et les orthodoxes, du devoir de promouvoir la paix et de le faire ensemble, a-t-il dit : c’est-à-dire de faire ce qui est possible pour que toutes les composantes de la société, au-delà de leur appartenance religieuse, s’unissent et construisent ensemble un avenir meilleur. »
Il a aussi souligné que « parmi les autorités et les responsables civils, la rencontre de Bari a eu un grand écho, même si de nombreux problèmes demeurent ».
Un autre défi à affronter est la liberté religieuse, a affirmé le préfet : « Tous les derniers papes, jusqu’au pape François, le répètent : la liberté religieuse est essentielle pour construire un monde où chacun est respecté. »
« Si la liberté fondamentale de pouvoir vivre sa propre croyance vient à manquer, a-t-il noté, ce pays, même s’il peut sembler développé, reste au contraire profondément blessé. » Selon le cardinal, « les catholiques veulent être en première ligne pour aimer leur patrie, pour la servir et se mettre à la disposition des pauvres et des plus démunis ». « C’est le grand défi que nous devions affronter », a-t-il ajouté.
L’œuvre « extraordinaire » de la Roaco
Le cardinal Sandri s’est aussi arrêté sur l’activité de la Réunion des œuvres d’aide aux Églises orientales (Roaco) qui a fêté ses cinquante ans en 2018.  « La Roaco, a-t-il dit, a accompli une œuvre extraordinaire. » Elle s’est « engagée surtout dans la promotion de la charité », « mais elle s’est aussi occupée de garder vivante la flamme de nos frères orientaux, non seulement en offrant une aide pour la construction des églises », mais aussi « en apportant une contribution importante pour les activités pastorales, la formation des clercs et des religieux, ainsi que dans le domaine du développement de la personne humaine, à travers écoles et hôpitaux, sans oublier la promotion sociale de la femme ».
« Ce sont des choses que la Roaco a déjà faites ces dernières années, mais elles représentent un objectif qui devra encore être poursuivi de manière toujours plus intense, a souligné le cardinal. Maintenant, c’est le moment non seulement d’apporter des aides, mais aussi de guérir l’esprit des victimes des guerres, surtout les jeunes et les enfants qui sont restés blessés dans leur cœur. »
Avec les membres de la Roaco, le cardinal Sandri a visité les camps de réfugiés au Liban. « Cette nation, a-t-il salué, a montré qu’elle avait un grand cœur en accueillant tant de Syriens qui fuient la guerre. » Le préfet souhaite « une intervention internationale » pour aider le Liban « à reconstruire une société de la coexistence ».
« Il faut donner au Liban, a-t-il souligné, la reconnaissance qu’il mérite pour tout ce qu’il a fait jusqu’ici et le Liban et les Libanais, à commencer par les chrétiens, doivent redécouvrir chaque jour leur vocation et leur mission. Espérons que la paix souhaitée continuellement par le pape pour la Syrie bien-aimée arrive bientôt, afin que ceux qui ont quitté leur terre soient mis dans les conditions de pouvoir y retourner en sécurité et dans la stabilité. »
« Une occasion d’apporter réconfort et soutien »
Le cardinal Sandri a aussi partagé ses impressions de voyages effectués au cours de l’année passée.
Les visites des Églises orientales, a-t-il dit, sont « une occasion d’apporter réconfort et soutien à nos fidèles et aux pasteurs », notamment dans les pays en guerre, comme la Syrie, l’Irak. « Ce réconfort s’est essentiellement exprimé par les larmes, a constaté le cardinal. Nous avons fait l’expérience de toute notre impuissance devant le supplice des victimes des persécutions, des bombardements et des enlèvements. Aller dans ces pays signifiait donc manifester notre proximité et partager nos larmes, y compris pour l’indifférence du monde devant ces drames. »
Au cours d’autres voyages – comme ceux au Liban ou en Terre Sainte – le cardinal Sandri a « perçu un autre esprit » : « il s’agit de visite surtout à l’enseigne de l’espérance ». Il a parlé, entre autres, de sa rencontre au Liban avec les évêques de Syrie, qui étaient venus jusqu’à la frontière : « J’ai partagé cette espérance avec eux, a dit le préfet. Et la tristesse a laissé place à la confiance, parce que nous voulons les accompagner dans la reconstruction d’un monde de coexistence et de fraternité avec les musulmans et avec toutes les personnes qui vivent au Moyen-Orient. »
La visite en Terre Sainte, a raconté le cardinal, lui a donné l’occasion « de rendre hommage à la grande figure de Paul VI ». « Le fil conducteur de ce voyage d’alors, a été cet amour intelligent et solidaire qu’il a alimenté avec le pèlerinage de 1964 et qu’il a « scellé » avec [l’exhortation apostolique, ndt] Nobis in animo du 25 mars 1974, un texte encore actuel et avec d’importantes intuitions sur Jérusalem, la Terre Sainte et, plus généralement, la présence chrétienne au Moyen-Orient, que toute l’Église est appelée à soutenir avec reconnaissance et charité fraternelle. »
Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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