Le Prix "Pierre Lafue" au cardinal Poupard : "Au coeur du Vatican"

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Et « au cœur des cultures »

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CITE DU VATICAN, Vendredi 11 juin 2004 (ZENIT.org) – Le cardinal Paul Poupard, « ministre de la Culture » de Jean-Paul II, s’est vu attribuer le Prix de la Fondation « Pierre Lafue » pour le livre « Au coeur du Vatican » publié en 2003 aux éditions Perrin/Mame : un voyage aussi « au cœur des cultures » et une occasion pour le cardinal Poupard de rendre hommage à Pierre Lafue : « un témoin privilégié, germaniste et écrivain », journaliste « hors pair » et « historien ».

Le Prix a été remis au cardinal Poupard, président du Conseil pontifical de la Culture, mercredi dernier, 9 juin, à l’Unesco, à Paris.

Le cardinal Poupard confiait à cette occasion « qu’aucun autre » de ses livres ne lui a « donné ce bonheur que tant et tant de lecteurs connus et inconnus lui ont « partagé » après leur lecture.

L’auteur rappelait que le livre conduit le lecteur non seulement « Au coeur du Vatican », mais d’abord dans son Anjou natal, puis à Paris, à Varsovie, Ljubljana, Budapest, Klingenthal, Moscou, Bangkok, Mexico, Rio de Janeiro, New York, Québec, Bangalore, Nagasaki, Abidjan, Kinshasa, Nairobi, Yaoundé, Jérusalem, et tant d’autres villes, « au coeur des cultures de notre vaste monde ».

A propos de la fondation Pierre lafue, le cardinal Poupard disait sa « gratitude respectueuse » à Madame Yolande D’Argence Lafue, qui a créé la Fondation Pierre Lafue, au Chancelier de l’Institut de France « qui la seconde activement dans sa Présidence », « ainsi qu’à tous les Membres du Jury ».

« La liste des prix décernés depuis sa création est impressionnante, tant par la qualité des oeuvres que par la personnalité de leurs auteurs, soulignait le cardinal Poupard. Et je mesure l’honneur immérité que vous m’avez réservé en m’introduisant dans cette illustre pléiade ».

« En fait de mérites, je voudrais brièvement évoquer ceux du regretté Pierre Lafue, continuait le cardinal Poupard, et vous confier combien j’ai été saisi par ces propos « pris sur le vif » que, chère Yolande D’Argence, vous m’avez adressés en souvenir de votre mari Pierre Lafue. Tout un monde, que je croyais englouti, s’est mis pour moi soudain à revivre sous la plume vivante, parfois piquante, mais jamais méchante, d’un journaliste hors pair qui, pendant plus d’un demi-siècle, confie à son Journal ses réflexions jetées à chaud, au sortir d’entretiens étonnants avec des hommes qui furent protagonistes de notre histoire, de Lénine à Hitler, de Mussolini à Ilya Ehrenbourg. Comment oublier la confidence désabusée de l’auteur du Temps retrouvé ? « Je dirais que ce fut l’histoire réussie d’une vie ratée », les portraits contrastés de Pierre Drieu La Rochelle et de Charles Maurras, Henri Massis et Jean-Paul Sartre, le combat enfiévré de l’auteur de Sous le soleil de Satan, et l’évocation toute en nuances de Georges Mandel, curieux homme ou grand homme d’Etat ?, les préludes à la catastrophe de 1939, la Place Beauveau en mars 1940, l’intermède de Tours en mai, et en septembre, les deux clans littéraires des deux cafés de Saint-Germain-des-Prés, de Lipp aux Deux Magots ».

A propos du pape Montini, et de Pierre Lafue, le cardinal Poupard cite cette anecdote significative lors d’un déjeuner à la Villa Bonaparte, siège de l’ambassade de France près le Saint-Siège, où Pierre Lafue, invité par l’ambassadeur Vladimir d’Ormesson, était placé entre Daniel-Rops et Monseigneur Montini, « apte, celui-ci, à tous les raffinements du langage diplomatique, alors que l’autre convive, Monseigneur Tardini, conjointement prosecrétaire d’Etat, note notre mémorialiste, est tout autre ».

« Son aspect, comme son langage, sont plus frustes, note le cardinal Poupard. Et notre mémorialiste d’interroger Daniel-Rops : « Entre les deux, quel est celui que Pie XII a peut-être désigné, in petto pour être son successeur, son héritier ? ».

« La réponse fuse, immédiate – nous sommes le 30 novembre 1953 – et je la transcris en sa brièveté prémonitoire, à dix ans de distance : « Plutôt Monseigneur Montini, m’a dit Rops. C’est lui qui sera, je crois, tôt ou tard, l’élu du Conclave, car, qu’on le veuille ou non, une Eglise nouvelle est en gestation et Monseigneur Montini me paraît qualifié pour en être l’accoucheur ». », rapporte le ministre de la culture du pontificat.

Il rappelle : « Entre les deux, il y eut Jean XXIII l’initiateur, et après le court intermède de Jean-Paul Ier en vrai Jean-Baptiste précurseur, c’est aujourd’hui Jean-Paul II le continuateur, dont je suis le modeste collaborateur, après l’avoir été de ses deux grands prédécesseurs Jean et Paul, dont il a voulu symboliquement conjoindre les deux noms en assumant depuis plus d’un quart de siècle avec une prodigieuse fécondité leur double héritage pétrinien ».

Le conteur poursuit son récit par cette rencontre entre le journaliste français et le pape Pie XII et les propos de celui-ci sur l’Allemagne d’après guerre: « Mais nous n’en sommes pas encore là, et vous me permettrez, au terme de mon propos, d’évoquer ce jour déjà lointain, mais encore si proche du 4 décembre 1953, où Pie XII, très grand et surtout très droit, comme le dépeint notre auteur reçoit en audience privée Pierre Lafue et le retient près de vingt minutes, un peu plus qu’il n’est d’usage sans doute, comme il le note avec satisfaction et pertinence. Le message est clair, véritable Apologia pro vita sua : « On a dit que Nous avions une affection particulière pour l’Allemagne. Tous les peuples catholiques Nous sont également chers, et l’Allemagne ne l’est pas davantage que la France. Mais elle est aujourd’hui le rempart, le glacis de l’Occident. Si elle s’effondrait, ou si, dans un geste de désespoir, elle se rapprochait de la Russie soviétique, au point de se soumettre à sa loi, alors le péril serait grand pour l’Europe… Les yeux du pape brillent d’un éclat inattendu. Je demande : « Que faudrait-il faire, très Saint-Père, pour limiter ce péril ? ». « Avant tout permettre à l’Allemagne de vivre et de prospérer, l’introduire dans une communauté européenne que Nous appelons de tous nos voeux. L’audience a duré près de vingt minutes. Un peu plus qu’il n’est d’usage sans doute », comme ce soir peut-être ! »

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ZENIT Staff

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