Paul VI au Congrès eucharistique de Pescara, 1977, wikimedia commons,

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Le bienheureux Paul VI avait envisagé la possibilité d'une démission

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Confirmation du card. Re

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Le bienheureux pape Paul VI aussi avait envisagé la possibilité qu’un pape démissionne, confirme le cardinal Giovanni Battista Re.
Piero Bonicelli, directeur du bimensuel italien Araberara (Bergame, Italie), a été reçu par le cardinal Giovanni Battista Re dans sa maison de Borno, sa ville natale, dans la Val Camonica (province de Brescia, Italie), pour une interview publiée dans l’édition papier de ce 25 août 2017. Une maison familiale où il séjourne avec son frère et sa soeur. Et où Jean-Paul II est lui-même venu pour l’angélus, le 19 juillet 1998.
Le cardinal italien, âgé de 83 ans, y évoque sa jeunesse, sa formation, ses premières années de jeune prêtre, puis le Concile, ses expériences dans les nonciatures comme Panama et Téhéran, à l’époque du Shah, son service comme secrétaire du cardinal Giovanni Benelli, et les “six papes” qu’il a connus.
Il se souvient que la famille du futur Paul VI, les Montini, venaient en vacances à Borno. Et justement, à propos de Paul VI, il révèle qu’il a vu deux lettres que le pape Jean-Paul II lui a un jour montrées.
Le Droit canon ne permettait pas alors qu’un pape démissionne sans le consentement du collège cardinalice. Donc la lettre de démission s’accompagnait d’un lettre au Secrétaire d’Etat lui demandant de convaincre les cardinaux d’accepter sa démission en cas d’incapacité à poursuivre sa mission.
Le confesseur de Paul VI, le jésuite Paolo Dezza avait déjà évoqué l’idée que Paul VI pensait à démissionner si sa santé ne lui permettait plus de servir l’Eglise.
Avec Célestin V (pape du 5 juillet 1294 au 13 décembre 1294) et Benoît XVI (pape du 19 avril 2005 au 28 février 2013) qui ont effectivement renoncé à leur charge pontificale, voici donc un autre cas d’un pape taraudé par la question de rester capable d’accomplir sa mission jusqu’au bout.
Au cas où il aurait été fait prisonnier par les nazis, Pie XII aurait lui aussi envisagé de démissionner mais en raison des circonstances historiques, selon ce qu’avait confié à « Trenta Giorni » en février 1988 le cardinal Pietro Palazzini (1912-2000): le prisonnier aurait été Eugenio Pacelli et non plus le pape et les cardinaux pouvaient élire son successeur.
Il aurait remis cette lettre au cardinal portugais (le Portugal était « neutre ») et ami Cardinal Manuel Cereieira Gonçalves, patriarche de Lisbonne, créé cardinal comme lui en 1929.
Il avait à l’esprit les cas du pape Pie VI, mort prisonnier de la Révolution, en France, à Valence, en 1799, et du pape Pie VII, prisonnier de Napoléon de 1809 à 1814.
Cette décision de Pie XII a été également rapportée par le cardinal Domenico Tardini, son Secrétaire d’Etat. Pie XII aurait de nouveau songé à la démission du fait de la maladie, en 1954.
Pour raison de santé aussi, saint Jean XXIII aurait envisagé de renoncer à sa charge, a rapporté son secrétaire, le cardinal Loris Capovilla (1915-2016).
Et le cardinal espagnol Julian Herranz, canoniste, affirme avoir été consulté à ce sujet par le pape Jean-Paul II, mais il aurait renoncé par crainte de créer un précédent qui aurait pu exposer un successeur à des pressions.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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