Napoléon III, empereur des Français, portrait réalisé par Hippolyte Flandrin, 1862 © WikiCommons

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La France, fille aînée de l’Église, 23e partie

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Les conséquences funestes du principe des nationalités

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I Les ombres et les lumières de Rome 

Ce titre n’a pas la prétention impie d’opérer un classement des papes à partir de leur « éclat », il se propose simplement de montrer comment ceux-ci ont été perçus en leur temps, en France au début du 19e siècle. Les deux exemples de pontifes qui concernent notre période sont particulièrement significatifs à cause de leur très forte personnalité, Grégoire XVI et Pie IX, et de la durée de leur pontificat, quinze ans pour le premier, trente et un ans pour le second, béatifié le 3 septembre 2000, le plus long jusqu’à présent dans l’histoire de la papauté. 

En France et ailleurs, les bouleversements révolutionnaires qui ont suivi 1789 amenèrent à approfondir le sens du ministère papal. Je rappelle quelques faits principaux. Les catholiques français et d’autres, « par ricochet », se rendirent bien compte que la religion catholique avait perdu sa liberté d’exercice, quand on avait ouvertement désobéi au Saint-Père et créé une Église schismatique à la suite du bref Quod aliquantum (10 mars 1791) et que le libre exercice du culte avait été retrouvé en 1801 quand le pape Pie VII avait signé le concordat. Certes, les articles organiques de 1802 plaçaient l’Église sous le contrôle de l’État, mais l’unité catholique avait été retrouvée parce que le pape, sur la demande du Premier consul, avait pu exercer son droit de juridiction immédiat, avec du « jamais vu » en imposant la démission à tous les évêques de France, lesquels s’inclinèrent presque tous. Les éléments gallicans incontestablement présents dans le concordat, avaient finalement eu peu de poids à côté de la liberté religieuse et du pouvoir conservés par le pape qui lui permirent d’anéantir tout un épiscopat et, du fait de son refus d’accepter les articles organiques, de voir toutes les directives magistérielle, brefs, bulles, et encycliques être « de facto » reçus par l’Église en France, en se passant de l’avis gouvernemental. Aucun parlement d’Ancien régime n’aurait accepté d’ouvrir la porte à une pareille possibilité.

Un événement doit être relevé à ce sujet parce qu’on en n’a pas assez compris l’importance. Joseph de Maistre qui avait condamné très durement Pie VII en 1804 pour le sacre de Napoléon, et qui était très anti-gallican publiera en 1820 son traité Du pape, qui ne fut pas très bien accueilli, même à Rome ! Il y réclamait l’infaillibilité du souverain pontife et le maintien de sa puissance temporelle pour sauvegarder la liberté du catholicisme et des peuples : pour lui. les deux étaient liés parce qu’il croyait à l’excellence du christianisme ! Toute une jeune génération catholique va heureusement le comprendre à l’époque, à cause de ce qu’elle avait vécu, elle-même ou la précédente. 

De plus, la question italienne va se poser en termes de nationalité et fatalement « fabriquer » la question romaine. Et c’est sur ce point, qu’entre autres, certaines lignes du texte de Maistre de 1820 sont prophétiques. J’en cite quelques unes : article III Liberté de l’Italie « Le troisième but que les papes poursuivirent sans relâche, comme princes temporels, fut la liberté de l’Italie, qu’ils voulaient absolument soustraire à la puissance allemande (1). Plus loin, évoquant le grand pontificat de Grégoire VII : « Que certains écrivains français refusent de rendre justice à Grégoire VII, cela se conçoit. Ayant sur les yeux des préjugés protestants, philosophiques, jansénistes et parlementaires, que peuvent-ils voir à travers ce quadruple bandeau ?…Mais vous, étrangers à tous ces préjugés, vous, habitants de ces belles contrées que Grégoire voulut affranchir, vous que la reconnaissance au moins devrait éclairer, harmonieux héritiers de la Grèce, illustres descendants des Scipion et des Virgile, vous à qui il ne manque que l’unité et l’indépendance, élevez des autels au sublime pontife qui fit des prodiges pour vous donner un nom. » (2).Enfin, Maistre cite Voltaire qu’il déteste pourtant, dans son Essai sur les mœurs de 1765 : « L’intérêt du genre humain demande un frein qui retienne les souverains et qui mette à couvert la vie des peuples, ce frein de la religion aurait pu être, par une convention universelle, dans la main des papes », et il corrige le propos en écrivant à la place de « aurait pu être » par «  elle y fut, en effet, non par une convention expresse des peuples, qui est impossible, mais par une convention tacite et universelle, avouée par les princes même comme par les sujets et qui a produit des avantages incalculables. » (3) La religion catholique est donc bien loin d’être anéantie en France en cette première moitié de 19e siècle, et c’est tout naturellement vers son chef, apparaissant comme plus utile que jamais, que l’on va se tourner. 

Grégoire XVI était né à Mussoi, le 18 septembre 1765, et s’était senti à l’âge de 18 ans appelé à une vocation religieuse. Il entra au couvent calmadule de Saint Michel. C’était un ordre fondé au 11e siècle, suivant la règle bénédictine, permettant plusieurs états de vie monastique. Il prononça ses vœux en 1786, et fut ordonné diacre et prêtre l’année suivante. En 1805, il fut abbé du monastère Saint Grégoire. Il publia déjà un écrit en faveur de l’infaillibilité pontificale contre les jansénistes italiens, défendit le principe des États pontificaux et dénonça l’action des carbonari. Il quittera Rome pendant l’exil de Pie VII et ne reviendra qu’à son retour. Il refusa l’épiscopat et fut créé cardinal par Léon XII en 1825. Il va mener avec succès deux missions diplomatiques, l’une auprès de roi protestant des Pays-Bas, en réalisant un concordat, une autre en la Turquie qui va assurer une certaine tranquillité à l’Église en Arménie. 

Ce prélat n’avait donc pas l’esprit aussi raide qu’on se complut à décrire chez ses adversaires. Le 2 février 1831, après un conclave de 74 jours, il fut élu pape. Il n’était que prêtre et sera consacré évêque de Rome le 6 février de la même année. C’est le dernier cas de ce genre jusqu’à nos jours. Cette élection montre en tous cas la volonté délibérée du Sacré Collège d’avoir à la tête de l’Église d’abord un spirituel et secondairement un politique dans la suite de ses prédécesseurs. Pie VII, je le rappelle, était bénédictin ! Grégoire va recevoir, le 30 décembre 1831, Lacordaire (29 ans) Lamennais (49 ans) et Montalembert (21 ans) qui vont lui remettre un mémoire, au moment où la France inaugure la monarchie de juillet, à laquelle ils se sont ralliés. Ces deux ecclésiastiques et le laïc qui les accompagne étaient connus, ils dirigeaient le journal l’Avenir depuis 1830, qui se proposait de défendre la liberté de pensée et de l’enseignement, de la  presse ainsi que la séparation de l’Église et de l’État. Lamennais s’était déjà fait connaître en 1816 par son Essai sur l’indifférence en matière de religion (indifférence qu’il combattait) et en 1820 pour le tome Il du même ouvrage. Il avait dû faire appel à Rome pour se défendre face à ses adversaires français et il avait obtenu gain de cause. Le pape Léon XII l’avait reçu et encouragé à continuer. 

Mais la situation de 1831 était complexe car la Charte constitutionnelle et la monarchie avaient bien failli disparaître en 1830 au profit d’une république dont certains partisans étaient très proches de l’antichristianisme de 1789 et tous très opposés au catholicisme et au pape. Du strict point de vue des relations entre Église et l’État, la monarchie de juillet maintenait un équilibre que les papes, à juste titre, ne voulaient pas voir brisé. Aussi quand nos trois mousquetaires de la liberté catholique annoncent dans leur journal, le 29 avril 1831, l’ouverture d’une école libre gratuite, primaire certes, mais dont le programme « mordait » sur le secondaire, on s’inquiéta de toutes parts. Ils l’ouvrirent le 9 mai au matin, sans demander l’autorisation à l’université, puisque la liberté d’enseignement était inscrite dans la Charte. Le lendemain, le gouvernement fit fermer l’école et ce fut le procès devant la chambre des pairs qui les condamna à une amende. Ils furent très peu soutenus, d’où leur voyage à Rome. C’est dans ce contexte qu’il faut situer la publication par le pape de l’encyclique Mirari vos du 15 août 1832. Sans oublier que le pape avait aussi été sollicité tant par les Polonais que par leurs sympathisants en France (dont Lamennais et ses deux amis) pour soutenir l’insurrection contre les Russes. 

Or l’Église catholique n’avait pas la vie facile dans les territoires qui dépendaient de l’empire russe. Nous possédons toute une correspondance entre Grégoire XVI et le tsar Nicolas Ier, qui montre bien que le pape ne se désintéressait pas du sort des Polonais, mais il voulait agir en chef religieux dans le respect des traités entre les autorités légitimes (le Congrès de Vienne pour cette question), et il fit ce qu’il put. Je reviens à cette encyclique Mirari vos, toujours très mal comprise même par ceux qui se sont donné la peine de l’avoir lue. Les attaques du pape contre la liberté dans tous les domaines reproduisent celle de Pie VI, telle qu’elle était exposée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Le bref Quod aliquantum l’explique, mais il faut le lire… Grégoire XVI n’y revient pas, les gens de son temps lisaient et savaient très bien, en particulier les trois dirigeants du journal l’Avenir, quel genre de liberté était suspecté ! 

Pour un chrétien, la liberté est liée à la création de l’homme par Dieu, elle est tout particulièrement imprimée dans la créature humaine parce que cette dernière est seule porteuse de l’image de Dieu ! La chute de l’homme, telle qu’elle est enseignée par la doctrine chrétienne du péché originel, n’a pas détruit cette liberté, mais l’a blessée ! La philosophie des Lumières qui ne croit pas au péché originel ni à un Dieu qui se révèle pour sauver sa créature, voulait promouvoir une liberté totale et absolue venant de la seule nature humaine, sans autres limites que celles de la raison, et elle trouvait pour allié, pour le moins inattendu, le jansénisme gallican, développant l’idée d’un péché originel tellement puissant qu’il anéantissait toute liberté, soumettant l’homme à une autorité sacrée arbitraire. Tant qu’au 17e siècle encore, on demeurera chrétien, on se réfèrera au Dieu révélé des Écritures. Mais dans la deuxième partie du 18e siècle influencé par les Lumières, ce jansénisme (oublieux du christianisme) demeurant en revanche très gallican et de surcroît « parlementaire » va remplacer l’idée estimée dépassée du Dieu judéo-chrétien. L’autorité suprême ne sera considérée comme sacrée que si elle est opposée au pape (qui a condamné le jansénisme et secondairement les Lumières). D’où un constant quiproquo entre catholiques et partisans des idées nouvelles dès qu’il est question de liberté. 

Il faudra attendre Pie XI pour faire explicitement la distinction entre la liberté des consciences qu’il juge nécessaire et la liberté de conscience qu’il ne peut que condamner : dans l’Église catholique, professer une erreur ne saurait constituer un droit ! Ni, par voie de conséquence, une liberté que l’Église devrait reconnaître d’emblée à ses membres. Les idéaux révolutionnaires suivis de l’épopée napoléonienne avaient sacralisé la Nation. Les Lumières de style voltairien avaient alors servi le despotisme dit éclairé, déjà avant la Révolution, et le « philosophisme » comme le dénonçait Robespierre, disciple de Rousseau. Le jansénisme déchristianisé de la deuxième partie du 18e siècle avait gardé de l’ancien sa négation du libre arbitre humain, mais remplacé Dieu par la Nation, dont le roi ne devait qu’être le premier serviteur, et s’il ne voulait pas l’être, on le supprimait en le remplaçant par les lois et les législateurs. Le caractère sacré de ces derniers ne pouvait que les conduire à la mort (comme le roi) dès qu’ils étaient jugés nuisibles à l’intérêt général. 

Aussi est-il significatif qu’un ministre mis en minorité en 1792 devant l’Assemblée législative (le 29 mai 1792 l’assemblée décréta la dissolution de la garde constitutionnelle du roi et l’arrestation de son chef, le duc de Cossé Brissac, qui rejoindra Claude Antoine Valdec de Lessart, ministre, devant la Haute Cour d’Orléans, tous deux massacrés à Versailles le 9 août 1792 lors de leur transfert à Paris (4). Et en 1793, avec la Convention, ce sera directement le tribunal révolutionnaire et la guillotine ! Et en 1792, comme en 1793, l’Église catholique n’était plus légale en France ! 

De plus, demander en 1831 comme le faisait le journal l’Avenir la séparation de l’Église et de l’État ne pouvait que jeter le trouble dans l’Église, cela équivalait à risquer de nouveau un schisme, il y avait encore des évêques gallicans et l’attachement des dirigeants politiques au Saint-Siège était loin d’être sûr. Plus tard, en 1892, Léon XIII (dans l’encyclique Au milieu des sollicitudes (5)) recommandera encore aux catholiques de France de ne pas se mêler de cette question de la séparation, qui demeurait absolument réservée au pape et au gouvernement légitime de la France, qui était à cette époque là IIIe République. Or ni l’un ni l’autre ne voulaient la séparation à ce moment là. Quand on pense que le 7 décembre 1830, les rédacteurs de l’Avenir évoquaient la séparation par la suppression du budget des cultes, et qu’Émile Combes lui-même refusera cette méthode en 1903, jugeant ce moyen indigne et voulant un débat de fond, on est confondu ! (6) 

Pour reprendre le vocabulaire de l’encyclique Mirari vos, on ne peut que condamner ceux qui, je cite : « par une liberté insensée d’opinion blâment la discipline que l’Église a consacrée … et de la dire ennemie des principes certains du droit naturel, incapable d’agir par son imperfection même ou soumise à l’autorité civile. Et que veulent ces novateurs téméraires, sinon donner de nouveaux fondements à une institution qui ne serait plus par là même, que l’ouvrage de l’homme … et réaliser ce que Saint Cyprien ne peut assez détester …  en rendant l’Église toute humaine de divine qu’elle est ? ». Plus loin,  le pape réclamait la constance du zèle des évêques « contre les ennemis du célibat ecclésiastique … qui se grossit même par le  mélange honteux de plusieurs transfuges de l’ordre clérical et de plus impudents philosophes de notre siècle ». (Le journal ne demandait pourtant pas cette abrogation, il faisait état de cette question qui n’était pas nouvelle, et qui déjà en 1790 avait été rappelée par la Constitution civile du clergé ; et de fait, des prêtres s’étaient mariés). Viennent ensuite les rappels de l’indissolubilité du mariage chrétien, la condamnation de l’indifférentisme religieux (qui justifie la liberté de conscience, mais jamais Lamennais n’avait prêché l’indifférence religieuse, bien au contraire ! Voir supra sur ce malentendu que dissipera Pie XI) ; puis l’encyclique exposait ses craintes quant à la liberté de la presse. Mais il ne faut pas oublier que Chateaubriand quelques années plus tôt, allait jusqu’à prévoir la peine de mort pour ceux qui propageaient des fausses nouvelles. C’est à ce prix qu’il défendait cette liberté ! 

En fait, le pape condamnait dans cette encyclique les grandes erreurs du moment, que certains accusaient l’Avenir de répandre, et ce, après que le pape eût recueilli les avis de consulteurs nommés en 1831 spécialement pour étudier cette question. Aucun nom n’était mentionné dans l’encyclique, mais le pape avait confié au cardinal Pacca (doyen du Sacré Collège) une note confidentielle pour Lamennais afin de lui signifier qu’il était bien visé par la censure pontificale (puisque son nom, je le répète, ne figurait pas dans l’encyclique). Et ce dernier se soumit comme les deux autres … mais pour publier en 1834 « Paroles d’un croyant » dont le Journal des débats du 24 mai 1834 qualifia l’auteur « d’Ezéchiel déguisé en jacobin » ! 

Et il faut dire quelques mots de la littérature philosophico-religieuse de cette période qui explique, à mon avis en grande partie, les réactions brutales de Rome jusqu’à Pie X inclus. Si l’on y réfléchit bien, nombre d’intellectuels français étaient allés de déceptions en en déceptions, et en tout genre, de 1789 à 1830 : les « bizarreries » qui vont naître de 1830 à 1840 allaient résulter d’une addition de ces sentiments d’échecs et de frustration. J’en ai trouvé la meilleure description chez Maxime Du Camp qui écrit « De 1830 à 1840, l’innovation sociale, philosophique et religieuse devint une manie, j’allais dire une mode. À l’estaminet, le soir, entre deux pots de bière, on balayait les cieux et on y introduisait des dieux nouveaux, avec le cortège obligé d’une religion nouvelle, d’une nouvelle morale et surtout d’une distribution nouvelle de la fortune publique. Il ne fut pas un rapin, un littéraillon, un avocat sans cause, un étudiant sans diplôme qui n’ait revêtu la robe blanche des pontifes pour annoncer au monde la venue d’un messie ; les femmes s’en mêlèrent et l’on prêcha bien des absurdités. » (7)

Lamennais ne faisait certes pas partie de ces illuminés que décrit Du Camp et que j’ai présenté comme les produits d’une époque de désespoir spirituel, mais le style de Lamennais dans cet ouvrage en a intéressé plus d’un, en a inquiété aussi beaucoup d’autres, surtout parce que le texte s’adresse au peuple, sujet privilégié d’intérêt de tous les démagogues. Voici un passage de cette longue « prophétie » : « Et la vision que je vis était vraie, car le règne de Satan s’est accompli, et le règne de Dieu s’accomplira aussi ; ceux qui ont dit : Nous sommes rois,  seront à leur tour renfermés dans la caverne avec le Serpent, et la race humaine en sortira, et ce sera pour elle comme une autre naissance, comme le passage de la mort à la vie. Ainsi soit-il ! » (Lamennais : Paroles d’un croyant). Au moment où paraît ce texte, Paris a connu une première émeute républicaine en 1831, Lyon une première révolte des canuts, la même année, suivie d’une autre en 1834. 

En 1831, l’abbé Chatel a créé l’Église catholique française pour soutenir le nouveau régime et prétend réformer toute l’Église catholique. La cour d’assises à Paris juge quelques saint-simoniens en 1832, dont le père Enfantin qui fait distribuer cette lettre : « Ménilmontant, le 12 décembre 1832. Au nom de Dieu, qui veut aujourd’hui l’ÉGLITÉ DE LHOMME ET DE LA FEMME, je demande à tous ceux qui m’aiment ou qui m’ont aimé comme PÈRE, pour la constance avec laquelle j’ai fait et je fais sa volonté, de s’unir à moi et à mes enfants, le vendredi 14 décembre : VEILLE du jour où mes enfants iront chercher le baptême du SALAIRE, et où MOI et MICHEL, nous recevrons le baptême de la prison ». Et le sommet du délire, pour cette époque va être atteint avec  Simon Ganneau qui en 1838 fonde l’évadaisme, fusion d’Ève et d’Adam, dont l’èvadam androgyne représente le mariage de Marie-Ève et de Christ-Adam. C’est un saint-simonien, lui aussi partisan d’une égalité homme-femme par « fusion ». Il signera ses textes Mapah (Materpater « Aujourd’hui, quinze août mille huit cent trente huit, jour de l’Assomption de la Vierge Marie, et le premier jour de l’Ère Èvadam, MARIE n’est plus la Mère : Elle est l’Épouse ; JÉSUS-CHRIST n’est plus le Fils ; il est l’ÉPOUX. » (8)

Il faut maintenant, toujours pour expliquer les réactions des papes, se tourner vers la situation politique de la péninsule italienne. Pour Metternich, l’Italie est « une expression géographique », ce qui n’empêche pas un soulèvement carbonariste à Naples qui oblige le roi Ferdinand Ier à accorder une constitution, qui ne tiendra pas longtemps, parce que peu soutenue. Le roi fera appel aux Autrichiens pour rétablir l’ordre et combattra les carbonari. En 1831, un nouveau soulèvement aura lieu dans la suite des événements français de 1830, qui va voir apparaître le personnage de Mazzini qui va donner au Risorgimento son caractère particulier, il prend la suite des civilisations de l’empire romain, et du centre de la culture catholique, c’est un resurgissement républicain et national. Mazzini faisait partie des carbonari et ne sera jamais franc-maçon, contrairement à Garibaldi. Il était né dans une famille janséniste, mais n’était plus chrétien. Il sera le plus intransigeant des acteurs de l’unité italienne. Le pape fut son plus grand ennemi, mais il sera, selon moi, une sorte de Robespierre italien, quelquefois cynique et froid idéologue.

Le 3 février 1831, lendemain du début du pontificat de Grégoire XVI, éclata une insurrection à Bologne, puis à Modène et à Parme. Le futur Napoléon III et son frère y participaient, ce dernier fut tué le 17 mars. Le 4 mars se constitua le gouvernement des provinces unies d’Italie. La France ne le soutint pas et l’armée autrichienne rétablit l’ordre ancien, y compris dans les États pontificaux. Les meneurs furent fusillés. La France envoya des soldats pour manifester sa présence, mais ce fut tout ! L’Autriche s’imposait. Mais il y eut quand même une démarche commune des grandes puissances auprès du pape pour qu’il réforme la gouvernance de ses États. Celles-ci ne voulaient pas fournir aux « patriotes italiens » de motifs de se révolter contre un souverain dont elles avaient contribué à rétablir le pouvoir. 

Cela dit, on voit bien que l’affaire Lamennais arrivait mal. Rome savait fort bien que les ennemis de l’abbé étaient en grande partie gallicans. Monseigneur Frezza (secrétaire de la congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires) à Rome comme l’inter-nonce à Paris se gardèrent bien d’ailleurs, de donner carte blanche à l’archevêque de Paris, De Quélen, pour traiter ce cas, car il était considéré  comme trop gallican ! Ce furent, je crois, le ton et la forme plus que le fond qui amenèrent le pape Grégoire XVI à condamner l’ouvrage de Lamennais par l’encyclique Singulari nos. Lamennais sera abandonné alors par ses amis en même temps qu’il abandonnera l’Église. Ce conflit fut malheureux, car il apparut à beaucoup comme une marque de désintérêt de l’Église pour le monde ouvrier, et qu’ainsi, la puissance ecclésiastique se limiterait à l’exigence de charité et ne demanderait jamais de justice sociale. Ce jugement concerna essentiellement les milieux intellectuels. Il n’était pas entièrement équitable, car il ne tenait pas assez compte des problèmes politiques et diplomatiques du temps et ne tira pas la leçon psychologique de l’affaire Lamennais : à savoir le risque de mêler des revendications communes, dans leur forme, avec des non-catholiques, alors que leurs causes comme leur buts, chez les uns et les autres, étaient souvent très différents !

Il L’élection de Pie IX et les révolutions de 1848

Quand le conclave s’ouvrit le 16 juin 1846, il y avait deux favoris : le cardinal secrétaire d’État de Grégoire XVI, Luigi Lambruschini, candidat des conservateurs, et le cardinal Giovanni Mastai Ferretti, souhaité par les libéraux. Il fut élu avant que n’arrive le cardinal archevêque de Milan qui devait apporter « l’exclusive » de l’empereur d’Autriche. Il prit le nom de Pie IX, et comme il l’avait fait lors de son épiscopat en Romagne, il inaugura de nombreuses réformes libérales. Il commença de suite par une amnistie générale de tous les détenus politiques et fit préparer une constitution. Je ne vais pas tout citer, mais ce qu’il y a de plus significatif : un conseil consultatif comportant des laïcs, chargé de lui faire connaître les désirs de la population et l’établissement de plusieurs commissions auxquelles participaient des laïcs pour la révision des lois. Il permit en outre la construction de chemins de fer à laquelle son prédécesseur s’était toujours opposé. 

En juillet 1847, à cause de quelques troubles qui commençaient à se manifester dans la péninsule, l’Autriche occupa militairement Ferrare (qui appartenait au Saint-Siège), alors que selon le traité de 1815, elle n’avait le droit que d’y maintenir une garnison. Pie IX protesta, et les troupes se retirèrent. Cette affaire produisit un effet considérable, le pape ne fut jamais autant populaire, il apparaissait comme un véritable héros de la liberté italienne (et peut-être de son unité ?), d’autant plus que le 30 mars 1848, il fit publier une constitution sous le nom de Statut fondamental. C’était un texte assez conservateur au regard des autres constitutions qui fleurirent à ce moment dans la péninsule, mais elle existait ! 

Avant cette promulgation, et les événements de février qui amenèrent en France la IIe République, Victor Hugo saluait Pie IX dans un célèbre discours à la Chambre des Pairs le 13 janvier 1848 : « Il y a, à l’heure où nous parlons, sur la trône de Pierre un homme, un pape, qui a subitement aboli toutes les haines, toutes les défiances … qui s’est fait admirer à la fois, non seulement des populations qui vivent dans l’Église romaine, mais de l’Angleterre non catholique, mais de la Turquie non chrétienne… Et cela comment ? De la façon la plus simple et la plus grande, en communiant publiquement, lui, pape, avec les idées des peuples, avec les idées d’émancipation et de fraternité… Il a posé l’idée d’émancipation et de liberté sur le plus haut sommet où l’homme puisse poser une lumière… Ces principes éternels que rien n’a pu souiller et que rien ne pourra détruire et qui ont fait notre révolution et lui ont survécu, ces principes de droit, d’égalité, de devoirs réciproques, qui, il y a cinquante ans, étaient un moment apparus au monde toujours grands, sans doute, mais farouches, formidables et terribles, sous le bonnet rouge, Pie IX les a transfigurés, il vient de les montrer à l’univers rayonnant de mansuétude, doux et vénérables sous la tiare. C’est que c’est là leur véritable couronne en effet ! … Il s’est fait l’auxiliaire évangélique, l’auxiliaire suprême et souverain, de ces hautes vérités sociales que le continent, à notre grand et sérieux honneur, appelle les idées françaises. Lui le maître des consciences, il s’est fait le serviteur de la raison … il est venu, dis-je, faire voir aux nations, que, pour féconder le sillon où germe l’avenir des peuples libres, il n’est pas nécessaire de verser le sang, il suffit de répandre les idées : que l’Évangile contient toutes les chartes ; que la liberté de tous les peuples comme la délivrance de tous les esclaves étaient dans le cœur du Christ et doit être dans le cœur de l’évêque ; que lorsqu’il le veut, l’homme de paix est un plus grand conquérant que l’homme de guerre, et un conquérant meilleur … et qu’en un mot, pour qui gouverne les hommes, c’est la même chose d’être saint et d’être grand… Oui, j’y insiste, un pape qui adopte la Révolution française, qui en fait une révolution chrétienne … un pape qui fait cette chose extraordinaire et sublime, n’est pas seulement un homme, il est un événement.

Événement social, événement politique. Social, car il en sortira toute une phase de civilisation nouvelle ; politique car il en sortira une nouvelle Italie … il en sortira la vieille Italie. Ceci est l’autre aspect de ce grand fait européen. Oui, messieurs, je suis de ceux qui tressaillent en songeant que Rome, cette vieille et féconde Rome, cette métropole de l’unité, après avoir enfanté l’unité de la foi, l’unité du dogme, l’unité de la chrétienté, entre en travail encore une fois et va enfanter peut-être, aux acclamations du monde, l’unité de l’Italie. » (9) 

J’ai tenu à restituer de longs passages de ce discours, d’abord parce qu’il est fort bien écrit et représente bien le sentiment de tous ceux qui étaient partisans de l’unité italienne, tant en France qu’à l’étranger. La figure du pape, particulièrement Pie IX, apparut alors comme celui qui pourrait se trouver à la tête d’une grande confédération de tous les États de la péninsule. À son avènement, on avait même parlé d’un parti néoguelfe et lors des premières insurrections italiennes son nom avait été acclamé par les foules, de nombreux patriotes italiens songeaient effectivement à lui, même Mazzini, le carbonaro le plus acharné. Il existe plusieurs textes écrits de Mazzini, en particulier le manifeste du 8 septembre 1847, où il lui demande d’unifier l’Italie. Mais le 29 avril 1848, Pie IX refusera de déclarer la guerre à l’Autriche, ne voulant pas entrer en guerre contre une nation catholique, et comprenant aussi l’utilité en Europe de l’empire austro-hongrois, ce que les vainqueurs de 1918 oublieront. 

En 1848, ce sont les rébellions en Lombardie et en Vénétie qui vont motiver l’intervention de l’armée autrichienne qui trouvera en face d’elle les troupes du royaume de Piémont-Sardaigne, non pas celles du pape que beaucoup espéraient. L’armée du royaume de Naples fera aussi défaut, mais des soldats de ces deux armées resteront quand même au combat. Une première campagne se déroulera du 29 mars au 9 août 1848. Une deuxième du 20 au 24 mars 1849. Les Autrichiens seront très largement vainqueurs. Mais tous ces événements vont avoir des conséquences à Rome, déclenchant une insurrection qui obligera le pape à fuir à Gaète et qui va modifier complètement son comportement. 

Si Pie IX n’était pas le chef nationaliste libéral, héritier des idées généreuses de la Révolution française décrit par Victor Hugo, il n’en n’était pas moins sincère, puisqu’il mit en place un gouvernement composé de libéraux modérés le 15 septembre 1848, avec à sa tête Pellegrino Rossi qui, après s’être battu avec Murat contre les Autrichiens s’était réfugié en France, y avait acquis la nationalité, occupant la charge de professeur d’économie politique au Collège de France en 1833. Il sera membre de l’Institut, fait comte et pair de France par le roi Louis-Philippe et envoyé comme ambassadeur auprès du pape. 

Dès son arrivée au gouvernement pontifical, il commença des réformes, mais il dut être prudent se trouvant à la tête d’un gouvernement complètement nouveau pour les États pontificaux. Certains trouvaient que ce n’était pas suffisant, d’autres que cela allait trop vite ! Et le 15 novembre 1848 il sera mortellement poignardé à la gorge en pleine chancellerie et on ne saura jamais qui a commandité l’acte. Les conservateurs romains le jugeaient dangereux et le 4 novembre il avait publié un article dans un journal romain sur les dangers que faisaient courir les ambitions du Piémont, sujet ô combien brûlant à ce moment-là. C’est à la suite de cet attentat que le pape quitta Rome pour Gaète (royaume de Naples) et que la république fut proclamée le 9 février 1849 au milieu de désordres qui allaient donner des espoirs politiques aux extrémistes comme Mazzini et Garibaldi. Ceux-ci, par exemple, firent voter la réunion des États pontificaux au grand duché de Toscane. De Gaète, Pie IX appela à l’aide les puissances catholiques. 

À Paris, il y eut aussi de la confusion. D’abord l’opinion était partagée en deux, les républicains voulant porter secours à la République romaine (mais avec des nuances concernant le rôle du pape) et les conservateurs voulant rétablir le Saint-Père dans ses fonctions, et ses États dans la position antérieure au coup de force. À cette division, il faut ajouter des éléments très « composites du gouvernement » : Odilon Barrot qui dirigeait le gouvernement, était un républicain modéré, estimant à juste titre que la France ne pouvait pas laisser le champ libre aux Autrichiens, sans définir exactement de but, ce qui lui obtint un vote favorable de l’Assemblée, le ministre des affaires étrangères, le très subtil de Tocqueville, républicain très modéré lui aussi qui n’oubliait pas son premier maître à penser, De Maistre, et le président nouvellement élu, Louis Napoléon Bonaparte, pensant beaucoup plus à son avenir à la tête de la France qu’à sa jeunesse mouvementée chez les carbonari ! 

Seuls ces deux derniers comprenaient bien la complexité de la question romaine, mais sur l’instant ne l’évoquèrent pas complètement ! C’est ce qui donna la mission du général Oudinot, l’envoi de 14.000 soldats à Rome, pour assurer une présence française. À leur arrivée à Rome, ils se firent tirer dessus par les soldats de la République romaine. Le Prince-Président prit alors ses responsabilités et ordonna directement à Oudinot de prendre la ville et de rétablir l’ordre par la force. Le général Oudinot était le fils du célèbre Maréchal d’Empire et fort heureusement un excellent soldat d’expérience. Il sut utiliser intelligemment son artillerie pour épargner les monuments de Rome et entrer en vainqueur en juillet 1849. À Paris,  on n’attendit pas le dénouement : 59 députés républicains demandèrent la mise en accusation du gouvernement et du président dès qu’ils eurent connaissance des ordres qui avaient été donnés à Oudinot ! Mais de nouvelles élections devaient se tenir, et on passa outre. Les élections des 13 et 14 mai 1849 donnèrent à la nouvelle Chambre une majorité conservatrice de 500 élus, pour 80 républicains, et surtout 200 élus démocrates socialistes ! Ce qui faisait de cette Assemblée une bombe à retardement (10). 

Pour ce que projetait Louis Napoléon, c’était parfait. Et il fit appel à Barrot avec des consignes très précises (11) et garda Tocqueville aux affaires étrangères. Apprenant les avancées d’Oudinot, certains députés appellent à l’insurrection, ce qui entraîne une répression immédiate le 13 juin, l’exil de certains opposants. Le 3 juillet, les troupes françaises occupèrent Rome et tous les opposants s’étaient enfuis. Pie IX envoya immédiatement trois cardinaux, dont son secrétaire d’État Antonelli, avec pour mission de supprimer toutes les institutions libérales. Et le cardinal rétablit même l’Inquisition ! Par ailleurs, Pie IX avait remercié les nations catholiques sauf la France, d’où l’envoi par le président d’une lettre à son officier d’ordonnance le lieutenant-colonel Edgard Ney pour souhaiter une reprise de pouvoir dans la douceur par le pape, et la lettre fut publiée dans un journal. Cela sema une belle perturbation au sein du gouvernement et de l’assemblée.

Le 12 avril 1850, Pie IX était de retour à Rome et il y eut répression contre ce qui restait d’éléments républicains. Des soldats français restèrent à Rome pour assurer la sécurité du pape qui fit créer en 1860 les zouaves pontificaux sous le commandement du général français de Lamoricière. Malgré tout cela, Pie IX se méfia toujours de Napoléon III à cause de sa déception vis-à-vis de la France pendant les événements de 1948-1949.

IlI Le second Empire 1852-1870

Le coup d’état du 2 décembre 1851, comme la proclamation de l’empire (sénatus-consulte du 7 novembre 1852, ratifié par le plébiscite des 21 et 22 novembre) furent approuvés par les  dirigeants catholiques de France et le pape lui-même. Mais un passage de la lettre à Edgard Ney laissait dans l’esprit de Pie IX et de ses partisans une amertume que rien n’atténua jamais. Je le cite : « J’apprends avec peine que … l’on voudrait donner comme base à la rentrée du pape la proscription et la tyrannie… On ne doit pas permettre qu’à l’ombre du drapeau tricolore on commette aucun acte qui puisse dénaturer le caractère de notre intervention. » Ce qui en septembre 1849 avait paru être une intolérable mise en garde adressée au pape et avait soulevé d’ailleurs son indignation, comme celle des catholiques en France, n’avait finalement servi à rien et une répression dure s’en suivit à Rome. L’avènement de l’empire allait obliger Napoléon III à se préoccuper de ce qu’on appelait maintenant la question romaine, comme aurait dû le faire tout gouvernement français, quelle que fût sa nature, tout simplement parce cette affaire était liée à l’unité italienne qui remettait en cause la carte de l’Europe dessinée en 1815 par le Congrès de Vienne. 

Napoléon III avait un côté visionnaire, sans pour autant faire fi des traditions. La meilleure preuve en est sa transformation de Paris, reprenant les projets d’extension de la ville de l’Ancien Régime, mais tenant compte des changements de la société : il fallait de larges rues et des maisons salubres. L’unité italienne, telle qu’il la concevait, prenait en compte les particularités de chaque région, il n’imaginait pas dans le même royaume la Lombardie et Naples, mais les voyait s’entendre dans une vaste confédération dont il aurait bien vu le pape à la tête. Et pour ce dernier, il ne lui contestait pas un pouvoir temporel, parce qu’il savait très bien que celui-ci était le garant de la liberté de l’Église. Mais il pensait que ce pouvoir devait se limiter à Rome, autrement dit qu’une papauté moderne n’avait pas besoin de s’encombrer d’immense territoires, car cela compromettrait l’unité italienne qui, selon lui, pouvait seule avoir raison des mouvements révolutionnaires, et cela aurait gêné l’action spirituelle de l’Église. 

Le 9 février 1859 parut sous la plume du vicomte de La Guéronnière un livre : Napoléon III et l’Italie. L’auteur y développait avec détails les idées de l’empereur que je viens d’esquisser. Ce texte fut mal reçu, on savait bien sûr qui était derrière et une guerre contre l’Autriche faisait peur. L’empereur le savait car il avait tenu quelques propos ambigus à l’ambassadeur d’Autriche à l’occasion des vœux du 1er janvier. Cela avait créé beaucoup de mécontentement, lequel n’était pas retombé à la rentrée parlementaire en février 1859. La parution du livre fit monter la colère d’un cran. L’empereur se mit alors à hésiter d’autant plus que son propre gouvernement était hostile à cette entreprise, tout comme ses militaires. En revanche, à Turin la fièvre montait avec les préparatifs de guerre, tout comme à Vienne d’ailleurs. Et c’est de là que partira le conflit, suite à l’ultimatum de l’Autriche au Piémont demandant le désarmement. La France tiendra ses engagements d’alliée, et les deux armées de Victor-Emmanuel et de Napoléon III marcheront ensemble à la bataille, d’abord Magenta, le 4 juin, puis à Solférino le 24 juin où l’armée autrichienne fut conduite par François-Joseph en personne. 

Ce furent deux victoires pour les coalisés, mais très cher payées en vies humaines, surtout pour la deuxième. Mac Mahon sera fait Maréchal de France et duc de Magenta, Regnaud de Saint Jean d’Angely recevra aussi le titre de Maréchal de France. C’est à la suite de la bataille de Solférino que Dunant créa La Croix Rouge, Napoléon III lui-même avait été horrifié en visitant le champ de bataille. Le 8 juillet l’armistice fut signé avec l’Autriche à Villafranca. Les États italiens qui avaient voulu rester neutres furent vite en proie à des révolutions, les souverains partirent, des potentats locaux les remplacèrent et firent allégeance au Piémont. Mais l’empereur ne tenait pas à continuer la guerre, il craignait qu’elle n’entraînât d’autres troubles européens, aussi un traité de paix fut signé avec l’Autriche à Zurich le 11 novembre 1859. Mais l’empereur semblait dépassé par l’élan italien vers l’unité, comme il le confiera au prince de Metternich (fils de l’ancien chancelier (12), car les États pontificaux sont maintenant directement concernés. 

Et voilà que le 22 décembre de cette même année paraît une autre brochure du même vicomte : Le pape et le Congrès (13). Ce texte sema la zizanie dans l’épiscopat français, notamment entre monseigneur Pie, évêque de Poitiers, ultramontain, et monseigneur Dupanloup, évêque d’Orlèans, qui fit du texte un commentaire « subtil », pas toujours compris, mais qui en fait allait dans le sens impérial. Compte tenu de la polémique en France, l’empereur écrivit au pape le 31 décembre pour lui demander de faire lui-même le sacrifice de ses provinces révoltées. (14) Pie IX s’obstina à refuser toute amputation de territoires, estimant qu’il n’en n’est pas souverain, mais dépositaire. L’argumentation me parait faible à une époque où l’on savait depuis longtemps que la donation de Constantin était un faux, où la guerre venait de montrer qu’il fallait de grandes armées pour se défendre et que livrés à eux-mêmes les États du pape seraient incapables de le faire sans aide extérieure. Quant à la formule « plus le territoire sera petit, plus le souverain sera grand » : n’est-ce pas ce que les papes ont expérimenté depuis 1929 avec la création de la Cité du Vatican ? Enfin, ce qui restait des États pontificaux à cette date constituait les seuls endroits de la péninsule régis par une monarchie absolue sans le moindre contrôle parlementaire ! Compte tenu de ce qui se passait en Europe dans cette seconde moitié du 19e siècle, était-ce politiquement vivable et durable ? Le pape n’aurait-il pas dû écouter les conseils de Napoléon III en matière politique sans pour autant modifier ses décisions doctrinales ? Il semble que Pie IX se soit mis hors jeu en matière politique, et montré ingrat et imprévoyant vis à vis de Napoléon III qui avait pris de gros risques en ordonnant à Oudinot de s’emparer de Rome. Car Garibaldi réapparaissait avec ses chemises rouges et fit sont entrée dans Naples avec Victor Emmanuel le 7 novembre 1860. À la suite d’élections, un premier parlement italien fut réuni le 18 février 1861, et Victor Emmanuel proclamé roi d’Italie le 23 mars. (15)

IV Les décisions doctrinales de Pie IX

Elles furent importantes et déterminantes pour l’Église catholique dans un sens très positif et contribuèrent largement à son redressement et à son rayonnement. Je tiens à le dire d’emblée. Car ma critique ne visait pas le pouvoir temporel du pape, mais uniquement sa manière de l’exercer. Il avait d’ailleurs parfaitement compris le problème en arrivant au pouvoir en 1846 et avait commencé avec prudence des réformes intelligentes. Qu’il ait fallu les interrompre dans la période qui entoura la triste expérience de la République romaine est une évidence, mais il ne fallait pas en rester là, surtout en voulant conserver des États importants. Ce propos ne signifie donc nullement le rejet du pouvoir temporel pour le Saint-Père sous prétexte qu’il nuirait à son pouvoir spirituel, erreur que condamnera justement le Syllabus. Le pape devait exercer un pouvoir temporel et n’être le sujet ni le citoyen d’aucun État. Il ne pouvait être que chef de l’État où il vivait, comme évêque de Rome, successeur de Pierre. Napoléon III et Cavour étaient trop fins diplomates pour penser autrement ! Je ne puis imaginer que Pie IX ait ignoré cela, comme bien sûr le fait que ces deux personnages l’aient contrarié plus d’une fois. 

Pour le sujet qui nous occupe, les relations avec la France, il sut en fin de compte être diplomate. Dans sa déclaration très adroite, parce que totalement vraie, de 1852, Napoléon III rappelait qu’en ré-instituant l’empire, il ne faisait qu’officialiser une réalité : depuis 1804, la France vivait dans un système conçu par Napoléon Ier. Tout naturellement, Napoléon III souhaitait se faire sacrer à Notre-Dame par le pape ; dès 1852, des négociations avaient été entamées avec Rome. Que cela ne l’ait pas rempli de joie à cette époque se comprenait aisément ! (voir supra). Il  y avait en effet, le problème des articles organiques de 1802,  que Rome n’avait jamais acceptés. Si Pie VII était quand même venu assister au sacre (et non participer à la liturgie), c’était dans l’espoir de renégocier les articles organiques. En 1852 ces derniers étaient bien installés et n’avaient pas trop perturbé la vie de l’Église catholique en France. Que Pie IX ait demandé leur abrogation était chose normale, tout comme le refus impérial. Car même en admettant qu’on ait pu donner satisfaction au pape, sans remettre en cause l’organisation des cultes protestants et israélites (datant de 1804 et 1808), il aurait été bien difficile d’abandonner la formulation de 1801 « le catholicisme est la religion de la majorité des Français », rétablie par Louis-Philippe en remplacement de « religion de l’État » de la Charte de Louis XVIII. Quant aux articles organiques, il y avait en France encore beaucoup de gallicans et, beaucoup plus qu’en 1801, des gens importants qui se méfiaient de l’Église catholique ou qui la détestaient, pour que le pouvoir politique pût supprimer les articles organiques ou même en réduire la portée en faveur de l’ultra montanisme. 

On en resta là et il n’y eut pas de sacre. Mais il y eut un premier « rattrapage religieux » avec le mariage impérial à Notre-Dame le 29 janvier 1853. Viollet-Le-Duc aménagea un somptueux décor, et il se dépassa le 14 juin 1856 pour le baptême du Prince impérial, d’autant plus que le parrain était Pie IX. Oui le pape avait accepté et ce fut une grande chose et un geste de bonne volonté à l’égard de la France qui mérite d’être salué. Il devait même venir, mais malade, il se fera remplacer par un légat qui officiera à Notre-Dame en présence de l’archevêque Sibour, le cardinal Costantino Patrizi Naro, qui avait été longtemps préfet de la congrégation pour les évêques, qui sera secrétaire de la congrégation pour la doctrine de la foi et qui terminera comme doyen du Sacré Collège.

Le 8 décembre 1854, dans une constitution apostolique, Ineffabilis Deus, Pie IX définit le dogme de l’Immaculée Conception ; c’était là l’aboutissement d’une très longue réflexion  dans l’Église qui ne causa pas de problèmes graves dans le catholicisme. Il n’en n’alla pas de même avec, deux autres textes, l’encyclique Quanta cura et le Syllabus du 8 décembre 1864. Déjà lors de sa toute première encyclique du 9 novembre 1846 Qui pluribus, Pie IX avait inauguré son pontificat par la dénonciation des erreurs des temps modernes, issues en grandes parties des idéaux des Lumières de la Révolution française. Il dénonçait par exemple le rationalisme athée de ceux « qui ne rougissent pas d’enseigner que les sacrés mystères de notre religion sont des fables et des inventions humaines, que la doctrine de l’Église catholique est contraire au bien et aux intérêts de la société… C’est pour cela … qu’ils ne cessent d’exalter la force et l’excellence de la raison humaine, de vanter sa supériorité sur la foi très sainte en Jésus-Christ. » Et ce rationalisme ennemi de la foi est aussi pour le pape ennemi de l’Église catholique qu’il veut ruiner. Et il poursuit : « C’est encore au même but que tend cet horrible système de l’indifférence en matière de religion… C’est à ce même but que tend cette honteuse conjuration qui s’est formée nouvellement contre le célibat sacré des membres du clergé ». Il était donc bien clair que Pie IX, volontiers libéral en matière politique en 1846, ne l’était pas du tout sur le plan théologique, s’inscrivant dans la continuité de l’enseignement des papes qui ont vécu au temps de la Révolution française et ont dû subir ses suites philosophiques et religieuses. 

Dans l’encyclique Quanta cura, qu’il eut le courage de faire suivre du Syllabus errorum, Pie IX développa son premier propos en sachant très bien qu’il allait provoquer des divisions au sein de l’Église catholique elle-même, tout en s’attirant des critiques de bons nombres de politiques détenant le pouvoir. Il allait critiquer avec beaucoup de justesse et de pédagogie ce qui était radicalement contraire au catholicisme : l’esprit des Lumières, le libéralisme, le laïcisme, la franc-maçonnerie (et je précise : celle qu’il voyait agir dans les pays latins et ce en me basant sur ses propres écrits), l’ultra-libéralisme économique et le communisme. Dès le début de l’encyclique, le problème est posé d’une manière abrupte pour le lecteur du 21e siècle, car un postulat que tout le monde connaît à l’époque de Pie IX n’est ni mentionné ni, à plus forte raison, expliqué ! Il s’agit de la prétention des penseurs des Lumières de détruire la notion même de chrétienté en voulant construire une société excluant le Dieu biblique. Il y aura des variantes dans cette vaste entreprise, l’action rapide et radicale qui chasse Dieu même de l’intérieur des églises, par exemple, en 1793 quand la cathédrale Notre-Dame devint le Temple de la déesse Raison, l’action sournoise qui consiste à enfermer Dieu, dans les églises, les consciences, les musées etc. … méthode de la Libre Pensée aujourd’hui, c’est tout le combat contre les signes religieux « ostentatoires ». Et puis, entre ces attitudes extrêmes, il y eut deux compromis, le Concordat de 1801 qui était plutôt favorable à l’Église et la loi de séparation de 1905, plutôt défavorable, sans lui être cependant franchement hostile, d’où deux condamnations papales, en 1906 et en 1924, et un accord cependant, en cette même année 1924, sur une question uniquement administrative, destinée à donner un statut juridique à l’Église catholique en France : Cela permettait de « donner du temps au temps ». 

En 1864, période concordataire qui voyait l’Église catholique en France reprendre des forces, les idées qui allaient aboutir à la séparation de 1905, étaient de plus en vogue. Pie IX eut le grand mérite de s’en rendre compte et de proposer un remède radical, le retour à la chrétienté. C’était parfaitement logique de sa part. Un pape a le droit de proposer un souverain bien et pas obligatoirement un accommodement (ce qu’il peut faire s’il estime que dans le moment où il agit, c’est ce qu’il y a de mieux à faire pour l’Église). Ce retour à la chrétienté conditionne toute l’encyclique. Voyons le point 5 « il s’en trouve beaucoup aujourd’hui pour appliquer à la société civile le principe impie et absurde du “naturalisme” comme ils l’appellent et pour oser enseigner que “le meilleur régime politique et le progrès de la vie civile exigent absolument que la société humaine soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la religion que si elle n’existait pas ou du moins sans faire aucune différence entre la vraie et les fausses religions”. Et contre la doctrine de la Sainte Écriture, de l’Église et des saints Pères, ils affirment sans hésitation que “la meilleure condition de la société est celle où on ne reconnait pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violations de la loi catholique, si ce n’est dans la mesure où le tranquillité publique le demande” ». 

Et le pape continue en s’attaquant à la liberté de conscience et de culte comme droit, dans les mêmes termes que Grégoire XVI. On ne s’étonnera donc pas de trouver ainsi définies dans le Syllabus parmi la liste des erreurs du temps : « 3 La raison humaine considérée sans aucun rapport à Dieu est l’unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal… 15 Il est libre à chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il aura réputée vraie d’après la lumière de la raison ». Ce qu’écrit le pape est dans la droite ligne de la théologie traditionnelle en chrétienté. Le pouvoir politique doit effectivement se référer à la Loi de Dieu (le Décalogue), dans son premier usage, l’usage civil ; les deux autres usages restant réservés à l’Église, usage pédagogique (prise de conscience du péché) et usage normatif (règle de vie du chrétien). Or, la dernière fois que le pouvoir politique a voulu légiférer en cette matière en France remontait à 1830. C’était la fameuse loi du sacrilège qui avait contribué à la chute de Charles X. Comme l’y autorisait le concordat, Napoléon III aurait pu s’opposer à la diffusion des textes pontificaux. Il essaya pour le Syllabus, mais les catholiques étaient bien organisés. Un jeune député alsacien, Émile Keller, diffusa le texte qu’il commenta ; ayant mis en avant les condamnations de l’ultra-libéralisme, il attira l’attention des partisans du catholicisme social comme Albert de Mun et La Tour du Pin. Finalement l’empereur laissa faire, ne voulant pas se mettre à dos le parti catholique, que la question romaine inquiétait toujours. 

V La maltraitance de la question romaine : ses conséquences en France 

Cela se traduisit aux élections, certains catholiques rejoignirent l’opposition, ce qui affaiblit l’empire. De plus, le pape faisait une petite grève des investitures. Des sièges épiscopaux demeuraient vacants. Certains en voulaient au pape, d’autres à l’empereur, ce qui créa des alliances de circonstances qui ne pouvaient pas durer. Car l’opposition était composée de républicains, en majorité anticatholiques, et de monarchistes, pas forcément très catholiques chez les orléanistes. Le pape et le catholicisme redevinrent un facteur de division entre Français.

En politique extérieure, le royaume de Piémont-Sardaigne agrandi en royaume d’Italie n’avait pas toujours été très franc sur la question romaine, tant vis à vis du pape que vis à vis de l’empereur. Mais Cavour dont « l’innocence » n’était pas parfaite était mort le 6 juin 1861. Fin politique et sachant jusqu’où il ne fallait pas aller, il n’aurait jamais remis en cause le pouvoir temporel du pape, tout comme Napoléon III. Ses successeurs ne furent pas aussi fiables et tinrent un double langage, un pour l’empereur et l’autre pour Garibaldi. Ainsi, le 15 septembre 1864, une convention en 5 articles avait été signée à Fontainebleau entre le tout nouveau royaume d’Italie et l’empire français ; elle prévoyait le retrait des soldats français en garnison à Rome pour protéger le pape et l’engagement de l’Italie de ne pas envahir les États pontificaux et même de les défendre. Florence fut déclarée capitale du royaume, mais cela ne trompa ni n’apaisa personne. 

Fin 1866, les Français quittaient Rome et Napoléon restituait la Vénétie (donnée par les Autrichiens) à l’Italie, après consultation populaire. Et malheureusement, les dirigeants du royaume d’Italie justifièrent la méfiance de Pie IX, ils « laissèrent » Garibaldi rassembler 8000 volontaires pour marcher sur Rome le 23 octobre 1867. Le 26, l’empereur envoya 22.000 hommes pour défendre le pape, le 3 novembre, Garibaldi fut battu. Des soldats français restèrent à Rome jusqu’à la fin de l’empire, mais cette aventure n’avait pas suffi pour réconcilier le parti catholique avec le régime impérial. 

Si l’on ajoute à cela l’incompétence du Corps législatif qui n’était dépassée que par celle du principal ministre, Émile Ollivier, qui poussa l’empereur à la guerre contre la Prusse alors que l’armée française n’était absolument pas prête – cela avait été dit clairement à la tribune de la chambre par le maréchal Niel, ministre de la guerre, dès la victoire prussienne de Sadowa en 1866 – on peut comprendre le désarroi des Français après l’humiliante défaite de Sedan le 2 septembre 1870. Mais il y avait mieux à faire, deux jours après, le 4 septembre, que de renverser l’empire et proclamer la République ! Si l’empire était discrédité, j’ai expliqué en partie pourquoi, les hommes au pouvoir en France connaissaient le mépris de Bismarck pour les républiques et son agacement devant ce qu’il appelait l’arrogance française. Il s’attendait à négocier avec l’empereur qu’il connaissait depuis un moment. Non seulement il ne le put pas parce que Napoléon III était déchu, mais encore parce que la nouvelle république avait décidé de continuer la guerre. Ce jeu de prolongation s’avéra sanglant, une partie du territoire national fut occupée, des actes de résistance se produisirent entraînant des représailles. Le 28 janvier 1871, le gouvernement provisoire signa l’armistice et l’on put procéder à des élections début février. Les républicains dans l’ensemble voulaient reprendre la guerre, à l’inverse des conservateurs, républicains modérés, royalistes des deux tendances et bonapartistes, une chambre à très grande majorité conservatrice fut ainsi élue le 8 février 1871 et le 10 mai, le traité de Francfort qui rattachait à l’empire allemand l’Alsace et la Lorraine fut signé. 

Auparavant avait commencé une insurrection terrible, la Commune, pendant laquelle des anarchistes et des révolutionnaires mirent Paris à feu et à sang, alors que la paix n’était pas encore signée, mais  l’élection de cette assemblée ne leur plaisait pas. Une minorité d’enragés sut exploiter la grande misèrede beaucoup de Parisiens, aggravée par le siège, pour faire régner la terreur. Thiers réfugié à Versailles demanda à Bismarck la libération de prisonniers français pour reconstituer une armée pour rétablir l’ordre à Paris, ce qui n’empêcha pas l’exécution des otages dont l’archevêque de Paris, fusillé, et d’autres prêtres massacrés dans des conditions abominables, dont six ont été béatifiés en ce mois d’avril 2023. C’est à la fin de ce mois de mai que s’acheva la Commune, laissant des traces de haine qui existent encore aujourd’hui. Quant à Rome, son sort avait été réglé dans le mois qui avait vu la défaite française. Les troupes du royaume d’Italie entrèrent dans la ville le 20 septembre 1870. C’en était fait du pouvoir temporel du pape qui s’y considéra comme prisonnier, et la loi du 3 février 1871 fit de Rome la capitale de l’Italie, sans que la question romaine soit réglée d’une manière équitable.

1) Joseph de Maistre, Du pape, Les classiques de la pensée politique, Librairie Droz, Genève 1966, p. 171.

2) Joseph de Maistre, op cité, pp. 176-177

3) Joseph de Maistre, op cité, p. 183

4) Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, Éditions Perrin 2007, p. 853

5) Père Michel Viot, L’heure du royaume de France est-elle venue ?, Editions Via Romana 2018, pp. 80 et 81

6) Père Michel Viot, op cité, pp. 103-104

7) Maxime Du Camp, Souvenirs d’un demi-siècle, tome I, Éd. Hachette, p. 69

8) Maxime Du Camp, op cité, pp. 63 à 68

9) Victor Hugo, « Politique », Oeuvres complètes, Collection Bouquins, Éd. Robert Laffont, p. 142 et ss. 

10) Pierre Milza, Napoléon III, Éditions Perrin 2004, pp. 174 et 175

11) Pierre Milza, op. cité, p. 176

12) Pierre Milza, op. cité, p. 160

13) Pierre Milza, op. cité, pp. 369-362

14) Pierre Milza, op. cité, p. 361 

15) Pierre Milza, op. cité, p. 367

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P. Michel Viot

Père Michel Viot. Maîtrise en Théologie. Ancien élève de l’Ecole Pratique dès Hautes Études. Sciences religieuses.

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