Association italienne des enseignants catholiques © L'Osservatore Romano

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Le pape François invite les enseignants à "l’éducation écologique"

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Une écologie non pas « schizophrène » mais « intégrale » (Traduction complète)

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Le pape François invite les enseignants à « l’éducation écologique », devant les membres de l’Association italienne des enseignants catholiques (Associazione Italiana Maestri Cattolici, AIMC), qu’il a reçus au Vatican ce 5 janvier 2018. Il s’agit, a-t-il expliqué, d’éduquer à une écologie non pas « schizophrène », qui omette certains domaines, mais « intégrale ».
En conclusion du XXIe Congrès national AIMC intitulé “Mémoire et futur. Périphéries et frontières des savoirs professionnels”, le pape a souligné que l’éducation écologique « doit viser le sens de responsabilité: non pas transmettre des slogans que d’autres devraient mettre en pratique, mais susciter le goût d’expérimenter une éthique écologique en partant de choix et de gestes de vie quotidienne ».
Le pape François a également encouragé à « promouvoir la culture de la rencontre » et à refonder « l’alliance éducative entre l’école et la famille » : « il faut favoriser une nouvelle “complicité” … entre enseignants et parents. Avant tout en renonçant à se penser comme des fronts opposés, en se culpabilisant mutuellement, mais au contraire en se mettant à la place les uns des autres. »
Voici notre traduction du discours que le pape a prononcé durant la rencontre.
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite la bienvenue, représentants de l’Association italienne des enseignants catholiques, à l’occasion de votre Congrès national, et je remercie le président pour ses paroles.
Je voudrais vous proposer trois points de réflexion et d’engagement : la culture de la rencontre, l’alliance entre école et famille et l’éducation écologique. Et aussi un encouragement à s’associer.
Première chose, je vous remercie pour la contribution que vous donnez à l’engagement de l’Eglise pour promouvoir la culture de la rencontre. Et je vous encourage à le faire, si possible, de façon encore plus ramifiée et incisive. En effet, dans ce défi culturel les bases des années de l’éducation primaire des enfants sont décisives. Les enseignants chrétiens, qu’ils travaillent dans des écoles catholiques ou dans des écoles publiques, sont appelés à stimuler chez les élèves l’ouverture à l’autre comme visage, comme personne, comme frère et sœur à connaître et à respecter, avec son histoire, ses forces et ses faiblesses, ses richesses et ses limites. L’enjeu est de coopérer à former des jeunes ouverts et intéressés par la réalité qui les entoure, capables de soin et de tendresse – je pense au bullisme –, qui soient libres du préjugé répandu selon lequel, pour avoir de la valeur, il faut être compétitifs, agressifs, durs envers les autres, spécialement envers celui qui est différent, étranger ou qui est vu d’une quelconque façon comme un obstacle à l’affirmation de soi. C’est malheureusement un “air” que nos enfants respirent souvent, et le remède est de faire de façon à ce que nous puissions respirer un air différent, plus sain, plus humain. Et dans ce but, l’alliance avec les parents est très importante.
Nous arrivons ici au deuxième point, c’est-à-dire à l’alliance éducative entre l’école et la famille. Nous savons tous que cette alliance est en crise depuis longtemps, et dans certains cas complètement rompue. Autrefois, il y avait un renfort réciproque entre les stimulations données par les enseignants et ceux des parents. Aujourd’hui la situation a changé, mais nous ne pouvons pas être nostalgiques du passé. Il faut prendre acte des mutations qui ont concerné autant la famille que l’école, et renouveler l’engagement pour une collaboration constructive – à savoir, reconstruire l’alliance et le pacte éducatif – pour le bien des enfants et des jeunes. Et à partir du moment où cette synergie n’advient plus de façon “naturelle”, il faut la favoriser de façon conceptuelle, y compris avec l’apport d’experts dans le domaine pédagogique. Mais avant cela, il faut favoriser une nouvelle “complicité” – je suis conscient de l’utilisation de ce mot –, une nouvelle complicité entre enseignants et parents. Avant tout en renonçant à se penser comme des fronts opposés, en se culpabilisant mutuellement, mais au contraire en se mettant à la place les uns des autres, en comprenant les difficultés objectives que les uns et les autres rencontrent aujourd’hui dans l’éducation, et en créant ainsi une plus grande solidarité: complicité solidaire.
Le troisième aspect que je veux souligner est l’éducation écologique (cf. Enc. Laudato si’, 209-2015). Evidemment, il ne s’agit pas seulement de donner quelques notions, qui doivent être enseignées. Il s’agit d’éduquer à un style de vie fondé sur l’attitude de la sauvegarde de notre maison commune qu’est la création. Un style de vie qui ne soit pas schizophrène, c’est-à-dire qui, par exemple, prenne soin des animaux en voie d’extinction mais ignore les problèmes des personnes âgées ; ou qui défende la forêt amazonienne mais néglige les droits des travailleurs à un juste salaire, etc. C’est de la schizophrénie. L’écologie à laquelle il faut éduquer doit être intégrale. Et surtout l’éducation doit viser le sens de la responsabilité: non pas transmettre des slogans que d’autres devraient mettre en pratique, mais susciter le goût d’expérimenter une éthique écologique en partant de choix et de gestes de vie quotidienne. Un style de comportement qui, dans la perspective chrétienne, trouve sens et motivation dans la relation avec Dieu créateur et rédempteur, avec Jésus Christ centre du cosmos et de l’histoire, avec l’Esprit Saint source d’harmonie dans la symphonie de la création.
Enfin, chers frères et sœurs, je veux ajouter un mot sur la valeur d’être et de faire association. C’est une valeur à ne pas présumer, mais à cultiver toujours, et les moments institutionnels comme le Congrès servent à cela. Je vous exhorte à renouveler votre volonté d’être et de faire association dans la mémoire des principes inspirateurs, dans la lecture des signes des temps et avec le regard ouvert sur l’horizon social et culturel. N’ayez pas peur des différences et des conflits qui existent de façon normale dans les associations de laïcs ; il est normal qu’il y en ait, c’est normal. Ne les cachez pas, mais affrontez-les avec un style évangélique, dans la recherche du vrai bien de l’association, évalué sur la base des principes statutaires. Etre en association est une valeur et une responsabilité, qui en ce moment vous est confiée. Avec l’aide de Dieu et des pasteurs de l’Eglise, vous êtes appelés à faire fructifier ce talent mis dans vos mains.
Merci. Je vous remercie pour cette rencontre et je vous bénis de tout cœur, toute l’association et votre travail. Vous aussi, s’il vous plaît, priez pour moi.
Traduction de Zenit, Anne Kurian

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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