« Le Livre noir des nouvelles persécutions antichrétiennes » (III et fin)

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Thomas Grimaux évoque le fondamentalisme islamiste

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ROME, Mardi 4 décembre 2007 (ZENIT.org) – Le XXe siècle a fait plus de martyrs chrétiens que les dix-neuf siècles précédents. Mais le XXIe siècle a déjà moissonné ses victimes. Thomas Grimaux, signe « Le Livre noir des nouvelles persécutions antichrétiennes », paru en France le 22 novembre (éd. Favre), au moment où le Parlement européen vient d’adopter une résolution sur « de graves événements compromettant l’existence de communautés chrétiennes » devant « la multiplication d’épisodes d’intolérance et de répression vis-à-vis des communautés chrétiennes ».

Thomas Grimaux a évoqué dimanche dernier des discriminations et même des persécutions dont les chrétiens sont victimes en Asie, du fait de différents fondamentalismes religieux (Zenit du 2 décembre 2007). Il a ensuite abordé, hier, une autre source de persécution des chrétiens : l’idéologie communiste dans le monde actuel (Zenit du 3 décembre 2007). Il parle maintenant du fondamentalisme islamiste.

Zenit – Votre troisième partie est consacrée à « l’islamisme » – que vous distinguez toujours de l’Islam – et, comme pour les deux premières parties, vous associez étude théorique et cas concrets, étude des textes fondateurs des « nouvelles persécutions » et étude de terrain. Mais, à côté des citations des responsables de l’Eglise comme Mgr Giovanni Lajolo ou Mgr Silvano Tomasi, vous citez également des auteurs que l’on ne peut suspecter d’islamophobie.

Thomas Grimaux – Et mon argumentation repose aussi sur des écrits de journalistes que l’on ne peut taxer de cléricalisme exacerbé puisqu’ils travaillent à Libération, au Monde et même à l’Humanité !

Zenit – Ce long chapitre est divisé en sous-chapitres : 1) Origine de l’islamisme moderne 2) L’Arabie Saoudite, matrice de l’islamisme moderne 3) A l’ombre des pyramides ou des minarets ? 4) La persécution sournoise actuelle 5) La persécution violente actuelle 6) Quel avenir pour les chrétiens en terre d’islam ?). Pourquoi remonter à l’origine de l’islamisme et ne pas se contenter des faits actuels ?

Thomas Grimaux – Tout simplement parce que, sinon, on risque de prendre ces faits pour des actes isolés et non comme autant d’éléments d’une stratégie mise en place. Ainsi, pour bien saisir les racines de « l’antichristianisme » islamiste, il faut avoir à l’esprit plusieurs points.

Zenit – Par exemple ?

Thomas Grimaux – Bien que je distingue « islamiste » de « musulman », force est de constater que la progression de l’islam s’est faite soit par le commerce, soit par le sabre : « En moins d’un siècle, les combattants de l’islam vont bâtir par la guerre un empire » (Histoire du terrorisme, De l’Antiquité à Al Qaida. Sous la direction de Gérard Chaliand et Arnaud Blin, Bayard, 2004. Page 289). Dès lors, il y a eu opposition, guerre, persécution. Et ce dès l’origine comme l’écrit Le Point « Même si « djihad » signifie en arabe autant « effort » que « combat dans le chemin de Dieu » pour aboutir à la sainteté, il a toujours été l’arme de la conquête, qu’elle soit dirigée par les califes ou Ben Laden » (10 mars 2005).

Avant la mort de Mahomet, « Juifs et chrétiens sont autorisés à conserver leurs coutumes sous certaines conditions (impôt payé au protecteur musulman, interdiction de bâtir des lieux de culte sans autorisation, impossibilité de porter des armes ou de monter chevaux et chameaux…). Mais le prosélytisme leur est refusé » (Histoire du terrorisme, De l’Antiquité à Al Qaida. Sous la direction de Gérard Chaliand et Arnaud Blin, Bayard, 2004. Page 290).

Zenit – Vous citez le cas peu connu des chrétiens esclaves des musulmans. Peut-on les chiffrer ?

Thomas Grimaux – Dans « Esclaves chrétiens, maîtres musulmans : L’esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800) », de Robert-C Davis, l’auteur donne un chiffre terrible : « l’esclavage blanc pratiqué par ceux que l’on nommait alors les « Barbaresques » a bel et bien existé sur une grande échelle et constitué une véritable traite qui fit, durant près de trois siècles, plus d’un million de victimes. »

Zenit – Ainsi, vous passez en revue l’histoire musulmane, des premiers siècles de l’Hégire au médiatique Tarik Ramadan, en passant par les Frères Musulmans et les Saoud. Vous arrivez à notre époque où l’islamisme est, selon vous, la principale cause de l’antichristianisme. Sur quels éléments vous appuyez-vous pour le dire ?

Thomas Grimaux – Tout simplement sur les faits – et je passe en détail plusieurs pays, de l’Arabie Saoudite à l’Indonésie, du Pakistan aux Maldives, du Yémen au Nigeria, etc. Là, on peut voir, au quotidien, des pays où la charia s’applique et des pays où elle progresse et l’on constate une islamisation de l’Egypte, du Liban, de l’Algérie, de Gaza… Islamisation qui débute par la persécution sournoise, imposée par l’Etat ou par des lobbys, comme l’interdiction de vendre de l’alcool ou le port obligatoire du foulard…

Zenit – Mais en quoi le port du foulard est-il antichrétien ?

Thomas Grimaux – Sans rentrer dans le débat des Droits de la Femme, le foulard est antichrétien quand il est imposé, de droit ou de fait, aux chrétiennes !

Zenit – Cette persécution sournoise débouche-t-elle sur des actes violents ?

Thomas Grimaux – Malheureusement, toujours, dès que les groupes islamistes se sentent suffisamment forts. Mais je reviens sur mon argumentation. Elle repose donc sur l’expérience et l’observation des faits mais encore sur les textes des mouvements islamistes. Ceux de Ben Laden, contre les « Croisés » sont éclairants. Enfin, je scrute les manuels scolaires, les pratiques commerciales, les lois anti-conversion, etc.

Zenit – Vous concluez votre livre par une question très grave: vous prononcez le mot de « génocide » ?

Thomas Grimaux – M’appuyant sur les définitions courantes du génocide et m’appuyant sur les conclusions des raisonnements exprimés dans ce livre, je pose en effet la question. Je ne puis tout dire ici, mais d’après eux, les Arméniens ont-ils été persécutés ? Les chrétiens du Soudan l’ont-ils été ou le sont-ils ?

Zenit – Vous avez dit que ces persécutions sont « nouvelles » parce qu’elles sont « institutionnelles ». La récente résolution votée par le Parlement européen ne vous donne-t-elle pas raison dans votre analyse ?

Thomas Grimaux – D’abord un mot sur cette résolution du 15 novembre denier – et passée inaperçue dans beaucoup de grands médias : elle est fondamentale. C’est la première fois, en effet, que le Parlement européen vote un tel texte. Un texte qui dit clairement les choses. Un texte qui appelle un chat un chat. Un texte qui dénonce les crimes commis contre les chrétiens en tant que tels : les assassinats « de deux chrétiens assyriens (…) d’un prêtre chaldéen et de trois diacres » en Irak. Ceux de « de l’évêque protestant Arif Khan et de son épouse » au Pakistan et « l’attaque d’une église chrétienne, le bombardement (de) la Saint John Bosco Model School ». Le meurtre du « propriétaire d’une librairie chrétienne à Gaza », ceux « de deux jeunes coptes » en Égypte et « l’attaque lancée contre la maison d’édition chrétienne Zirve (Turquie), au cours de laquelle trois chrétiens ont été assassinés ». Qui condamne des systèmes étatiques antichrétiens : le Soudan pour noter « la gravité de la situation des communautés chrétiennes au Soudan, où les autorités de Khartoum continuent à réprimer ». La Chine, « où les autorités continuent à réprimer toute manifestation religieuse, notamment à l’encontre de l’église catholique dont bon nombre de
ses membres et évêques sont emprisonnés depuis plusieurs années, et dont certains sont décédés en prison ». Le Vietnam, où « on enregistre une forte répression des activités de l’église catholique ».

Mais, surtout, cette résolution étonne par ses directives. Ainsi, elle « demande à la Commission et au Conseil de prêter une attention particulière à la situation des communautés religieuses, et notamment aux communautés chrétiennes, dans les pays où elles sont menacées lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des programmes de coopération et d’aide au développement en faveur de ces pays » ; et « de soulever la question de la situation des communautés chrétiennes dans le cadre du dialogue politique avec les pays où elles sont menacées ».

Zenit – Pour conclure, votre livre est un ouvrage grand public, facile à lire, sans pour autant être superficiel. Concrètement, vous montrez comment ceux que vous appelez les « nouveaux Néron » s’y prennent progressivement, par une persécution sournoise (juridique, médiatique, scolaire, économique) qui prépare le terrain à une persécution violente (incendies d’églises, exils forcés, agressions physiques, meurtres).

Thomas Grimaux – En effet, je tente d’allier mon expérience sur le terrain (qui donne des exemples concrets) à une étude des textes persécuteurs que je cite.

Zenit – Un dernier mot ?

Thomas Grimaux – C’est la première fois qu’un grand éditeur publie un tel livre. J’espère donc que les lecteurs seront au rendez-vous pour apprendre des choses et aussi pour montrer au monde de l’édition grand public qu’un tel sujet peut être « porteur ». Mais surtout, je souhaite que les lecteurs, chrétiens ou non, découvrent cette réalité terrible et, pour ceux qui le veulent bien, je les invite à prier pour les chrétiens persécutés et pour leurs bourreaux.Pour une commande depuis la France métropolitaine d’un exemplaire dédicacé par l’auteur, s’adresser à « Culture de Vie » – 8, rue de la Motte – 53150 Saint Christophe du Luat (+ chèque de 16 euros + 4 euros de port). Ou renseignements à : persecutions.antichretiennes@club-internet.fr (160 pages – ISBN 13 : 978-2-8289-0984-0)

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ZENIT Staff

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