Confession, Pape François, mars 2017 © L'Osservatore Romano

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"Le confesseur est un ministre de la vie", par le card. Mauro Piacenza (traduction complète)

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Lettre aux prêtres confesseurs à l’occasion de Noël

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Le christianisme est « une option pour la vie, contre la domination du péché et de la mort », écrit le cardinal Mauro Piacenza, Pénitencier majeur, dans une Lettre aux prêtres confesseurs à l’occasion de la Sainte Nativité du Seigneur 2019. « Le fidèle qui s’approche humblement et avec les dispositions requises du sacrement de la Réconciliation, peut dire avec une sereine certitude : « J’ai trouvé la vie ! ».

Le cardinal Piacenza, qui fut Préfet de la Congrégation pour le clergé jusqu’en 2013, décrit les prêtres confesseurs comme les « ministres de la vie » parce que la vie « que le Christ crucifié et ressuscité nous a gagnée, est donnée de façon sacramentelle, c’est-à-dire réellement, à l’homme à chaque confession ». Et cette vie « consiste dans la rencontre avec l’Amour ». En effet, précise-t-il, « celui qui a trouvé l’amour a trouvé la vie ».

Pour que cette rencontre advienne, en particulier en ce temps de Noël où « beaucoup de fidèles s’approchent du sacrement de la Réconciliation », le cardinal invite les prêtres, « ministres de la miséricorde », à une « écoute humble et fidèle, attentive et généreuse des confessions sacramentelles ». Il souligne en particulier trois attitudes essentielles : « l’attention dans l’écoute », « la prudence dans le jugement » et « la joie ». « On n’a jamais trop de délicatesse ! », insiste-t-il.

Voici notre traduction de la lettre du cardinal Piacenza.

HG

Lettre du cardinal Mauro Piacenza

Très chers confrères,

Nous sommes les ministres de la vie. La Sainte Nativité du Seigneur est la « Fête de la vie », c’est la mémoire actuelle de l’Évènement le plus important de l’histoire. Un évènement vers lequel converge toute l’histoire et duquel elle a reçu tout son sens et son orientation : la fête de la vie est la fête de l’Incarnation du Verbe. Le Père aime l’homme, sa créature, au point d’envoyer son Fils, qui assume une nature humaine créée intacte, qui se fait chair, participant entièrement à l’aventure des hommes : c’est ce que le coeur humain peut accueillir de plus extraordinaire et, deux mille ans plus tard, nous continuons de nous étonner d’un amour si grand.

Dieu se fait homme pour nous donner la vie et chaque confesseur est réellement un ministre de la vie, surtout en ce temps de Noël dans lequel, par la grâce de Dieu, dans de nombreux endroits encore, beaucoup de fidèles s’approchent du sacrement de la Réconciliation.

La vie, celle que le Christ crucifié et ressuscité nous a gagnée, est donnée de façon sacramentelle, c’est-à-dire réellement, à l’homme à chaque confession.

C’est cela, au fond, l’essence même du christianisme : il est une option pour la vie, contre la domination du péché et de la mort. Le fidèle qui s’approche humblement et avec les dispositions requises du sacrement de la Réconciliation, peut dire avec une sereine certitude : « J’ai trouvé la vie ! ».

En quoi consiste cette vie que nous rencontrons dans le sacrement ?

Elle consiste dans la rencontre avec l’Amour.

Trouver la vie, c’est trouver l’amour ; l’amour miséricordieux de Dieu qui pardonne, crée et recrée toujours, ouvrant grand l’homme à la charité, selon les paroles du disciple de l’amour : « Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères » (1 Jn 3,14).

Celui qui a trouvé l’amour a trouvé la vie ; la rencontre avec l’amour est une rencontre avec la vie. C’est pour cela que la naissance du Seigneur est par excellence la « Fête de la vie » et donc la fête de l’amour, de l’Amour fait chair.

Que l’écoute humble et fidèle, attentive et généreuse des confessions sacramentelles soient le trait dominant de ces derniers jours de la neuvaine, qui nous prépare à la grande solennité  et ensuite, de tout le Temps de Noël, dans lequel, encore et toujours, les fidèles continuent de s’approcher du confessional.

Nous sommes les ministres de la vie, ministres de la miséricorde, ministres de l’unique amour qui, encore et toujours, se donne à nous pour que nous puissions nous ouvrir à lui. C’est un amour qui console, qui crée, qui renouvelle, qui introduit dans la Vie véritable.

Parmi les diverses caractéristiques que le bon confesseur ne doit jamais négliger d’avoir, il faut avant tout souligner l’attention dans l’écoute. Un seul mot, le ton de la voix, une nuance, un signe indirect, peuvent dévoiler les secrets de l’âme et permettre le juste conseil, la juste parole, l’authentique indication du chemin. Au contraire, des paroles irréfléchies ou distraites peuvent bloquer, même pour des années, une conscience qui peine à s’ouvrir à Dieu. On n’a jamais trop de délicatesse !

Une autre caractéristique indispensable est la prudence dans le jugement. Le pénitent ne peut pas toujours porter le poids de tout ce qu’on veut lui dire au cours du bref entretien de la confession. Il est nécessaire d’être extrêmement prudent, pour ne pas décourager sur le chemin de foi ou dans le combat contre le péché, et pour toujours introduire à cette joie de la vie, que le sacrement de la Réconciliation est continuellement appelé à redonner.

Un dernier trait, qu’il serait toujours bon de maintenir, c’est celui de la joie.

Le sacrement de la Réconciliation devrait toujours être, pour tout le monde, les ministres comme les pénitents, une « Fête de la foi » : un moment de joyeuse célébration de la communion retrouvée avec Dieu et avec l’Église.

Nous sommes les ministres de la vie, ministres de la joie, ministres de la liberté, conscients que la grâce du sacrement ne s’oppose pas à la liberté mais, au contraire, que la liberté est fille de la grâce : un homme qui ne chercherait toujours que lui-même se perdrait lui-même et perdrait la vie. L’homme qui, en revanche, s’oublie lui-même ne cherche pas sa vie, mais se met, sans peur, à la disposition de l’amour, trouve Dieu et se trouve lui-même, dans une liberté que seules la foi et la grâce sont capables de donner.

Nous sommes des ministres de la vie.

Offrons généreusement notre service et demandons à la Bienheureuse Vierge Marie, Mère du Verbe incarné et pour cette raison mère de miséricorde, d’accompagner notre écoute attentive, prudente et joyeuse, pour que soit donnée la vie à tous nos frères, encore et toujours. Tous mes voeux de fructueux ministère et Sainte Nativité du Seigneur à tous ! Et merci pour votre indispensable et très précieux ministère !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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