"Donne Chiesa Mondo" du 1er mars 2018 @ L'Osservatore Romano

"Donne Chiesa Mondo" du 1er mars 2018 @ L'Osservatore Romano

Femmes et travail: la question de la "reconnaissance", dans L'Osservatore Romano

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Dans son mensuel « Femmes Eglise Monde »

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Derrière la question du travail de la femme, il y a la question de la « reconnaissance » fait observer le mensuel féminin du Vatican « Femmes Eglise Monde »,  du 1er mars 2018.
Avec le mensuel de L’Osservatore Romano, en italien, « Femmes Eglise Monde », c’est la seconde fois cette semaine que le journal du Vatican prend position sur le rôle de la femme, après la publication de la lettre du pape François – que nous avons traduite en français le 1er mars 2018 – à une théologienne espagnole, Maria Teresa Compte Grau, dont nous avons aussi traduit, le 2 mars, l’introduction à son livre “Dix choses que le pape François propose aux femmes”.
Le salaire des femmes
L’éditorial intitulé « Femmes et travail » dénonce: « Il n’y a pas un seul pays, ni un seul secteur dans lequel les femmes ont les mêmes salaires que les hommes. C’est le plus gros vol de l’histoire »: des paroles d’Anuradha Seth, conseiller économique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Et « l’écart de 23 pour cent qui existe en moyenne dans le monde entier entre les salaires des femmes et que les hommes peuvent être définis comme la plus grande injustice à laquelle nous sommes les femmes soumises », proteste le Vatican.
« Il est finalement apparu à l’attention et à la conscience du monde que les asymétries de salaires, bien qu’elles aient été réduites globalement au cours des dix dernières années, montrent à quel point nous sommes loin de l’égalité », continue le mensuel qui y diagnostique « la discrimination et l’inégalité sur le marché du travail qui, dans la pratique, affectent encore et surtout les femmes ».
Il poursuit: « Au rythme actuel, prévient l’ONU, il faudra plus de soixante-dix ans pour mettre un terme à cette situation. L’écart salarial, comme nous le montrons dans ce numéro de « Femmes Eglise Monde » n’a pas une ou deux causes, mais est due à l’accumulation de nombreux facteurs et comportements culturels qui incluent la sous-évaluation du travail des femmes, la non-rémunération du travail domestique, moindre participation au marché du travail, niveau de qualification et discrimination. »
La retraite des femmes
Le mensuel alerte que le fait que ce « désavantage social » affecte « le revenu des femmes tout au long de la vie: en gagnant moins que les hommes, même à la retraite, les femmes sont plus exposées au risque de pauvreté dans la vieillesse ».
Plus précisément: « Et aujourd’hui, le pourcentage élevé de femmes de plus de soixante-cinq ans exposées au risque de pauvreté est un véritable fléau dans le monde. »
Le mensuel propose notamment le point de vue de la psychologue Daniela Scotto di Fasano « sur la façon dont la logique économique qui régit le travail des femmes influe sur le choix de la maternité » et provoque un sentiment de »culpabilité » lié à la « renonciation possible de son épanouissement professionnel ».
Dans l’Église, le reportage de Marie-Lucile Kubacki, et les témoignages de religieuses montrent que « la question de la considération économique non perçue est plutôt l’arbre qui cache la forêt d’un problème beaucoup plus vaste: celui de la reconnaissance ».
Plus encore, constate « Femmes Eglise Monde », « beaucoup de religieuses ont le sentiment qu’on fait beaucoup pour réévaluer les vocations masculines mais très peu pour faire de même avec les vocations féminines ».
Pilier social et ecclésial
Dans ce numéro audacieux, Silvina Perez évoque « le travail domestique » comme « associé occulte du capitalisme ». Marie-Lucile Kubacki titre: « Le travail (quasi) gratuit des soeurs ». Un « Manifeste pour les femmes dans l’Eglise » est proposé. Pour Daniela Scotto Di Fasano parle de « devenir femme ». Marie-Lucile Kubacki propose ensuite une réflexion sur « La maternité comme ressource économique ».
C’est certainement le « travail (quasi) gratuit des soeurs » qui a suscité le plus de remous. On constate qu’un tabou est tombé, que les cartes sont mises sur la table, non sans provoquer des résistances et des réticences. Mais on comprend, aux publications de cette semaine, comme en prélude à la Journée mondiale de la femme, que le  pape François lui-même veut faire bouger les choses, maintenant. Cela semble faire partie de sa « réforme ».
Pour le moment, la réflexion va se poursuivre aussi lors de l’assemblée plénière, au Vatican, de la Commission vaticane pour l’Amérique latine (6-9 mars 2018), avec ce thème choisi par le pape François lui-même: “La femme, pilier de l’édification de l’Eglise et de la société en Amérique latine”.
Au programme des réflexions, avec la participation d’un groupe de femmes d’Amérique latine, la pauvreté au féminin et les violences subies par les femmes, et, le 8 mars, un dîner avec 40 femmes qui travaillent au Vatican (sur 700).
Renouveau marial
En ce jour où le pape François institue la mémoire liturgique de Marie, Mère de l’Eglise, fixée au Lundi de Pentecôte, le décret signé par le cardinal Sarah précise que le pape François souhaite ainsi favoriser « la croissance du sens maternel de l’Eglise et de la vraie piété mariale ».
On comprend que la question de la « reconnaissance » de la dignité et de l’action de la femme dans l’Eglise passe par la justice, face aux violences, ou dans le travail, et par l’approfondissement spirituel et théologique de la figure et du rôle de Marie. Le renouveau « marial » va de pair dans l’histoire  avec la promotion du rôle de la femme.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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