« Le visage féminin de la migration. Réflexions théologiques », par Mgr Veglio

Colloque de la Caritas internationalis au Sénégal

Share this Entry

ROME, Jeudi 2 décembre 2010 (ZENIT.org) – Mgr Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement souligne la « solitude » et la « douleur » vécue par les femmes migrantes.

« Les projets et les rêves de chaque femme sont ceux de construire une famille et d’avoir des enfants. Malheureusement dans la migration ceci devient aussi de plus en plus difficile à cause de la précarité économique et les répercussions dans la maternité précoce. Les femmes vivent des situations très difficiles, dans la solitude et dans la douleur », fait observer Mgr Veglio.

« Le visage féminin de la migration. Réflexions théologiques »

Caritas Internationalis

(Saly, Sénégal, 30 novembre 2010)

S.E. Mons. Antonio Maria Vegliò

Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale

des Migrants et des Personnes en déplacement

Introduction

Excellences, Révérends Pères, Religieux et Religieuses, Chers amis,

Je suis heureux de participer à cette Rencontre organisée par la Caritas Internationalis, qui a pour sujet: « Le visage féminin de la migration » et je remercie de manière spéciale le Secrétaire Général, Madame Lesley-Anna Knight, pour cette invitation à vous offrir quelques « Réflexions théologiques ». Je salue cordialement tous les organisateurs et participants.

Dans notre monde globalisé, l’émigration féminine internationale est en train de prendre pied de manière imposante. Des études récentes montrent que son effectif, dans certains Pays, a surpassé celui des hommes.

Un tel phénomène peut être lié à des causes environnementales, économiques et sociales, politiques et religieuses, souvent entrelacées.

Les femmes migrantes sont engagées dans le secteur domestique comme aide à domicile et « baby-sitter », mais aussi comme paysannes, serveuses, ouvrières et employées de bas niveau ou qualifiées, professeures et infirmières. Souvent elles sont employées dans le travail submergé, privées des droits humains les plus élémentaires et parfois elles sont abusées dans la sphère domestique. Couramment, elles se livrent au commerce de leur corps. En effets, le revenu annuel de la prostitution est estimé à 12 milliards de dollars environ, la troisième activité illégale plus rentable au monde, après le commerce d’armes et de drogues. Elles sont environ 4 millions les femmes qui se sont vendues par ans en vue de la prostitution ou de l’esclavage, près de 2 millions sont des filles mineures entre 5 et 15 ans, qui sont intégrées dans le commerce sexuel.

La majorité des femmes migrantes n’a pas l’appui d’une famille régulière. Elles sont généralement séparées, divorcées et veuves. Il semble que beaucoup d’entre elles cèdent avec une facilite relative à la pratique de l’avortement, ce qui explique la grande exposition aux traumatismes psychiques.

Les projets et les rêves de chaque femme sont ceux de construire une famille et d’avoir des enfants. Malheureusement dans la migration ceci devient aussi de plus en plus difficile à cause de la précarité économique et les répercussions dans la maternité précoce. Les femmes vivent des situations très difficiles, dans la solitude et dans la douleur.

En dernier lieu, dans le cadre de l’émigration féminine, on mentionne la « traite des femmes ». Les filles sont recrutées par des individus sans scrupules avec des manigances et des fausses promesses. Illusionnées par le « rêve migratoire », elles affrontent des voyages terribles, le plus souvent elles sont volées et abusées. Certaines d’entre elles meurent pendant les traversées dans les déserts, dans les mers ou dans les voies sans fin entreprises pour poursuivre des espoirs inattendus. La première violence leur est souvent infligée par des familles d’origine mêmes, qui les sacrifient pour l’argent, étant conscientes du destin ingrat qui les attend quand l’illusion devient déception et dégénère dans l’exploitation et la violence.

A l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié de 1995, Jean Paul II intervint et condamna avec vigueur « les formes de violence sexuelle qui visent souvent les femmes » et « la diffusion de la culture hédonistique et commerciale qui prône l’exploitation systématique de la sexualité »1. Un rappel également important sur la femme migrante nous est venu du Saint Père Benoit XVI, dans son message de l’année 2006, pour la même Journée. Il a dénoncé les conditions inhumaines de la femme migrante dans les Pays d’accueil, contraintes « à être exploitées sur le champs du travail, comme des esclaves, et bien souvent dans l’industrie du sexe »2.

Dans l’Instruction Erga migrantes caritas Christi3 il y a des références explicites aux travailleuses migrantes, en dénonçant les situations difficiles quelles doivent souvent affronter. On lit par exemple que « l’émigration des cellules familiales et celle des femmes sont particulièrement marquées par la souffrance, l’émigration des femmes étant de plus en plus importante. Souvent engagées comme main-d’œuvre non qualifiée (aides domestiques) et employées au noir, les femmes sont souvent privées des droits humains et syndicaux les plus élémentaires, quand elles ne sont pas purement et simplement victimes de ce qu’on appelle le « trafic d’êtres humains », qui n’épargne aujourd’hui même pas les enfants. C’est un nouveau chapitre de l’histoire de l’esclavage » (EMCC n. 5).

1. L’Ecriture Sainte

Un des sujets qui retiennent l’attention dans le débat théologique d’aujourd’hui est celui de la dignité de la femme et de son rôle spécifique dans l’Église et dans la société en général.

L’Ancien Testament souligne, à maintes reprises, l’influence de l’élément féminin sur le destin du peuple élu. Par exemple, la double version du récit de la création de l’homme et de la femme, dans le livre de la Genèse, est significative. Les deux textes relatifs à la création de l’humanité (Gn 1,28 et 2,18-25) ont été objet de grandes discussions, dans la tentative d’établir au moins leur cohérence. De ces deux textes émerge, de toute façon, que l’homme et la femme sont créés à l’image de Dieu. Ici on questionne la dignité particulière de l’homme et de la femme, qui caractérisent l’humanité entière. Toujours dans le livre de la Genèse, la création de la femme est présentée comme complément de celle de l’homme: deux êtres non isolés, mais capables de communiquer, qui en raison des diversités légitimes, dans la rencontre réciproque, s’enrichissent mutuellement et engendrent une nouvelle vie.

En outre, la présence féminine marque des événements de grande importance dans l’histoire biblique du salut. Dans le livre de la Genèse 17,16, Sara est reconnue comme « mère de tous les peuples » de Dieu. Puis Rébecca, laquelle donnât naissance à Jacob et Ésaü, fondement du peuple biblique et du royaume d’Israël (Gn 25,19 -26).

Ruth est une femme étrangère, expérimentée par les malaises de l’émigration. La providence divine l’appelle à être ancêtre de David et du Christ. Sans Ruth l’histoire biblique manquerait peut-être d’ouverture universelle. Et il ne faut pas oublier les beaux mots prononcés par elle-même, dans le livre de Ruth 1,16, comme acte de foi et de courage: « où tu iras, j’irai, où tu demeureras, je demeurerai; ton peup
le sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu
 ».

L’autre figure féminine de l’Ancien Testament que je voudrais porter à votre attention est celle de la femme relatée dans le livre des Juges 19,22-25. On vous présente l’histoire d’une femme abusée et violée, comme une anticipation des tas d’histoires qui malheureusement font l’actualité aujourd’hui. C’est l’histoire d’une femme, victime de la haine et de la soif du pouvoir. C’est l’histoire de beaucoup de jeunes filles qui affrontent continuellement le voyage de l’espoir.

Dans le Nouveau Testament la femme par excellence est Marie, la mère de Jésus. Marie a été définie dans l’Erga migrantes caritas Christi comme « icône vivante de la femme migrante » (n. 15). L’un de ses premiers voyages, après l’annonce de l’ange, est la visite à la cousine Elisabeth qui manifeste la disposition au service et la sensibilité généreuse typique de l’âme féminine (Lc 1,39-45).

L’accueil de la part d’Elisabeth est un accueil de caractère féminin. Les deux femmes se parlent, elles partagent les sentiments les plus intimes. Marie est tombée enceinte de manière extraordinaire et a tout gardé en secret. Elle a fait la première confidence certainement à la cousine, parce qu’Elisabeth l’appelle « Bénit », ce qui signifie que ces deux femmes partagent la même longueur d’onde. Alors Marie lui raconte tout de soi, en lui confiant son histoire.

Marie donne naissance à son Fils loin de la maison. Puis, les évangélistes racontent son amère expérience migratoire liée à la fuite en Egypte. Nous rappelons que le premier miracle de Jésus aux noces de Cana, selon l’Évangile de Jean, fut sollicité par une femme même, sa mère.

Dans les évangiles nous trouvons beaucoup d’autres figures féminines, parmi lesquelles Marie de Magdala, la Samaritaine, la belle-mère de Pierre, la femme de Pilate et quelques femmes qui soutenaient Jésus et le groupe des Apôtres.

Le récit de Lc 10,38-42 mérite une réflexion spéciale. Le passage évangélique met en comparaison l’action et la contemplation, mais il souligne le mystère d’accueil de Marthe et de Marie, entendu comme service envers le pèlerin, le migrant, les sans abri. Accueillir ne signifie pas ouvrir sa propre maison ou donner quelque chose de soi, mais les impliquer dans l’« être », au-delà du simple « avoir ». Héberger signifie créer d’espace à l’étranger et lui faire sentir chez soi. Etant aux pieds de Jésus, Marie se laisse modeler par sa parole et sa sœur Marthe lui sert dans les tâches du service. Ensuite, selon les Évangiles, c’est à Marthe, face à son frère Lazare ramené en vie, que Jésus révèle les mystères de sa mission: « Je suis la résurrection et la vie; qui croit en moi, même s’il meurt il vivra; quiconque vit et croit en moi, ne mourra jamais » (Jn 11,25-26). Le mystère pascal est contenu dans ces mots adressés à une femme.

Les femmes accompagnèrent Jésus jusqu’à la croix « Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala » (Jn 19,25). Elles furent les premières personnes à accueillir l’annonce de la Résurrection. Saint Paul, dans l’épître aux Philippiens, fait allusion à Évodie et Syntychè, deux femmes qui ont lutté pour l’Évangile ensemble avec l’apôtre. Elles ont exercé le même ministère que Paul, ainsi elles ont joué assurément un rôle prépondérant dans l’organisation de la communauté (Ph 4,2-3). En ce qui concerne la figure de Phébée, dont on parle dans la Lettre aux Romains (Rm 16,1-2), qu’on définit comme « sœur dans la foi, diaconesse et maitresse », Paul l’associe à ses collaborateurs dans l’exercice du ministère apostolique, en leur donnant une reconnaissance extraordinaire dans la mentalité du temps. Alors, en disant que Phébée est « maitresse », Paul met en relief son rôle de guide, de présidence, de prestige humain et chrétien. Finalement, l’apôtre, dans le chapitre conclusif de la Lettre aux Romains, fait allusion à douze femmes, parmi lesquelles Junias, en la définissant comme « une éminente femme parmi les apôtres » (Rm 16,7; 16,15).

2. Les Pères de l’Église

En commentant les textes des Pères de l’Eglise4 nous nous rendons compte du grand travail que l’Église a réalisé en faveur de la femme dans les premiers siècles du christianisme, en lui donnant la dignité que l’antiquité lui avait accordé avec parcimonie et lenteur. Seulement pour dire quelques exemples, Saint Jérôme affirme qu’après la résurrection, le Seigneur apparut aux femmes et qu’elles furent les « apôtres des apôtres ». Saint Augustin exalte les martyres Félicité et Perpétue, en disant que plus la couronne est précieuse plus est faible la personne qui la porte. Finalement Grégoire le Grand et Pierre Chrysologue exaltent l’adhésion spontanée de la femme à la Bonne Nouvelle.

3. Le Magistère

Jean Paul II, dans son Magistère, a mis en relief un jalon pour la fondation théologique à caractère féminin. Il est celui qui a mieux pris en considération de manière systématique, dans ses interventions (discours, homélies, lettres apostoliques), la dignité et la mission de la femme dans la société et dans l’Église. C’est surtout dans la Redemptoris Mater, dans la Mulieris dignitatem et dans la Lettre aux femmes que sa pensée est mise en lumière à ce but. Dans ces trois documents il dénonce aussi les divers problèmes qui tourmentent encore les femmes dans les différentes parties du monde et demande d’y intervenir avec urgence et des recours efficaces.

Dans la Redemptoris Mater5 le Pape montre comment la féminité se trouve dans une relation singulière avec la Mère du Rédempteur, en effet « la figure de Marie de Nazareth projette une lumière sur la femme en tant que telle du fait même que Dieu, dans l’événement sublime de l’Incarnation de son Fils, s’en est remis au service, libre et actif, d’une femme, par conséquent en regardant Marie la femme trouve en elle le secret pour vivre dignement sa féminité et réaliser sa vraie promotion et continue à mettre en évidence les qualités caractéristiques de la femme, de chaque femme, en particulier de la femme consacrée » (RM n. 46).

Dans la Mulieris dignitatem6 (1988) Jean Paul II parle du « génie féminin » et de Dieu qui confie de manière spéciale l’homme à la femme, deux expressions qui résument sa pensée et expriment toute sa confiance et son espoir dans la femme et dans sa grande « mission dans le monde ». « Le génie féminin » dont parle Jean Paul II est la « capacité de voir loin » et de pressentir ce qui va au-delà, de saisir avec les yeux du cœur l’essentiel non visible facilement par les yeux du corps. Cette capacité appartient, plus que jamais, à la femme parce que sa vocation passe de manière spéciale à travers l’amour.

Dans la Lettre aux femmes7, écrite à l’occasion de la IV Conférence mondiale « sur la femme et le développement » qui s’est tenue à Pékin en 19958, Jean Paul II reprend ce « Merci à Dieu</i> » avec lequel il avait conclu la Mulieris dignitatem et il conclut en disant: « Merci à toi, femme, pour le seul fait d’être femm
e!
Par la perception propre à ta féminité, tu enrichis la compréhension du monde et tu contribues à la pleine vérité des relations humaines » (n. 2).

Dans la Conférence internationale du Pékin où l’on voit réunis pour la première fois dans l’histoire les représentants de 189 Pays parmi lesquels le Saint-Siège, il y eut un accord sur une déclaration solennelle: l’éducation et la santé des femmes sont d’une importance cruciale pour le soutien et la croissance d’une Nation. On décida donc que d’ici au 2015 tous les Gouvernements dussent établir le droit à l’accès éducatif de toutes les femmes et à l’assistance médicale en maternité et aux services de base de planifications familiales, et que tous les Gouvernements dussent se mobiliser pour réduire la mortalité enfantine et maternelle.

Dans l’encyclique Caritas in Veritate9, à la fin du numéro 62, le Saint-Père Benoit XVI affirme la dignité de la personne migrante, homme et femme, en disant que « tout migrant est une personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance ».

Dans sa visite pastorale à Malte, qui s’est tenue du 17 au 18 avril de cette année, le Saint-Père est revenu sur le phénomène migratoire, en renouvelant au Gouvernement Maltais et aux Pays membres de l’Union Européenne l’exhortation à revoir les politiques migratoires, avec une attention vers celui qui fuit des Nations en crise humanitaire et en les invitant surtout à l’accueil: « comme Dieu et l’Église ne refusent pas un être humain souffrant, ainsi les Gouvernements ont le devoir d’accueillir les migrants qui atteignent nos frontières, certains fuient des situations de violence et de persécution, d’autres sont à la recherche de meilleures conditions de vie, en leur assurant toujours le respect de leurs droits »10.

Ils sont nombreux les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique (soit masculin que féminin), ainsi que les Associations laïques et les Mouvements ecclésiaux qui s’occupent, a des niveaux différents, de l’assistance aux femmes migrantes qui, dans leur engagement ouvrable, subissent différentes formes de violence. Nous pouvons citer par exemple, au niveau international, la Congrégation des « Sisters of the Good Shepherd », la Congrégation des Missionnaires Scalabriniens et celle des Sœurs Missionnaires de Saint Charles Borromée.

Conclusion

Un regard sur l’histoire nous fait constater que généralement la femme a été considérée, pendant longtemps, comme étant subordonnée à l’homme. Beaucoup de chose a changé au cours des siècles. Cependant la communauté internationale prête encore une attention insuffisante à certaines questions fondamentales. Il n’y a pas encore des lois universellement prodiguées au service de la maternité et qui tiennent dûment compte du fait que la femme a une manière propre de gérer les différentes réalités. Dans ce contexte, la famille a une importance capitale, puisqu’elle est définie comme la cellule fondamentale de la société.

La Théologie de la mobilité humaine affirme la culture du respect du migrant, l’accueil, l’égalité et la valorisation des diversités légitimes, capables de faire voir les femmes migrantes comme porteuses de valeurs et de ressources11. Pour ces motivations, l’Église invite les Gouvernements à revoir les politique et les règles qui compromettent la tutelle des droits fondamentaux, comme la lutte contre les abus sur le travail et surtout ceux qui sont sexuels, l’accès aux services sanitaires, le logement, la nationalité, le regroupement familier et l’assistance aux jeunes mères.

La Convention Internationale sur la Protection des Droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles, adoptée le 18 décembre 1990 et entrée en vigueur à partir du premier juillet 2003, a été reconnue par les 179 États qui avaient déjà souscrit la Convention sur l’élimination de toutes les formes de Discrimination contre la Femme de 1979, et par les 192 États signataires de la Convention de 1989 sur les Droits de l’enfance. Elle a été ratifiée, cependant, par 42 États seulement. Il s’agit d’un instrument juridique qui définit, au moins, le statut du travailleur migrant. Dans le cas spécifique, on remarque que la Convention considère les hommes aussi bien que les femmes comme travailleurs migrants, sachant que dans le passé les femmes étaient considérées habituellement comme étant dépendantes des hommes travailleurs migrants: c’est un progrès remarquable dans la reconnaissance de l’égalité entre hommes et femmes travailleurs dans l’émigration. Donc, la Convention cherche, dans son ensemble, de sauvegarder les droits des hommes et des femmes migrants engagés dans le travail.

L’Église se mobilisera pour que les législations sur la liberté religieuse soient des empreintes d’un esprit de correction et de respect réciproque12. Elle continuera, aussi, à accueillir avec fraternité les migrants qui proviennent des Églises sœurs, à partager avec eux la richesse de la diversité et à annoncer ensemble l’Évangile à travers la parole et l’action. Dans la perspective d’une Église ministérielle, missionnaire et plus attentive au laïcat, une présence adéquate et une juste ministérialité de la femme devra être mieux approfondie, reconnue et valorisée. Il s’agit de reconnaître leur rôle spécifique dans un projet d’Église, dans lequel homme et femme, avec des dons et des tâches particulières et complémentaires, puissent réaliser le meilleur de soi selon le projet de Dieu dans le Christ.

Si à ce but il ne manque pas des signes positifs de développement, cependant il reste encore de nombreuses difficultés à surmonter, des préjugés à vaincre, des principes et des buts à réaliser, des aspects opérationnels à approfondir et à développer. L’insuffisante possibilité concrète de participation sociale, politique et culturelle que la société civile garantit aujourd’hui à la femme, se répercute aussi sur nos communautés chrétiennes, appelées pourtant à valoriser davantage les valeurs de référence, le vécu quotidien et la culture de la femme immigrée. Il s’agit de développer quelques critères de fonds, pour tout ce qui est largement confirmé dans le cadre théorique – comme égalité, parité, diversité-spécifique et réciprocité-coresponsabilité – mais desquelles il est si difficile de faire une traduction pratique, opérationnelle, cohérente, en promouvant aussi un développement plus complet de la ministérialité féminine.

Si les communautés s’auront devenir un endroit et un espace dans lequel les hommes et les femmes sont reconnus dans toutes leurs particularités et accueillis dans leur diversité, elles offriront un signe d’espoir concret et une contribution d’une nouvelle humanité dans la société actuelle, où les couples, les familles, les femmes abandonnées, les enfants et les vieillards cherchent des points de référence authentiquement évangéliques, des vraies places d’accueil et des nouveaux motifs pour vivre, espérer, croire et aimer.

La dévotion populaire considère Marie comme « Notre-Dame de la route » (EMCC n. 15), modèle et inspiratrice de chaque femme migrante. Elle est femme, mère, apôtre et Reine (Lettre aux femmes n.10), associée au zèle sacerdotal, engagé dans l’œuvre pastorale pour les femmes migrantes.

Marie est mère de l’Église et de la famille migrante. Marie est l’apôtre par excellence, parce
qu’elle a donné Jésus et continue à l’offrir au monde dans le champ de l’émigration. Marie, Reine de l’amour, veille sur toutes les femmes, spécialement les femmes migrantes, et guides les sur le chemin du progrès humain, de l’amour familier, de la paix entre les peuples et de la diffusion du Royaume de Dieu.

Merci!

1 Jean Paul II, Message de à l’occasion de la Journée Mondiale des Migrants et des Refugiés, 1995: L’Observateur Romain, 3 Septembre 1994, La donna sempre più coinvolta nel fenomeno dell’emigrazione, p. 4.

2 Benoît XVI, Message à l’occasion de la Journée Mondiale des Migrants et des Refugiés, 2006, sur le thème: « L’Emigration signe des temps »: L’Observateur Romain, 29 Octobre 2005, p. 4.

3 L’Instruction à été publiée le premier mai 2004: AAS XCVI (2004) 762-822.

4 Cfr Alexandre M., Immagini di donne ai primi tempi della cristianità, in Schmitt Pantel P. (ed.), Storia delle donneL’antichità, Laterza, Roma-Bari 1994.

5 Cfr Lettre Apostolique Redemptoris Mater : AAS LXXIX (1987) 361.

6 Cfr Lettre Apostolique Mulieris dignitatem : AAS LXXX (1988) 1662-1670.

7 Cfr Lettre aux femmes: Enseignements de Jean Paul II, I (IPPS), p. 1873.

8 Sur la conférence internationale du Pékin, voir « Femme et développement » : L’Observateur Romain, 16 Septembre 1995, p. 15.

9 Cfr Lettre Encyclique Caritas in Veritate : AAS CI (2009) 696.

10 Benoît XVI, Visite pastorale à Malte, 17-18 avril 2010, Accueil des migrants : L’Observateur Romain, 19 avril 2010, p. 12.

11 Cfr Conseil Pontifical de la Pastorale pour les Migrants et les Personne en déplacement, Migranti e Pastorale d’Accoglienza, (Quaderni Universitari), Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 2006.

12 Cfr. Hamao S.F., « Le dialogue œcuménique, interreligieux et interculturelle » : People on the Move 96 (2004) pp. 25-36.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel