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Europe: un nouveau réseau de maires pour changer de stratégie

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Sommet des maires européens au Vatican, Déclaration finale (traduction complète)

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Les maires – de différents horizons politiques – de quelque 80 villes européennes – dont Paris (Anne Hidalgo), Bruxelles (Yvan Mayeur), Genève (Guillaume Barazzone) – se sont retrouvés au Vatican les 9 et 10 décembre 2016 pour débattre de la crise des réfugiés et échanger leurs expériences: ils prônent, entre autres, la suppression des paradis fiscaux pour financer des programmes sociaux.
Le thème de la rencontre, à la « Casina Pio IV » des Jardins du Vatican, siège de l’Académie pontificale des sciences, présidée par Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, était: « Les réfugiés sont nos frères et nos soeurs » (« Refugees Are Our Brothers and Sisters »).
Au terme de cette réunion, ils ont publié une déclaration sur la nécessité d’un nouveau réseau de maires, accrédité au niveau international, pour donner une impulsion à un changement de « stratégie » au service de la liberté, de la dignité, de la justice et de la paix notamment, et pour lutter efficacement contre les esclavages modernes.
Ils appellent de leurs vœux la suppression des paradis fiscaux pour financer des programmes sociaux et un allègement de la dette grecque pour relancer la zone euro. Ils invitent à construire des « ponts » et non pas des « murs ».
 
Mme Hidalgo, maire de Paris, a remis à Mgr Sanchez Sorondo une lettre du maire d’Alep (Syrie) pour le pape François. Elle a introduit les travaux, samedi matin, 10 décembre 2016, expliquant les mesures de Paris pour les réfugiés: une « solidarité » des Parisiens qui la rend « optimiste ». On peut écouter son intervention au début de cette vidéo et la réaction de Mgr Sanchez Sorondo, en français.
La vidéo de la journée du 9 décembre 2016 se trouve ici.
Voici notre traduction intégrale – rapide, de travail – du document final, à partir de l’original en anglais.
Déclaration finale
Les villes européennes que nous représentons sont les grappes des villes qui existaient avant même leurs nations respectives, beaucoup d’entre elles avant même le christianisme, comme Athènes et Rome.
Certaines de ces villes ont été capables de créer des formes de coexistence et d’acceptation qui sont aujourd’hui des modèles à imiter : Athènes, par exemple, est à l’origine de la démocratie moderne ; Florence est un leader pour l’abolition de la peine de mort.
En général, et en suivant le message du Christ, être Européens signifie aussi reconnaître la dignité et la liberté de chaque personne humaine, avec la paix comme bien suprême.
En ce qui concerne nos obligations envers les réfugiés, nous devons nous rappeler comment nous nous sommes organisés comme villes d’abord et ensuite comme nations au cours de l’histoire.
Les grandes villes d’Europe – ainsi que celles des Amériques et d’Asie – qui sont aujourd’hui confrontées à la plus grave crise de déplacement depuis la Seconde Guerre mondiale doivent continuer à collaborer de bonne foi, en confiance, dans l’espérance, l’amitié, l’harmonie et la justice pour embrasser l’humanité, l’intégration et la solidarité.
Cette prise de conscience européenne, présente chez les représentants des villes, souligne le besoin de créer un réseau de maires capables de concevoir des villes accueillantes en tant que refuges, capables d’organiser des corridors humanitaires sûrs et réguliers au sein de l’Union européenne, reconnus par la communauté internationale et capables d’exprimer la solidarité.
Des maires collectivement habilités pourraient mieux exercer leurs responsabilités d’une manière plus harmonieuse avec les niveaux de gouvernement régional, national et international.
Ce nouveau réseau doit être centré sur la rencontre humaine et sur la base d’une vision progressive de l’interculturalité, avec la participation active de la société civile – y compris du secteur tertiaire – et des traditions religieuses, où la défense et la promotion de la dignité humaine, de la liberté, de la justice, de l’intégration et de la paix doivent prévaloir sur les débats de nos préjugés. Il doit se tourner vers un avenir commun de construction de ponts plutôt que de se concentrer sur la diversité comme par le passé.
Le nouveau réseau des Maires devrait promouvoir des solutions pour les victimes de l’esclavage moderne et de la traite des êtres humains que constituent le travail forcé et la prostitution et le trafic d’organes.
Le réseau devrait contribuer à rétablir le sens de la justice et des opportunités pour les défavorisés, les jeunes au chômage, et pour ceux qui ont souffert du point de vue économique en raison de la demande persistante de main-d’œuvre à bon marché et du travail sous-traité.
Cela implique la mise en œuvre, par les Etats, d’un vaste programme de dépenses sociales en santé, éducation, formation, indemnités de licenciement et soutien familial, financé par la fermeture des paradis fiscaux. Il implique également d’accorder un allégement de la dette grecque, dans l’espoir de mettre fin à la crise prolongée de la zone euro.
L’aide humanitaire aux démunis, animée par un esprit de charité et par l’éthique du soin, doit être informée et aidée aujourd’hui par les nouvelles découvertes académiques et scientifiques dans les domaines de la santé, y compris de la santé mentale, du traumatisme, de l’éducation et du bien-être.
La guerre et la terreur, la pauvreté, l’inégalité croissante, le changement climatique, la dégradation et les catastrophes environnementales sont à l’origine du plus grand déplacement forcé de l’histoire humaine: plus de 65 millions d’êtres humains. Cela met en évidence la nécessité absolue de passer d’une stratégie basée sur la défense et la guerre à une stratégie centrée sur le développement durable et intégral, en particulier dans le cas des pays les plus avancés. Les murs ne supprimeront jamais la recherche de la sécurité, de la dignité, du bien-être et de la paix.
Les villes doivent construire des ponts d’amour, de charité, de solidarité, de bonne foi, de confiance et d’espérance. Des ponts pour guérir nos frères réfugiés, nos sœurs réfugiées, nos enfants réfugiés et ainsi guérir et rétablir notre humanité commune pour l’amélioration de nos semblables.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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