Nonces apostoliques © Vatican Media

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Diplomatie : le décalogue des nonces apostoliques

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Homme de Dieu, homme du pape

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Quel genre d’homme un nonce apostolique, représentant du pape dans le monde, doit-il être ? Le pape François a donné un « décalogue » brossant son portrait, en rencontrant les ambassadeurs du Saint-Siège ce 13 juin 2019. S’éloigner du politiquement correct, des groupes hostiles au pape, refuser les dons coûteux qui enchaînent, être proche de tous, sont quelques-unes des grandes lignes de ces conseils.
Lors de cette audience avec les nonces du monde – rassemblés dans le petit Etat pour une réunion du 12 au 15 juin – le pape leur a remis un discours pour leur mission « délicate et importante », en dix points : il les appelle ainsi à être hommes de Dieu, d’Eglise, de zèle apostolique, de réconciliation, du pape, d’initiative, d’obéissance, de prière, de charité active et d’humilité.
Le nonce est un “homme de Dieu” : il est appelé à « suivre Dieu en tout et pour tout ; à obéir à ses commandements avec joie ; à vivre pour les choses de Dieu et non pour celles du monde ; à lui consacrer librement toutes ses ressources en acceptant avec une âme généreuse les souffrances qui surviennent en conséquence de la foi en Lui ». Cet « homme de Dieu », ajoute le pape, refuse les médisances, « la saleté du monde », les « valeurs mondaines ». Sinon, il cause du tort à l’Eglise.
« Homme d’Eglise », c’est le deuxième point du décalogue : le nonce « ne se représente pas lui-même ». S’il maltraite ses collaborateurs, s’il « cherche le luxe, les vêtements et objets “haute-couture” », il est « un contre-témoignage. Il sait que « le plus grand honneur » est d’être “serviteur de tous” et à la différence des autres ambassadeurs, il reste avec le peuple de Dieu du pays où il sert, lors des grands fêtes : « c’est sa famille ». Il s’agit aussi de « défendre courageusement l’Eglise face aux forces du mal », voire de « mettre de côté ses convictions personnelles » pour représenter les positions de l’Eglise.
Le nonce est également « homme de zèle apostolique », c’est-à-dire « annonciateur de la Bonne Nouvelle » : « Qui rencontre le nonce doit se sentir d’une certaine façon interrogé ». Le pape met alors en garde contre « la timidité », « la tiédeur des calculs politiques ou diplomatiques », le « politiquement correct » et le « cancer de la désillusion ».
Quatrième point : homme de réconciliation, le nonce doit favoriser la médiation, la communion, le dialogue, poursuit-il. Il doit chercher à « rester impartial et objectif », être un « arbitre juste » protégeant la justice et la paix
Le nonce est « homme du pape » : il représente le Successeur de Pierre, « concrétise, réalise et symbolise la présence du pape parmi les fidèles et les populations ». Saluant la coutume selon laquelle, dans certains pays, la nonciature est appelée “Maison du pape”, le pape François souhaite que la porte en soit « toujours ouverte ». Acceptant une « vie de nomade » sur les routes, pour rencontrer la population, le nonce a une « inclination pour les relations interpersonnelles ». Il doit aussi connaître la pensée du pape et informer régulièrement ce dernier de la situation locale. Etre représentant pontifical, met en garde le pape, est « inconciliable » avec le fait de « critiquer le pape dans son dos » ou d’appartenir à des groupes hostiles au pape, à l’Eglise ou à la Curie romaine.
Le nonce est « homme d’initiative ». Ce sixième point signifie qu’il s’adapte aux nécessités du moment sans jamais tomber ni dans la rigidité mentale, spirituelle et humaine, ni dans la flexibilité hypocrite ou l’opportunisme. Il est « plein de dynamisme… créatif et doté de courage ». Il sait aussi « trouver les paroles justes pour aider les personnes qui s’adressent à lui ».
Un nonce qui ne vit pas la vertu d’obéissance – septième point – « est comme un voyageur sans boussole ». Mais cette vertu, souligne le pape, est inséparable de la liberté, « car c’est seulement dans la liberté que nous pouvons obéir réellement, et c’est seulement en obéissant à l’Evangile que l’on entre dans la plénitude de la liberté ».
Etre un « homme de prière » est également nécessaire : sans vie de prière, qui « éclaire » toute l’oeuvre du nonce, « nous devenons de simples fonctionnaires, toujours mécontents et frustrés ».
Neuvième point : le nonce est « homme de charité active », il exprime la sollicitude du pape pour le pays où il exerce sa mission. Il doit donc se dépenser auprès des pauvres et des marginalisés. Mais aussi refuser « les cadeaux trop coûteux et souvent inutiles » ou les donner à des œuvres caritatives pour ne pas en devenir « esclave ».
Un décalogue, précise le pape, adressé également aux collaborateurs des nonciatures, aux évêques, aux prêtres et aux consacrés, et qui se conclut par une prière pour être « homme d’humilité », dixième point.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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