Mensuel femmes juillet 2018

Mensuel femmes juillet 2018, capture de Zenit

L'Osservatore Romano: démissions au mensuel "Femme Eglise Monde"

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Mais la ligne indiquée par le pape François ne varie pas

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Lucetet Scaraffia, directrice du du supplément mensuel de L’Osservatore Romano « Femme Eglise Monde », lancé sous Benoît XVI, il y a sept ans, a présenté sa démission au pape François.
Le supplément mensuel de L’Osservatore Romano a été relayé régulièrement par la presse internationale, jusqu’aux prestigieux quotidiens des Etats-Unis.
Le quotidien italien « Corriere della Sera » publie la lettre de démission de Lucetta Scaraffia au pape François, ce 26 mars 2019.
Cette démission suscite la stupeur et des « retweets » dans différentes langues, avec des hommages appuyés.
Pour sa part, le directeur de L’Osservatore Romano, Andrea Monda, nommé en décembre dernier, publie une note, en italien et en anglais.
Pour plus d’un observateur à Rome l’arrivée de ce supplément, à l’époque de l’ancien directeur du quotidien du Vatican, Giovanni Maria Vian, avait constitué un « tournant historique ».
Lucetta Scaraffia écrit au pape François sa déception: « Il nous semble que maintenant, une initiative vitale soit réduite au silence et que l’on en revienne à l’habitude ancienne et aride du choix d’en-haut, sous un contrôle masculin direct, de femmes considérées comme fiables. On met ainsi de côté un travail positif et un début de rapport franc et sincère, une occasion de « parresia » (« audace dans le vocabulaire grec de saint Paul… et du pape François, ndlr), pour en revenir à l’autoréférence cléricale. Justement au moment où vous la dénoncez comme inféconde. »
On se souvient que le supplément avait déploré d’abord un certain asservissement de femmes consacrées dans des travaux ménagers au service de clercs, et ensuite les abus sexuels dont des religieuses sont victimes dans différentes parties du monde, également de la part de clercs.
Le pape François lui-même avait déploré ce scandale en répondant à la presse dans l’avion d’Abou Dhabi à Rome, en février dernier : « C’est vrai, à l’intérieur de l’Eglise, il y a eu des clercs qui ont fait cela. Dans certains cultures plus que dans d’autres. Il y a eu des prêtres mais aussi des évêques qui ont fait cela. Et je crois que cela existe encore : cela ne s’arrête pas au moment où tu t’en rends compte. »
Lucetta Scaraffia évoque des témoignages qui sont arrivés directement au mensuel, comme des appels à l’aide. Mais elle avoue « jeter l’éponge » parce que les rédactrices se sentent « entourées d’un climat de méfiance et de délégitimation progressive », au moment où le supplément commençait à susciter un vrai intérêt aussi à l’étranger avec Vida Nueva en espagnol, La Vie en français, et une édition anglaise en ligne.
Et ce n’est pas pour avoir dénoncé le scandale que Lucetta Scarafia jette l’éponge: le pape lui-même a confirmé que le problème existait et était actuellement affronté.
Au Vatican cette démission est l’occasion de réaffirmer la ligne indiquée par le pape François de promouvoir « le génie féminin » dans l’Eglise, y compris à des postes de responsabilité.
Certaines collaboratrices de Lucetta Scarafia quant à elles ne jettent pas l’éponge, apprend-on à Rome.
Le directeur de L’Osservatore Romano, Andrea Monda, a pour sa part publié une note dans laquelle il « prend acte de la décision libre et autonome » de Lucetta Scaraffia et d’une partie de son équipe.
Mais il proteste : « Depuis que j’ai été nommé directeur, j’ai garanti à la professeure Scaraffia et au groupe de femmes de la rédaction la même totale autonomie et la même totale liberté qui ont caractérisé le supplément mensuel depuis qu’il est né. Je n’ai en aucune manière sélectionné personne, homme ou femme, avec pour critère l’obéissance. Au contraire même, évitant d’interférer avec le supplément mensuel, j’ai suscité, dans la fabrication du quotidien des confrontations vraiment libres, et qui ne soient pas construites sur des mécanismes des uns contre les autres ou de groupes fermés. »
Il assure que l’avenir du supplément « n’était pas remis en question » et que « son histoire ne s’interrompt pas mais continue », et « sans aucun type de cléricalisme. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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