Card. George Pell, © wikimedia commons / Kerry Myers

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Australie: le card. Pell n'est plus préfet du secrétariat pour l'Economie

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Par précaution, interdiction du ministère public et du contact avec les mineurs

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Le cardinal George Pell « n’est plus préfet du Secrétariat pour l’Economie », annonce Alessandro Gisotti, ce mardi 26 février 2019 dans la soirée: son mandat théorique de cinq ans était arrivé à échéance le 24 février.
Depuis son retour en Australie, l’été 2017, le cardinal Pell était en congé et n’exerçait plus en fait cette fonction, bien que nominalement à la tête de ce dicastère.
A la mi-journée, le directeur par intérim de la Salle de presse du Saint-Siège avait annoncé que le pape François confirmait l’interdiction du ministère public et du contact avec les mineurs décidé par l’évêque local pour le cardinal George Pell dès qu’il est arrivé en Australie, comme mesure de précaution, dans une déclaration lue puis publiée en italien vers 11h40.
Des mesures de précaution maintenues
Le Vatican a en effet réagi a la publication du jugement de condamnation prononcé contre le cardinal Pell le 11 décembre 2018, et à la déclaration d’innocence répétée par le cardinal australien qui a fera appel, en disant, comme les évêques australiens, son « respect » de l’autorité judiciaire et son attente du jugement définitif.
« Le Saint-Siège s’associe à la déclaration du Président de la Conférence épiscopale australienne et prend acte du verdict de culpabilité prononcé par le tribunal de première instance à l’encontre du cardinal George Pell », dit la déclaration publiée ensuite également en français.
Pour le Vatican, il s’agit d’une « nouvelle douloureuse » et qui, reconnaît Alessandro Gisotti, « a choqué de très nombreuses personnes, non seulement en Australie »: « Comme cela a déjà été dit en d’autres occasions, nous affirmons notre total respect à l’égard de la justice australienne. »
Et c’est « au nom de ce respect » qu’il ajoute: « Nous attendons à présent l’issue du procès en appel, tout en rappelant que le Cardinal Pell clame son innocence et qu’il a le droit de poursuivre sa défense jusqu’au bout. »
Il réaffirme la politique de « tolérance zéro » mise en oeuvre par le pape émérite Benoît XVI: « Dans l’attente du jugement définitif, nous nous unissons aux évêques australiens dans la prière pour toutes les victimes d’abus, en réaffirmant notre engagement à faire tout le possible pour que l’Eglise soit une demeure sûre pour tous, spécialement pour les enfants et pour les plus vulnérables. »
Les mesures de précautions canoniques prises par l’évêque local sont donc maintenues pour le cardinal Pell, fait observer Alessandro Gisotti: « Pour assurer le bon déroulement de la procédure judiciaire, le Saint Père a confirmé les mesures de précaution déjà prises à l’encontre du Cardinal George Pell par l’Ordinaire du lieu lors du retour du Cardinal Pell en Australie. A savoir que, dans l’attente de la vérification définitive des faits, il soit interdit au Cardinal Pell, à titre de précaution, d’exercer publiquement son ministère et, en application des normes, d’avoir des contacts avec des mineurs, sous aucune forme ou manière que ce soit. »
L’enquête et le verdict de décembre dernier
« Le cardinal George Pell était visé par un autre procès pour d’autres faits présumés, mais l’accusation a renoncé aux poursuites, permettant la levée de l’ordonnance, qui imposait aux médias un silence sur la procédure judiciaire en cours », explique Vatican News.
C’est pourquoi « le verdict unanime des douze membres du jury, été émis le 11 décembre au terme de deux jours de délibérations » n’a été rendu public que cette nuit. La peine sera prononcée au cours d’une audience demain, mercredi 27 février.
Le préfet du Secrétariat pour l’Economie – depuis 2014 – a été jugé coupable d’abus sexuels sur mineurs, de 12 et 13 ans, dans les années 90, alors qu’il était évêque auxiliaire de Melbourne (Australie) il devient archevêque en 1996. Le cardinal Pell, 77 ans, continue de se déclarer innocent et son avocat a annoncé qu’il ferait appel de ce premier jugement.
Le jugement a été prononcé le 11 décembre dernier mais le tribunal de Melbourne avait par ordonnance interdit la publication d’informations sur le procès.
Mgr Pell a été nommé archevêque de Sydney en 2001 et il a été créé cardinal en 2003, par Jean-Paul II.
Appelé par le pape François pour participer au conseil des cardinaux en 2013  – pour représenter l’Eglise de l’Océanie -, le cardinal Pell a alors quitté Sydney pour s’installer à Rome.
Mais dès 2014, il est appelé par les tribunaux australiens à témoigner devant la Commission royale australienne chargée d’enquêter sur les abus sexuels.
A partir de décembre 2015, il est mis en cause car il aurait couvert les abus commis par d’autres prêtres ayant commis des abus dans les années soixante-dix dans le diocèse de Ballarat.
Il témoigne de Rome, en vidéo-conférence, le 29 février 2016. Il nie avoir eu connaissance de ces faits.
En octobre 2016, il est interrogé à Rome par des enquêteurs, pour des faits de pédophilie dont il est accusé, à Melbourne.
En juin 2017, l’enquête aboutit à une accusation formelle d’abus sur mineurs de la part de plusieurs plaignants.
Le 26 juillet, le cardinal Pell doit comparaître devant le tribunal de Melbourne: il n’invoque pas son immunité diplomatique et il se met en congé du Secrétariat pour l’économie pour affronter la justice de son pays.
Un procès qui n’a pas lieu et un recours en appel
Vatican News rappelle que le cardinal Pell a alors clamé son innocence: « Il affirme alors que les accusations portées contre lui sont infondées et rappelle qu’il considère les abus sexuels comme étant «des crimes horribles». »
La même source indique que « le haut prélat a régulièrement condamné avec sévérité les abus commis contre des mineurs, les qualifiants d’actes immoraux et intolérables ».
Il a également « appuyé la création à Rome par le pape François de la Commission pontificale pour la protection des mineurs ».
En Australie, lorsqu’il était évêque, il avait « mis en place des procédures pour la protection des mineurs et pour fournir une assistance aux victimes ».
La même source fait aussi observer que « les avocats du prélat soulignent que des deux anciens servants d’autel qui, selon l’accusation, auraient été molestés par le cardinal, un seul a témoigné au procès, mais son identité a été tenue secrète par les enquêteurs », et que le second « est décédé d’une overdose en 2014 ».
Pour ce qui est du second procès dans lequel le cardinal Pell était impliqué, il n’aura pas lieu pour « faute de preuves »:  il concernait d’autres accusations selon lesquelles le cardinal aurait abusé de garçons dans les années 70.
Pour le procès en appel, le cardinal Pell « ne sera pas entendu par un jury mais par un collège de trois magistrats », précise toujours Vatican News qui ajoute: « En clair, le dossier reste ouvert et le chapitre procédural ne sera complété qu’après examen du recours et l’annonce d’une décision. »
 
 
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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