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Amoris laetitia : la morale recentrée, de la loi à la personne

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Nouveau livre de Mgr Marcello Semeraro

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La doctrine exposée dans l’exhortation apostolique Amoris laetitia « est le fruit d’un recentrement heureux de la morale, de la loi sur la personne ». C’est ce qu’écrit Mgr Marcello Semeraro, évêque d’Albano (Italie) et secrétaire du Conseil des cardinaux (C9), dans son nouveau livre intitulé : « L’œil et la lampe. Le discernement dans Amoris laetitia » (L’occhio e la lampada. Il discernimento in Amoris laetitia, Éd. Dehonienne).
Dans des extraits publiés par l’agence catholique italienne SIR, étudiant le thème de l’accès aux sacrements de Familiaris consortio (Jean-Paul II) à Amoris laetitia, Mgr Semeraro souligne « qu’Amoris laetitia n’admet pas du tout aux sacrements et, en particulier, à l’Eucharistie, ‘les divorcés remariés’. Le pape ne parle pas de ‘catégories’, mais de personnes !’
« La doctrine exposée dans l’exhortation, en somme, est le fruit d’un recentrement heureux de la morale de la loi sur la personne », par « le chemin du discernement ».
De Familiaris consortio à Amoris laetitia
Si Familiaris consortio redit « sa pratique, fondée sur la Sainte Écriture, de ne pas admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés » (84), cependant, note Mgr Semeraro, le document « ouvre à la possibilité d’une dérogation à l’obligation de la séparation » et « la possible réception des sacrements » sur la base de trois éléments : « repentir, sérieux des motifs qui empêchent d’interrompre la cohabitation et disponibilité à vivre dans la continence ».
« Familiaris consortio ne considère pas pouvoir aller au-delà », poursuit Mgr Semeraro. En somme, « la voie indiquée est une voie objectivement ‘en montée’… mais, surtout avec le soutien de la grâce, elle n’est pas impossible ».
De même, Amoris laetitia entend « ne pas livrer à eux-mêmes ceux qui – déjà unis dans les liens du sacrement de mariage – ont voulu passer à d’autres noces ». Néanmoins, explique l’évêque, « elle ne le fait pas en se situant du côté de l’objectivité, mais plutôt du côté subjectif des personnes impliquées » et elle le fait sur la base du principe des trois conditions du péché mortel : un péché « qui a pour objet une matière grave, et qui est commis en pleine conscience et de propos délibéré » (Catéchisme de l’Église catholique n.1857).
Ainsi Amoris laetitia affirme : « il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église » (n.305)
« Cette aide peut comprendre aussi cette aide des sacrements dont parle la note 351, précise le secrétaire du C9 : une aide à offrir à ces éventuelles personnes baptisées qui, tout en étant objectivement dans une situation de péché, dans le contexte d’un processus approprié de discernement, n’en portent la responsabilité et le poids qu’en partie, sinon en rien ».
Le discernement et les stades intermédiaires
Mgr Semeraro insiste sur « l’effet restrictif de l’expression : dans certains cas ! ». Il invite aussi à ne pas « éluder l’affirmation, ni la contourner en plantant autour une haie telle qu’elle la rende de fait inapplicable ». « Dans son principe, estime-t-il, elle tire les conséquences dues du fait que ‘le discernement peut reconnaître que, dans une situation particulière, il n’y a pas de faute grave’ (note 336) ».
Le discernement, poursuit-il, « s’inspire du double critère : du ‘bien possible’ et de la ‘gradualité’. Le premier n’est pas un bien impur, ou indigne … mais il regarde le bien effectivement réalisable par chacun ; le second est le critère qui, dans l’impossibilité d’accomplir tout le bien commandé par la norme, ouvre des voies de rapprochement progressif ».
« Cela veut dire que les nécessaires stades intermédiaires, bien qu’encore marqués par le déficit et par le désordre, doivent être considérés comme des étapes de rapprochement de la plénitude du bien », souligne encore Mgr Semeraro.
« Il est nécessaire de répéter une dernière chose, conclut-il : tout le processus du discernement dont on a parlé et qui, éventuellement (et non nécessairement), conduit à l’accès aux sacrements se déroule dans le for interne sacramentel. Une telle solution n’est en rien identique à la simple ‘décision en conscience’ qui concerne exclusivement la personne individuelle devant Dieu ».
Ni « privatisation indue de l’accès à l’Eucharistie », ni « dualisme entre objectivité doctrinale et subjectivité morale » : « ce qui se passe dans le ‘for interne sacramentel’ est un véritable processus qui se déroule dans le cadre sacramentel (sacrement de la pénitence) qui voit impliqués un fidèle et un ministre autorisé de l’Église ».
Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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