Cardinal Ernest SIMONI © L'Osservatore Romano

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Albanie: "Je n’ai jamais haï mes bourreaux", témoigne le card. Simoni

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Désireux de « diffuser l’amour de Jésus », il prend possession de sa diaconie à Rome

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« Je n’ai jamais haï mes bourreaux ». C’est le témoignage du cardinal Ernest Simoni, prêtre albanais qui a été torturé et a fait 17 ans de prison, puis 9 ans de travaux forcés sous la dictature communiste. Dans L’Osservatore Romano du 12 février 2017, il exprime son engagement à « diffuser l’amour de Jésus et proclamer le salut qui ne vient que de lui ».

Le pape avait créé la surprise en décidant de remettre la pourpre cardinalice au père Simoni, dont le témoignage l’avait ému aux larmes lors de son voyage à Tirana en 2014. En lui remettant ses insignes cardinalices le 19 novembre 2016, le pape a baisé les mains du vieux prêtre de 88 ans, en signe d’estime.

Le second cardinal dans l’histoire du pays des Aigles, après Mikel Koliqi – lui aussi emprisonné par le régime pendant 36 ans – a concélébré la messe à Sainte Marthe avec le pape François au matin du 11 février. Dans l’après-midi, il a pris possession de sa « diaconie » – église de Rome attribuée aux cardinaux – de Santa Maria della Scala.

A l’occasion de son passage à Rome, il évoque la période de la persécution dans les pages du quotidien du Vatican : « J’ai été arrêté le 24 décembre 1963, la nuit de Noël, pendant la célébration de la messe dans l’église de Barbullush. On m’a condamné à 18 ans de prison avec ce motif : ‘agitation et propagande’. J’ai purgé la peine dans les prisons de Rubik, Vlorë, Laç et Elbasan, puis dix ans dans la prison de Spaç, où je travaillais dans les mines ».

Il se souvient de deux moments particulièrement durs : une période où il fut enchaîné, quasiment mourant ; puis de fausses accusations qui l’ont désigné comme fomentateur d’une révolte en 1973 dans la prison de Spa. « J’ai été moi aussi condamné à être fusillé avec douze autres détenus (…). Mais la ‘sigurimi’, la police secrète, avait filmé toutes les phases de la révolte et on a ainsi reconnu mon innocence ».

« Je suis parvenu à surmonter (la persécution) avec l’aide de la grâce du Seigneur en laquelle je me suis confié, ajoute-t-il. Tout s’est passé en priant, en espérant et en cherchant à arriver au bout avec la force qui vient de l’amour de Dieu. Je n’ai jamais haï mes bourreaux ».

Diffuser l’amour de Jésus

« Après 1990 et le retour à la liberté, j’ai rendu service dans les paroisses de Barbullush et de Trush, à Fushë Arrëz et là où les fidèles m’appelaient », poursuit le cardinal Simoni. Et d’assurer : « Je continuerai à servir le peuple de Dieu comme je l’ai toujours fait pour diffuser l’amour de Jésus et proclamer le salut qui ne vient que de lui. (…) Je suis disponible partout où l’on m’invite pour célébrer et donner des conseils pour que tous se rapprochent de Jésus. Je recommande toujours la récitation du rosaire à la Vierge Marie qui veut sauver le monde ».

Il considère son cardinalat comme un « don spirituel qui (lui) a été fait pour le bien de l’Église et des hommes » : « Je prie beaucoup pour pouvoir continuer cette mission au service du peuple de Dieu ».

Le cardinal Simoni rend hommage au pape argentin : « Tous les papes sont grands, mais François a un cœur plein d’amour pour les pauvres et ceux qui souffrent. Il voit Jésus en eux. Il veut porter à tous la paix et la grâce divine et témoigner que Jésus seul est le salut des hommes ».

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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